Il a beau être tard à l'heure où nous retranscrivons ces lignes, Evan Fournier ne dort probablement pas non plus lui-même. Après un match aussi frustrant que celui-là - durant lequel il aura dû ronger son frein pendant toute la première mi-temps à cause des fautes avant d'exploser en seconde (21 pts à 8/11 aux tirs, 3 rbds et 3 pds en 34 min, au final)-, on le sentait toujours à cran, de longues minutes après le coup sifflet final, celui de la prolongation. Il faut dire que perdre un match de cette manière quand on avait autant d'occasions de le saisir, c'est énervant. Pourtant, il a volontiers accepté de répondre aux questions du petit groupe de journalistes français restés dans la salle pour s'entretenir avec lui (nous-mêmes, ainsi que nos confrères de Mondial Basket et de l'Equipe). "Il va falloir qu'on trouve des solutions et vite", nous avait-ils confié quelques minutes plus tôt en sale de presse. Pour l'instant, son équipe et lui sont toujours en train de chercher...
REVERSE : Tu n'as joué que 5 minutes en première mi-temps à cause de tes trois fautes mais tu as quand même fait une super deuxième période. Tu t'es dit que tu n'avais plus rien à perdre ? Evan Fournier : Non, pas du tout, j'avais beaucoup à perdre puisque j'aurais pu faire cinq fautes. Je suis resté agressif et concentré et ça m'a permis de me remettre dedans, mais bon, on a perdu.
REVERSE : On avait deux équipes de playoffs ce soir, c'était très engagé. EF : Ouais, de toute façon, à l'Est il y a dix équipes de playoffs. On s'est battu, mais je pense qu'on peut avoir des regrets sur notre première mi-temps parce qu'on se goure un peu. On fait beaucoup de fautes, on leur fait trop de cadeaux et c'est ça qui nous a fait perdre.[superquote pos="d"]"On ne peut pas attendre une mi-temps entière avant de commencer à défendre. C'est inacceptable"[/superquote]
REVERSE : Tout ce qui a entouré le match depuis deux jours, ça vous a distrait ? EF : Ça aurait pu, mais c'était la même chose pour les deux équipes. Juste avant qu'on ne rentre sur le terrain, le coach nous a dit qu'on avait 30 excuses différents pour faire un mauvais match : la fatigue, le décalage horaire, toutes les sollicitations, etc. Mais voilà, il attendait de nous qu'on ne se cherche pas d'excuse et qu'on joue comme des pros.
REVERSE : Sur le dernier système de touche du temps réglementaire, tu avais l'air libre. EF : (Encore dégoûté) J'étais seul... C'est une erreur de leur part mais enfin, j'étais vraiment seul...
REVERSE : Le système était pour toi à la base ? EF : Non même pas, mais il se trouve que j'étais libre.
[caption id="attachment_307873" align="alignright" width="318"] "On n'a pas de marge, on a besoin de tout le monde"[/caption]REVERSE : C'est rageant de perdre un match comme ça en prolongation, parce que votre qualification pour les playoffs peut se jouer à ça... EF : On est sur une mauvaise période. Là Elfrid revient de blessure et ça se voit qu'il manque de rythme. Ce soir encore, on ne joue qu'avec un meneur et il rentre de blessure. Et nous, on n'a pas de marge. Les Raptors ont plus de profondeur de banc, ils ont des All-Stars... Nous on a besoin de tout le monde.
REVERSE : Quand tu regardes le calendrier des matches, il y a une période qui pourrait être particulièrement difficile ? EF : On est en plein dedans là parce qu'on n'a que des équipes de playoffs qui arrivent. Il faut qu'on engrange le maximum de victoires avant de partir en road trip à l'Ouest.
REVERSE : L'objectif pour vous, ça reste les playoffs ? EF : Ah oui, si on ne les fait pas, on sera très déçu.
REVERSE : Globalement, c'était bien ces quelques jours en Europe, non ? EF : Oui, mais je pense que ça aurait été mieux si on était arrivé un jour avant comme Toronto, ça nous aurait permis de profiter un peu plus et d'être moins dans le rush tout le temps. Là, ces deux jours, ça a été la folie, on n'a pas eu une minute à nous.