Cette saison a été marquée par d’immenses performances et, en conséquence, de la sensation que la NBA est plus que jamais portée sur l’attaque. Les chiffres, témoins plus objectifs quand il s’agit de juger de si gros volumes, confirment cette impression. Le scoring ne cesse d’avancer dans la ligue nord-américaine et a fait un grand bond en avant cette année.
L’explosion des performances individuelles
Entre les 71 points de Donovan Mitchell et de Damian Lillard, ou le triple double à 60 points de Luka Doncic, l’exercice passé a été le lieu de multiples exploits. Ils ont été si nombreux que l’on s’est parfois demandé si la NBA n’était pas entrée dans une nouvelle ère. Ce qui est certain, c’est qu’elle n’avait jamais vu autant de cartons lors des 10 dernières années.
En 2022-2023, la ligue a enregistré 25 performances à 50 points ou plus, un record depuis l’époque du monstre sacré Wilt Chamberlain. Cette explosion ne date cependant pas d’hier, on peut situer l’émergence de ce phénomène en 2018-2019, avec 22 matches à 50+ unités, contre 13 l’année précédente. En théorie, si l’exercice 2019-2020 — tronquée en raison de l’épidémie de COVID-19 — s’était étendue sur 82 rencontres, elle aurait même pu dépasser les 25.
Ce qui procure la sensation d’assister à une véritable détonation sur la saison qui vient de s’achever en particulier, c’est ce qui se cache un peu en dessous. Le nombre de performances au-dessus de la barre des 40 ou des 30 points a grimpé en flèche.
Au total, la NBA compte 203 matches à 40+ points sur l’exercice. En comparaison, ce chiffre était de 119 en 2021-2022 et de 59 il y a 10 ans. En ce qui concerne les sorties au-dessus de la barre des 30, on en recense 1128 en 2022-2023. C’est beaucoup plus que l’année dernière (886) et plus du double du total de la saison 2013-2014 (534).
C’est factuel et limpide : il n’y a jamais eu tant de performances individuelles dans la ligue. Six joueurs dépassent d'ailleurs les 30 points de moyenne sur la saison, à égalité avec le record All-Time fixé en 1961-1962 :
- Joel Embiid : 33,1 PTS
- Luka Doncic : 32,4 PTS
- Damian Lillard : 32,2 PTS
- Shai Gilgeous-Alexander : 31,4 PTS
- Giannis Antetokounmpo : 31,1 PTS
- Jayson Tatum : 30,1 PTS
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La croissance constante du scoring en NBA
Aujourd’hui, une équipe marque en moyenne 114,7 points par match. C’est un record depuis la saison 1969-1970, où le rythme effréné du jeu permettait de prendre bien plus de tirs. En 2023, ce n’est plus une affaire de vitesse, mais d’efficacité.
Ce nouvel n’exercice n’est que le 20e en termes de Pace (estimation du nombre de possessions sur 48 minutes) depuis que cette statistique est calculée (1973-1974). Elle marque en revanche un pic en matière d’Offensive Rating (nombre de points scorés sur 100 possessions), qui quantifie l’efficacité offensive d’une équipe.
Avec un ratio de 114,8, on peut donc dire que les attaques n’ont jamais été aussi létales. Ce constat s’étend d’ailleurs sur plusieurs années, puisque les sept Offensive Ratings les plus élevés de l’Histoire ont été enregistrés sur les sept dernières saisons.
Le constat est clair, mais l’explication est plus alambiquée. Est-ce uniquement le fait de l’attaque ou est-ce plutôt un problème de défense ? La réponse n’est jamais aussi simple.
Des tirs moins contestés
À chaque coup d’éclat, l’intensité défensive de la compétition a systématiquement été remise en cause. C’est certain : l’opposition n’est plus aussi violente que dans les années 90, époque du « hand checking » et des « Jordan Rules ». Pour autant, la proportion de tirs contestés n’a pas vraiment bougé sur les 10 dernières années.
48 % des tirs sont contestés d’après la définition de la ligue, qui juge qu’un tir est « ouvert » en l’absence d’un adversaire dans un rayon de 4 pieds (1,3 m). Ce pourcentage est toujours resté entre 45 % (2017-2018) et 49 % (2014-2015 et 2018-2019) depuis l’exercice 2013-2014.
Au microscope, en découpant ce périmètre en deux, on observe toutefois une évolution plus subtile : les défenseurs s’éloignent un petit peu plus chaque année. En 2013-2014, une équipe prenait en moyenne 17 % de ses tirs avec un adversaire à moins de 2 pieds (61 cm), contre 7 % en 2022-2023. Si la proportion de tirs contestés reste la même, le degré de contestation, lui, a changé.
Il faut bien sûr prendre ces données avec des pincettes, dans la mesure où les notions de « tir contesté » et de « tir ouvert » restent subjectives, situationnelles et ne peuvent pas se résumer à la proximité d’un adversaire. Il est également impossible de déterminer l’intensité de la défense sur ces shots avec les chiffres sur lesquels nous pouvons nous appuyer à l’heure actuelle.
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Une révolution toujours en cours
Cette statistique peut néanmoins s’expliquer par l’augmentation du nombre de transitions et du total de tirs à trois points. De manière générale, chaque équipe dispose de quatre à cinq joueurs capables de shooter sur le terrain. Le spacing qui en résulte permet d’obtenir des tirs moins contestés, mais aussi de meilleure qualité.
La révolution n’est pas encore terminée et, si les moyennes stagnent depuis 2020-2021, on prend aujourd’hui près de 10 tirs extérieurs de plus que 10 ans plus tôt (34,2 en 2022-2023, contre 21,5 en 2013-2014). Pendant ce temps, le taux de réussite se maintient au même niveau, ce qui explique partiellement que l’on marque maintenant plus de points.
Il nous est impossible de dire si les équipes NBA défendent moins bien de nos jours, bien qu’on le constate tout de même à vue d’œil en saison régulière. On peut au moins affirmer que les défenseurs ont une plus grande zone à couvrir et un plus grand nombre d’adversaires à surveiller. L’attaque est plus optimisée et efficace que jamais, ce qui explique cette hausse de points dans la ligue.