L’équipe de France peut prendre de haut ses adversaires. Littéralement. En effet, les tricolores disposent de quelques géants qui planent au-dessus des raquettes. Il y a bien sûr les 216 centimètres de Rudy Gobert, triple lauréat du trophée de meilleur défenseur en NBA (2018, 2019 et 2021), mais aussi les 2,18 mètres de sa doublure, Moustapha Fall. Ou encore les « sept pieds » (2,13 mètres) de Vincent Poirier si jamais le pivot du Real Madrid venait à remplacer Matthias Lessort, encore incertain pour la Coupe du Monde qui démarre le 25 août prochain.
Autant de points de fixation intéressants pour les hommes de Vincent Collet. Mettre la balle à l’intérieur est l’un des fondamentaux du basket. Pas seulement pour marquer de près mais aussi simplement pour renverser le jeu ensuite. Les meilleurs tirs à trois-points sont ceux qui sont pris après une passe venant de la raquette jusqu’à derrière l’arc. Et ça, les Bleus le maîtrisent de plus en plus en profitant notamment des prises-à-deux sur Gobert.
Le pivot All-Star des Minnesota Timberwolves n’est certainement pas l’attaquant le plus menaçant dos au panier – ses moves ont fait le tour de la toile à l’Euro, pas forcément pour les bonnes raisons – mais c’est un bon passeur pour sa taille. Un roc difficile à remuer sur pick-and-roll et une cible pour des passes lobées ou à terre quand il roule après avoir posé un écran. Tout un bagage technique dont il dispose et qu’il exploite en équipe de France. C’est d’ailleurs lui qui a terminé meilleur marqueur du match contre le Japon (16 points).
Il y a d’ailleurs eu quelques très belles séquences de jeu conclues à l’intérieur, parfois même à l’issue d’un échange de passes entre deux grands. Les principes collectifs des tricolores semblent plus solides qu’il y a un an, quand ils avaient finalement atteint la finale de l’Eurobasket avant de s’incliner contre l’Espagne. La taille et les qualités athlétiques de l’effectif sont mis au service du jeu offensif et évidemment défensif.
Les Bleus sont grands, et pas seulement dans la peinture. Evan Fournier et Nicolas Batum dépassent le double-mètre. Nando De Colo et Isaïa Cordinier sont des guards aux dimensions supérieures à celles de leur position, au moins en FIBA. Ça permet à cette EDF de maintenir une pression sur ses vis-à-vis en défense. Elle est difficile à agresser, un peu à l’instar du Oklahoma City Thunder à une certaine époque pour faire un parallèle avec la NBA. Ce sera clairement l’une des forces françaises sur ce tournoi.
Un avantage de taille et… paradoxalement parfois une faiblesse. Parce que malgré leurs centimètres en plus, les joueurs de Vincent Collet se font encore trop souvent avoir aux rebonds. Même contre les Japonais, pourtant nettement plus petits mais tout de même auteur de 14 prises offensives jeudi.
« Les Japonais shootent de loin et les ballons peuvent ressortir loin du cercle, certes. Mais si certains rebonds qui nous échappent sont dus à leur manière de jouer, d'autres le sont seulement au fait que certains de nos extérieurs ne sont pas assez vigilants. Je ne vais pas les citer, mais certains sont assez coutumiers du fait. Or, c'est d'abord une responsabilité individuelle. Il suffit qu'il y en ait un qui oublie pour punir toute l'équipe. Ce n'est pas une question de niveau de l'adversaire, mais de respect des fondamentaux », soulignait Vincent Collet à L’Equipe après la rencontre.
Les Bleus ont déjà laissé filer 78 rebonds offensifs en 6 matches de préparation. C’est évidemment beaucoup trop. « Contre de plus grosses nations, on ne pourra pas se permettre de laisser autant de ballons. On peut perdre à cause de ça », remarque Sylvain Francisco. Vu le potentiel de cette équipe de France, ce sera vraiment dommage. Elle aura l’occasion de rattraper le tir sur cet aspect précis lors de son dernier match de préparation contre l’Australie, un gros client, dimanche.
Crédit : Photo par Slau Prod