Pourquoi les Bucks peuvent gagner et toujours avoir les mêmes problèmes avec Giannis Antetokounmpo

Qu'ils passent ou qu'ils sortent contre les Nets, les lacunes de Giannis Antetokounmpo et des Milwaukee Bucks resteront les mêmes.

Pourquoi les Bucks peuvent gagner et toujours avoir les mêmes problèmes avec Giannis Antetokounmpo
Giannis Antetokounmpo et les Milwaukee Bucks sont en bonne position pour prendre un avantage important au moment d’affronter les Brooklyn Nets lors d’un Game 5 souvent crucial quand une série est au point mort. La dynamique joue en leur faveur après deux victoires de suite. Encore plus maintenant que James Harden et Kyrie Irving sont d’ores-et-déjà indisponibles pour le duel de ce soir et peut-être même le reste des demi-finales de Conférence. Nets : Le Big 3 de la mort devient un Big 1 au pire moment de la saison Oui, la franchise du Wisconsin va peut-être passer. Mais elle aura sans doute aussi toujours les mêmes problèmes au bout du compte. Notamment en attaque. Les Bucks ne marquent que 106 points sur 100 possessions depuis le début des playoffs, à peine mieux que les trois plus mauvaises équipes de la ligue pendant la saison régulière. Une statistique qui descend à 97 points contre les Nets, pourtant classés parmi les dix défenses les plus poreuses de la NBA en 2021. Certains rappelleront à raison qu’un titre se gagne d’abord en défense et que les joueurs de Mike Budenholzer excellent dans ce domaine. Soit. Mais un titre se gagne surtout avec du « fire power », à savoir une ou plusieurs superstars capables de faire la différence seules quand la situation l’exige. Les Bucks ont une vraie superstar en la personne de Giannis Antetokounmpo. Les Nets en ont trois, les Clippers et les Suns en ont deux, le Jazz une plus une autre au profil atypique tandis que les Sixers et les Hawks en ont une aussi. La pression est donc sur les épaules du Grec, censé délivrer les siens pour enfin les mener au Graal. Il le sait. Et c’est peut-être justement ça le problème. Comparé à LeBron James au début de sa carrière, le double-MVP se comporte comme un joueur qu’il n’est pas. Il essaye de faire la différence en héros, mais sans utiliser les bons super pouvoirs. Il veut s’isoler et provoquer ses défenseurs pour les battre en tête-à-tête. Sur les deux premiers matches de la série, il pointait à 19 isolations sur 100 possessions contre moins de 14 en saison régulière.

Giannis Antetokounmpo cherche à devenir un joueur qu'il ne peut pas être

Avec son statut, Antetokounmpo peut se permettre de réclamer une telle implication. Mais le constat fait tâche : ses attaques en solo ne rapportent que 0,78 point (par possession) depuis le début des playoffs alors que seuls Jayson Tatum, James Harden, Luka Doncic et Damian Lillard en jouent plus que lui. Quatre solistes qui savent faire la différence avec tout un arsenal de moves et de tirs différents. La star des Bucks ne fait pas partie de ce monde. Ça ne veut pas dire que le « Greek Freak » n’est pas talentueux. Une idée un peu trop commune consiste à la qualifier de phénomène athlétique sans aucune technique. La première caractéristique est vraie, la seconde beaucoup moins. Il dispose dans sa panoplie de gestes dignes d’un vrai basketteur : un sky hook, un spin move, un très bon jeu de jambes, des flotteurs et une adresse très intéressante à mi-distance (à titre de comparaison, ça fait deux ans qu’il est plus adroit qu’Anthony Davis et bien d’autres à quatre-cinq mètres du cercle). Sauf que ce sont des skills d’un intérieur ou d’un finisseur près du panier. Et il ne le prend pas toujours en compte. Contre Brooklyn, il a tenté des fadeaways. Des pull-up en sortie de dribbles. Des step-backs. Et un paquet de tirs à trois-points. Il en prend presque 5 par match en playoffs, pour une réussite abyssale de 13%. Mais pourquoi est-ce qu’il s’entête encore à le faire ? Ses isolations font peine à voir à chaque fois qu’il les démarre trop loin du panier. Il vaut mieux qu’il ne pose pas trop de dribbles. Un bon un-contre-un est un un-contre-un au cours duquel il n’a pas besoin de dribbler plus de deux fois. Ses longues jambes, ses longs, sa puissance et son touché peuvent faire le reste. Mais ça, ça revient au coach ET AU JOUEUR de s’en rendre compte. Giannis Antetokounmpo est, une fois de plus, assez mal utilisé. Cela fait des années que des voix s’élèvent pour réclamer à ce qu’il soit plus employé dans un rôle de pivot – comme Anthony Davis, pour reprendre la comparaison avec les Los Angeles Lakers – et non comme LBJ. Même en ayant un potentiel offensif moins développé.

Les limites des Milwaukee Bucks

Les Bucks le font. Ils essayent de pousser leur star à poser des écrans. Mais ça ne marche pas non plus. Déjà parce qu’il doit apprendre un nouveau rôle sur le tard après avoir essayé pendant des années de devenir un joueur qu’il ne peut sans doute pas être. Ensuite parce que les Nets se contentent de reculer et incitent fortement Jrue Holiday et Khris Middleton à prendre leurs chances à mi-distance. Les deux lieutenants sont de très bons basketteurs. Middleton est même un vrai All-Star confirmé. Mais il arrive un moment où ça cale. Un certain niveau de la compétition où ça ne suffit plus. Une question d’enjeu, de défense de mieux en mieux organisé ou juste, quelque part, de talent. Antetokounmpo a probablement besoin de jouer avec un créateur ou un scoreur d’élite. Comme Shaquille O’Neal. Comme AD. Les dirigeants de Milwaukee ont mis du temps avant de le chercher. Peut-être parce qu’ils penseraient que leur joyau serait cette superstar en question. Ce qui serait alors une erreur d’appréciation – même si facile à formuler après coup. C’est déjà très fort de leur part de pouvoir compter sur Middleton, qui a grandi en même temps qu’Antetokounmpo, et maintenant Holiday. Ils pointent à peine à 43% de réussite sur ces playoffs. Avec même un vilain 25% à trois-points pour Holiday. Les Bucks vont peut-être passer mais leurs lacunes resteront les mêmes et leurs adversaires se tiennent prêts à les exploiter. Après, peut-être que c’est justement l’obstacle Brooklyn qui est le plus dur à surmonter. Peut-être que leurs défauts structurels sauteront moins aux yeux contre Philadelphie, Atlanta, Los Angeles, Phoenix ou Utah. Et s’ils gagnent ne serait-ce qu’une bague, peu importe s’ils vivent et meurent avec le même problème pendant les cinq ans à venir.