« Je voulais que le jeu redevienne fun. Je trouvais que le jeu stagnait. Je voulais aller à la salle et retrouver du plaisir à coacher. C'est pour ça que je suis revenu à l'école Dean Smith », s'est-il questionné en 1991 après avoir quitté les Albany Patroons, équipe de CBA.L'école Dean Smith, il l'a apprise en jouant pour le légendaire coach de North Carolina au début des années 70. Et la philosophie de jeu prônée par Smith est similaire à celle qu'a adopté George Karl depuis ses débuts. Favoriser la contre-attaque et le jeu rapide en alliant une défense agressive, utilisant beaucoup de prises à deux. Avec cette façon de jouer, Karl menait les Sonics à la finale NBA en 1996.
« A Seattle, on faisait énormément de prises à deux. Les gens disaient qu'on pourrait même trapper un distributeur de boissons. »Avec ou sans succès, Karl s'est toujours accroché à sa façon de voir les choses. Même lorsqu'on lui jette en pleine figure qu'on ne gagne pas de titres sans superstar (Detroit en 2004 étant l'exception qui confirme la règle), le coach des Nuggets continue de croire en ses chances. Et cette année, avec 57 victoires et une 3ème place surprise, il est en lice pour décrocher le premier trophée de coach de l'année de sa carrière.
« Pourquoi devrions-nous jouer comme tout le monde et ne pas gagner ? Je pense qu'avec le temps, le jeu se rapprochera de notre façon de jouer. On s'éloignera de ce jeu en isolation. »Il est tant attaché à ce style de jeu qu'il choisirait plutôt la défaite avec ses convictions que la victoire avec une façon de jouer impropre à sa personne. La plupart des coaches estime qu'il faut ralentir le jeu en playoffs. Mais Karl voit les choses autrement.
« Jouer vite offensivement vous permet de mettre l'accent sur la défense parce que vous leur laissez (aux joueurs) beaucoup de libertés en attaque. Et les coaches n'aiment pas donner beaucoup de liberté en attaque. On m'a dit qu'on ne pouvez pas coacher de façon intense des deux côtés du terrain. Votre équipe va finir par savoir quel côté vous préférez. Mais quand vous jouez vite, vous dîtes à vos joueurs 'Je vous laisse ce côté du terrain mais vous allez obéir à mes consignes en défense'. Pour autant, vous pouvez apprendre à vos joueurs ce qu'est un bon shoot. »Symbole de cette liberté de jeu chère à l'ex-joueur de San Antonio, il n'est pas friand de stats et d'analyses jusqu'au-boutiste comme les observateurs ou les scouts NBA ont l'habitude de produire.
« Je préfère garder de la simplicité. Nous avons allongé les entretiens vidéo mais demain soir (interview réalisée avant le premier match contre Golden State ndlr) nous ne changerons pas les concepts. Nous avons des priorités, comme à chaque match. »Il confiait avoir peur de Stephen Curry avant cette première rencontre entre les deux équipes. Il avait bien raison. Ses principes et ses valeurs n'ont jamais récompensé d'un titre. Il s'en est approché. Mais il aura au moins glané le respect dans cette ligue et perpétue une tradition de jeu. Quand on a vaincu deux fois le cancer, la vie prime sur la victoire.
« L'opportunité d'évoluer dans le milieu du basket et de pouvoir me rendre à la salle est un cadeau que je vénère. C'est un privilège de se réveiller tous les matins et d'aller entraîner puis coacher un jeu qui m'a toujours transcendé. »