Concentration et rigueur, les plaies de l’équipe de France
C’est une (mauvaise) tradition française : celle de se relâcher, de faire preuve de nervosité et, en conséquence, de perdre bêtement des ballons. Boris Diaw l’a avoué après le match, « il y avait de la nervosité » du côté des tricolores. Cela s’est senti sur le terrain. Les Bleus ont été gênés par l’agressivité de Finlandais décomplexés et poussés par leurs supporteurs.« Il y a beaucoup trop de pertes de balle. Si tu gagnes un match après avoir perdu 23 ballons, tu ne le mérites pas », expliquait le capitaine ‘Babac’ aux journalistes français présents à Helsinki.
23 ballons perdus, c’est effectivement une statistique clé pour comprendre la défaite. C’est trop, beaucoup trop. Pas assez soignés dans leurs transmissions de balle, les tricolores ont concédé 26 points suite à une perte de balle.« C’est quelque chose que l’on peut facilement corriger. Ce n’est pas dans nos habitudes de perdre autant de ballons », ajoute Diaw.
Certes. Les joueurs de Vincent Collet ne seront pas toujours aussi maladroits. Mais le relâchement mental dont ils ont fait preuve dans des moments clés du match – juste avant la mi-temps puis dans les quatre dernières minutes – n’est pas nouveau non plus. Déjà par le passé, ils avaient cette fâcheuse manie de baisser le pied une fois devant au tableau d’affichage.« On a relâché la garde au plus mauvais moment », admet le sélectionneur.
Les Finlandais les ont punis. Globalement, ce groupe manque encore d’automatismes et d’expérience, c’est évident. Et c’est normal. Sept des douze joueurs présents à Helsinki n’étaient pas du voyage à Rio. Il y a une identité à reconstruire. Il serait juste idéal de ne pas reprendre les mauvaises coutumes des glorieux anciens.Une faillite à l’intérieur
Ça, c’était prévisible. Sans Rudy Gobert et avec le départ à la retraite de Florent Piétrus, les Bleus ont galéré sous les arceaux. Ils ont été dominés aux rebonds dans le premier quart, avec une quantité de secondes chances offertes aux Finlandais. Ils ont heureusement corrigé le tir par la suite (notamment grâce à Diaw qui termine avec 9 prises) mais le mal était déjà fait. Après douze minutes, les locaux menaient 23-15 et forçaient déjà la France à courir après le score. Si le défaut aux rebonds n’a pas duré, les problèmes dans la raquette n’ont pas disparu soudainement après un quart temps. Ils ont juste évolué. Avec trois « petits » dans son cinq, les Français ont par exemple souvent été battus dans des duels près du cercle. Sans avoir Hakeem Olajuwon dans leur équipe, les Finlandais ont souvent trouvé une solution en débutant les actions dos au panier. Et mine de rien, Lauri Markkanen avait des bons airs de Dirk Nowitzki hier soir (22 pts, 7 rbds). Si le rookie des Chicago Bulls a évidemment du talent, difficile de s’empêcher de penser que les intérieurs assez doués devraient s’en donner à cœur joie à chaque match contre cette EDF. Il n’y a pas de vrai protecteur du cercle dans la sélection. Pas de deuxième rideau pour compenser des arrières dépassés sur les drives. Typiquement les points forts de Gobert. Cette lacune devrait poser problème lors des matches couperets.Les bonnes entrées de Labeyrie et Jackson
Oui, il y a aussi du positif à retenir. Evidemment. Heureusement. Si les Bleus ont pu reprendre le contrôle du match dans le deuxième quart temps, c’est notamment grâce à une défense retrouvée. Et ça, Louis Labeyrie n’y est pas étranger. Première rotation à l’intérieur, il a stoppé l’hémorragie aux rebonds (6 au total). Ses passages ont fait beaucoup de bien. Constat plus ou moins similaire pour Edwin Jackson, assez tranchant en sortie de banc. Le scoreur a contribué en attaque (7 points) en inscrivant notamment deux paniers consécutifs importants en deuxième mi-temps. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Labeyrie, Jackson mais aussi Leo Westermann termine avec des différentiels largement positifs : respectivement +18, +13 et +22. Le banc est plus faible que lors des compétitions précédentes mais il est capable de contribuer sur plusieurs secteurs différents. Après, cela prouve aussi une marge de manœuvre nettement moins grande.Nando De Colo et Evan Fournier ont su prendre leurs responsabilités
Il n’y a plus Tony Parker mais il y a toujours de superbes individualités en EDF. De toute façon, le meilleur joueur français de l’histoire n’était déjà plus au sommet de son art depuis quelques années. En 2015, Nando De Colo assumait déjà ce rôle de patron sur le terrain. La star du CSKA Moscou a raté les deux tirs pour la gagne – en fin de quatrième quart temps puis au buzzer de la prolongation – mais elle a été impériale dans certains moments clés. C’est d’abord De Colo qui a remis la France sur les bons rails en inscrivant 14 points dans le troisième quart. Son coup de chaud aurait dû donner la victoire si les Bleus ne s’étaient pas relâchés. Il a terminé avec 21 points. Soit 4 de moins qu’un excellent Evan Fournier. Décisif en fin de rencontre, l’arrière du Orlando Magic a ramené les siens à hauteur des Finlandais à la force de son poignet (et de ses couilles). D’abord sur un petit flotteur en pénétration pour revenir à 72 partout. Ensuite sur un trois-points plein de caractère pour effacer les cinq points de retard. Bonhomme. C’est évidemment un très bon point. Mais c’est aussi un sujet d’inquiétude pour Vincent Collet. Pas le fait que les leaders rentrent leurs shoots mais cette tendance habituelle à s’écarter de tous principes collectifs une fois que l’équipe est en difficulté.« Au-delà de la mauvaise défense, on a vu que la compétition avait ramené des velléités d’individualisme. Voilà, on ne peut pas s’en sortir comme ça. On a trop souvent oublié le collectif, la patience », souligne le coach.
C’est un peu toujours la même histoire. Déjà à l’époque de Parker, les Bleus s’arrêtaient de jouer – le terme est volontairement fort – pour regarder TP se dépêtrer face à la défense adverse. Même constat hier avec une circulation de balle freinée pour laisser Fournier, De Colo et parfois Thomas Heurtel jouer drive sur drive dans l’espoir de trouver une solution. La solution, justement, elle est collective.