Encore raté. L’équipe de France, dominée par sa grande rivale espagnole (76-88), s’est inclinée en finales de l’EuroBasket 2022 dimanche soir. Un nouvel échec aux portes d’une médaille d’Or après la défaite contre le Team USA aux Jeux Olympiques de Tokyo l’été dernier. « J'ai l'impression que ça devient une habitude de perdre en finale, c'est ça qui me rend dingue », lâchait Guerschon Yabusele, évidemment dépité.
La déception est plus forte en Allemagne qu’au Japon. Vincent Collet avait détaillé la différence entre les deux finales avant même l’entre-deux hier. Je ne me souviens plus de sa formule exacte mais si je simplifie et force le trait, il faisait comprendre que perdre contre les Américains peut se digérer plus facilement que de rater la plus haute marche du podium européen, où les Bleus ont un statut à faire-valoir.
J’insiste sur le fait que j’exagère le fond de sa déclaration. Le coach, son staff et les joueurs français – Evan Fournier et Rudy Gobert – sont des compétiteurs. Ils ont joué le Team USA avec l’ambition de gagner, comme ils l’avaient fait en poules. Ils sont passés tout près de l’exploit. Ils ont sûrement eu des regrets. Mais là, la douleur est plus forte.
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Déjà parce que l’Espagne. Putain d’Espagne, with all due respect. Les Français peuvent s’amuser à détester leurs voisins mais, la vérité, c’est qu’ils nous dominent. Nous sommes leurs petits la plupart du temps. Bon, là aussi, j’exagère. N’empêche que ce qui me marque, avec cette finale, c’est que j’ai encore vu une équipe qui déroule son basket et s’appuie sur des principes de jeu fortement ancré et une autre qui peine à trouver des solutions. Et j’ai l’impression que c’est globalement l’Histoire de cette rivalité, à une ou deux exceptions près.
Je précise que ce n’est pas une pique envers Vincent Collet, un grand monsieur du basket français. J’ai l’impression que c’est un mal plus global et plus profond, qui me dépasse et qui ne saurait se résumer dans un édito en ligne. La formation espagnole est-elle en avance ? Faudra un jour soulever la question. Nous avons des talents, eux aussi. Mais à la fin, ce sont quand même souvent eux qui soulèvent les trophées.
Nous, aujourd’hui, il nous reste l’Argent. Une belle breloque de plus, la septième depuis 2011. C’est la période la plus glorieuse du basket tricolore. Un kiff absolu en comparaison du demi-siècle de quasi disette qui précédait. Mais les joueurs vous le diront eux-mêmes : à un moment, ils viennent pour gagner. Ils visaient l’Or.
En revanche, est-ce vraiment raisonnable de vouloir aller tout en haut en affichant des sérieuses limites ? Gagner un EuroBasket en perdant 17 ballons par match – 19 en finale – c’est juste inconcevable. C’est presque déjà un exploit de s’être retrouvé en position de l’emporter. Ce groupe France, en transition après les forfaits de Nando De Colo et Nicolas Batum, est valeureux. Fort physiquement. Drivé par des joueurs majeurs d’exception comme Gobert, Fournier ou Yabusele.
Sauf qu’il n’avait pas de plancher. Une intensité défensive trop irrégulière, des sauts de concentration, un manque de création en attaque, etc. Dans ces conditions, en prenant ce recul sur le niveau affiché par l’équipe de France depuis le début de la compétition, revenir avec l’Argent, c’est déjà assez dingue. Sans même mentionner les miracles contre la Turquie et l’Italie.
C’est dans la douleur que naissent les grandes équipes. Aux Français d’exploiter cette rage pour se construire. Pour grandir. L’Argent ne fait pas le bonheur. Il y contribue, oui. Sauf qu’à un moment, la thune, quand elle abonde, difficile de savoir quoi en faire (sans doute une phrase de riche ça, je saurai très bien quoi faire si jamais plein de thunes). Ce qui fait rêver c’est la gloire. C’est l’Or.