Voilà plus de deux semaines qu’Evan Fournier n’est pas entré en jeu. Il n’a plus joué depuis le 13 novembre dernier et le voilà complètement mis au placard par Tom Thibodeau. Même quand les New York Knicks marchent sur leurs adversaires, comme la nuit dernière contre les Detroit Pistons (140-110), le natif Du Val-de-Marne reste scotché sur le banc pendant que des Ryan Arcidiacono, Svi Mykhailiuk, Miles McBride ou encore Jericho Simons voient le terrain.
Le capitaine de l’équipe de France ne souhaite de toute façon sans doute pas se contenter du « garbage time » mais c’est fou à quel point il semble aujourd’hui mis à l’écart par son coach, comme s’il n’existait plus à ses yeux une fois l’entre-deux donné. Une situation douloureuse, sans doute la plus difficile à vivre depuis son arrivée en NBA, qu’il racontait à Melvin Karsenti de Basket USA. Extraits.
« En vrai, je n’ai pas grand-chose à dire… Il faudrait lui demander [à Thibodeau] », répond l’intéressé quand il est sondé sur la décision de son entraîneur. « Après quand tu regardes les minutes des sept premiers matchs, tu vois quand même que je ne jouais déjà pas beaucoup. J’étais dans le cinq mais je ne jouais pas beaucoup… Donc, c’est vrai que ça pouvait laisser penser à un futur changement. Après, tout s’est passé très vite : au septième match, je sors du cinq et là au treizième match, je suis hors de la rotation… C’est vrai que… c’est arrivé super vite. »
« (…) Si dans un mois, rien ne change, je vais commencer à me poser des questions. Pour l’instant, j’essaie de rester concentré sur ce que j’ai à faire…. Je viens juste d’avoir 30 ans, je suis dans mes meilleures années, je suis en pleine forme donc… il faut que je joue. »
L’interview date du 19 novembre dernier. 11 jours plus tard, Evan Fournier est donc toujours au placard. Qu’il ait perdu sa place de titulaire, soit. Déjà avant le début de la saison, la montée en puissance prévisible du jeune Quentin Grimes laissait penser que le Français finirait par sortir du banc. Pour nous, c’est même potentiellement son rôle idéal – même si ça ne veut pas dire qu’il n’est pas assez fort pour jouer starter en NBA – mais pas aux Knicks. Plutôt dans une équipe ambitieuse comme les Los Angeles Clippers ou les Toronto Raptors.
Quel est le rôle et l’équipe idéale pour Evan Fournier en NBA ?
Thibodeau a voulu faire de Fournier un spot-up shooteur alors que le joueur de 30 ans est d’abord un slasher. Le pire, c’est que ce dernier s’est plutôt bien adapté : il affiche un très joli 38% de réussite derrière l’arc depuis son arrivée à Manhattan. Ses lacunes défensives, en revanche, handicapent un peu plus l’équipe. Et s’il ne peut pas développer ses vraies qualités en attaque, il devient effectivement un basketteur moins intéressant.
Les Knicks affichaient un différentiel de -8,8 sur 100 possessions quand il jouait. Mais ce n’est même pas comme s’ils faisaient mieux en défense depuis ! New York encaisse toujours autant de points (autour des 115). En revanche, les Knicks marchent beaucoup mieux en attaque. Sauf qu’Evan Fournier pourrait au moins servir en sortie de banc. Une équipe n’a jamais assez de playmakers. Il peut tout à fait s’intégrer dans le deuxième cinq.
Mais non, Thibodeau se contente juste de le laisser complètement à l’écart parce qu’il ne « sait » pas comment l’utiliser. Il avait fait exactement la même chose avec Kemba Walker l’an passé. Puis le meneur était revenu dans la rotation, claquant notamment 29, 21 et 44 points lors des trois premiers matches à son retour. Puis il est à nouveau sorti de la rotation un peu plus tard.
Cette gestion est difficilement compréhensible. Surtout que ça fait baisser la valeur marchande de Fournier, gros candidat à un transfert en cours de saison. Bref, Tom Thibodeau a ses qualités et ses défauts mais la manière dont il éteint certains de ses joueurs reste un sacré mystère.