… vit le basket comme s’il en crevait
La rigueur, le travail, la science. Des atouts caractéristiques d’un profil très scolaire. Souvent l’assurance d’une carrière solide, que ce soit dans le sport ou dans tout autre domaine. Mais il ne faut pas confondre humilité et manque d’ambition. Il a beau être calme et modeste, Frank Ntilikina est déterminé à réussir. A devenir lui aussi l’un des plus grands. Et un autre aspect de sa personnalité laisse penser qu’il en a le potentiel. Un autre contraste : appliqué et minutieux, il n’en demeure pas moins fougueux.« Il a aussi une grosse part de créativité. C’est un véritable compétiteur. C’est un mec qui a faim. C’est un mec qui est passionné. Ce côté joueur, il se retrouve dans la vie de tous les jours », insiste son agent.
« Le challenge, ça me plaît. C’est ce qui m’aide aussi sur le terrain. Je me dis que je dois réussir. Quand t’as un gars qui veut te jouer en un-contre-un, par exemple. Surtout quand t’es censé être un jeune. J’aime bien quand le coach me fait défendre sur un gros joueur. C’est quelque chose d’exaltant, ça me motive et ça me donne envie de remporter le duel. »
Un goût pour le défi qui anime l’une de ses plus grandes qualités en tant que prospect NBA. Ça a été dit et redit : il a les atouts physiques pour défendre sur plusieurs postes, même dans la plus grande ligue du monde. Mais il n’est pas le seul à les avoir. La différence, elle est dans sa tête. Il refuse de se faire marcher dessus. Il doit maintenant apprendre à prendre pleinement le dessus sur ses adversaires directs de l’autre côté du parquet.« Les scouts se sont aperçus qu’il avait un léger déficit d’agressivité, mais il est en train de régler ça », nous révélait Vincent Collet en janvier dernier (cf. REVERSE #60).
Être plus tranchant, c’est la prochaine étape. Et il est déjà en plein dedans.« En ce moment, je travaille plus l’agressivité, les drives, les finitions, l’explosivité. Il faut savoir faire la différence. Je bosse depuis le début de saison et je sens un réel progrès sur cet aspect-là, donc c’est motivant. Ça me permet de m’illustrer dans les matches et même à l’entraînement. Quand on voit que le travail paye, on continue et on essaye d’aller chercher encore plus loin. »
Tous les moyens sont bons pour franchir ce cap. Son passé d’étudiant méticuleux se mêle à sa préparation. Il regarde des matches. Il analyse les attitudes des meilleurs joueurs à son poste. Les Stephen Curry, les Kyrie Irving et surtout Russell Westbrook, un joueur qu’il adore, bien que leurs profils soient différents.« C’est toujours intéressant d’être capable d’aller jouer les actions avec beaucoup d’agressivité comme il le fait. Voir autre chose pour essayer de devenir meilleur. »
Ce feu, il est déjà en lui. « Je sens que ça vient », admet celui qui a battu plusieurs fois son propre record de points au cours des derniers mois. Il a flirté plusieurs fois avec la barre des 15 pions, en coupe d’Europe comme en championnat. Surtout depuis son retour de l’EuroBasket U18 en Turquie, où il a tout simplement été monstrueux en décembre dernier. 23 points, 9 passes et 5 interceptions en demi-finale. Puis 31 points pour arracher l’Or tout en raflant le titre de MVP. De quoi le booster. Car tout est une question de confiance. Pas la sienne, il croit en lui dur comme fer. Mais celle des autres. Il n’a pas besoin d’être poussé, mais de sentir que ses coéquipiers et ses coaches croient en lui. Il veut d’abord gagner leur respect. A ce moment-là, s’imposer comme un leader se fait naturellement.« Frank Ntilikina n’a pas de limite. Il a tout : la taille, les qualités athlétiques, le dribble, le shoot. J’essaye juste de lui donner ce petit coup de pouce, cette confiance pour qu’il puisse devenir le joueur qu’il veut être », résumait Romeo Travis dans les colonnes du New York Times.
Si vous deviez choisir un homme pour relever le pays, vers quelles valeurs vous tourneriez-vous ? C’est une question que les Français ont eu récemment à se poser. Le travail ? La jeunesse ? La famille ? Et si vous deviez choisir un joueur pour relancer l’équipe de France ? C’est un sujet sur lequel Vincent Collet va bientôt devoir se pencher. Quel est le futur leader idéal ? Un jeune joueur au fort potentiel. Talentueux. Humble. Travailleur. Respectueux. Si vous devez choisir quelqu’un pour gouverner un état ou une sélection, choisissez quelqu’un qui veut réussir autant qu’il veut voir les siens réussir. Quelqu’un qui veut réussir autant qu’il veut survivre. Respirer. Nous, on voterait Frank Ntilikina sans hésiter. Si l’avenir est à nous, c’est surtout parce que l’avenir est à lui. Ce portrait de Frank Ntilikina est extrait du numéro 62 de REVERSE [product id="386225" sku=""]