Pour l’équipe de France, vice-championne olympique et européenne, l’argent ne fait pas le bonheur. L’image d’Evan Fournier désappointé, refusant de mettre sa médaille autour du cou après la finale perdue de l’EuroBasket en septembre dernier, dit tout de cette lassitude. Et si la Coupe du monde, qui débutera le 25 août en Asie, était enfin la bonne ?
Cet été, les Bleus visent l’or. Et dans un tableau qui s’annonce ouvert, ils en ont les moyens. Le groupe de Vincent Collet figure parmi les favoris de la compétition et peut légitimement rêver d’un premier sacre sur la scène mondiale.
Une longueur d'avance sur la concurrence
La France n’a qu’une médaille d’or à son palmarès, obtenue lors de l’EuroBasket 2013, dont le dixième anniversaire vient d’être célébré. La génération actuelle, composée de plusieurs joueurs ayant goûté à l’or européen en Slovénie, s’en est approchée à plusieurs reprises.
En 2019, l’équipe a remporté le bronze après avoir défait une jeune Team USA au Mondial. Aux Jeux olympiques de Tokyo, deux ans plus tard, elle a trébuché sur l’obstacle américain en finale. Sur la scène européenne, enfin, elle a été dégoûtée par la Roja lors de l’ultime choc. Mais ce n’est pas assez.
« Quand tu travailles autant pour avoir cette médaille d’or, et qu’on te donne l’argent ou le bronze, je le prends comme une insulte en fait — alors que, bien sûr, ce n’est pas ça. Mais quand je reçois cette médaille d’argent et que je la mets autour du cou, ça me renvoie directement l’échec », expliquait l’insatiable Fournier en septembre, dans l’émission « En Aparté » de Canal +.
Atteindre ce stade de telles compétitions, bien que cela ne puisse pas satisfaire les grandes ambitions des Bleus, est déjà un exploit en soi. Si, pour l’instant, le temps n’est « que » de l’argent, cette expérience collective constitue un véritable atout quand de plusieurs équipes adverses se découvrent encore. Les cadres, de Nicolas Batum à Evan Fournier, en passant par Nando de Colo et Rudy Gobert, côtoient la sélection nationale depuis au moins une décennie. Le même entraîneur, Vincent Collet, est aux commandes depuis 2009.
L’alchimie est évidente, les automatismes bien en place. La France dispose, à cet égard, d’une longueur d’avance sur de nombreux rivaux. Car cette cohésion importe autant dans le tableau d’ensemble que dans les détails, sur lesquels tout peut se jouer à un tel niveau.
Mathias Lessort de retour avec les Bleus pour le Mondial
Une équipe de France prête à décrocher l'or
Les matches de préparation n’ont pas tout à fait la même intensité que les rencontres officielles qui les succèdent. Il s’agit d’un terrain d’expérimentation lors duquel un groupe si rodé ne peut déployer 100 % de ses capacités. Toutefois, le succès de cette phase, avec six victoires pour une courte défaite, n’est pas anodin.
Ces cinq confrontations ont rappelé à quel point Nicolas Batum et Nando de Colo, absents à l’Euro, pouvaient être précieux. Ils ont également montré que Rudy Gobert et Guerschon Yabusele, peut-être le meilleur élément de l’équipe jusqu’ici, étaient prêts. Surtout, ils ont prouvé que la saison tronquée de Fournier à New York ne l’empêcherait pas de jouer un rôle déterminant pendant le Mondial. Ses 29 points face à l’Australie dimanche envoient en tout cas un message rassurant.
« C’était une très bonne prépa […] Du côté du staff, on est très satisfait. Compte tenu du peu de temps dont on disposait, on a vraiment réussi à balayer tout ce qu’on voulait en termes d’objectifs de jeu, ce qui n’était pas forcément évident », a résumé Vincent Collet ce lundi.
Les Bleus pourront compter sur leurs qualités athlétiques, ainsi que sur leur avantage de taille pour faire la différence. En dépit du forfait de Frank Ntilikina, Vincent Collet pourra également s’appuyer sur un effectif profond et modulable pour s’adapter à une variété de situations. L’équipe dispose clairement du potentiel de renverser n’importe quel adversaire et de tout remporter, malgré les lacunes qui subsistent.
Des défauts à corriger pour réaliser ses rêves
Comme un nuage dans un ciel bleu, la préparation pour la Coupe du monde s’est terminée par un revers contre l’Australie (74-78). Il n’y a pas à rougir d’une défaite face à un adversaire si tenace lors d’un match amical. Mais la rencontre a mis en lumière les failles que la France devra colmater pour prétendre à l’or.
Les rebonds, en particulier, posent un problème dont l’encadrement fait sa priorité. Les 20 prises offensives laissées aux Boomers, record de la préparation, ne font pas vraiment figure d’exceptions. Il s’agit d’une faiblesse identifiée, un talon d’Achille qui, comme l’a souligné Isaïa Cordinier, « gâche le travail en défense ». Mathias Lessort, qui retrouve ses coéquipiers ce mardi, apparaît comme un début de solution. Un gain de volonté et de concentration dès le début de la compétition en serait un autre.
« On sait que nos vœux les plus fous ne peuvent être réalisés qu’au conditionnel. Il faut créer les conditions optimales pour y parvenir. Et c’est sûr que si on concède 15 ou 20 rebonds offensifs par match, on ne sera pas sur le podium. À nous de lisser ces quelques paramètres pour y arriver », a prévenu Collet, relevant tout de même un « début de changement » au niveau du comportement.
L'équipe de France, un avantage de taille à exploiter
Pour passer à la vitesse supérieure, les Bleus devront pouvoir s’appuyer sur des rotations plus fiables. Bien que le banc soit composé d’éléments capables d’influencer grandement le match, tels que Sylvain Francisco, Elie Okobo, Terry Tarpey ou Lessort, force est de constater que, au-delà du cinq majeur, les lineups sont encore trop irréguliers. Le temps presse pour les affiner.
La route vers l’or sera sinueuse pour l’équipe de France, qui n’est clairement pas exempte de défauts. D’autres sélections nourrissent, à juste titre, les mêmes espoirs. Elle croisera le fer avec l’une d’entre elles dès vendredi, le Canada de Shai Gilgeous-Alexander et plusieurs joueurs NBA, pour son entrée dans la compétition.
Néanmoins, les guerriers de Vincent Collet ont les armes pour se frayer un chemin parmi les concurrents. Les absences de plusieurs joueurs majeurs tels que Giannis Antetokounmpo, Nikola Jokic, Jamal Murray, et Kristaps Porzingis, ainsi que celles des superstars américaines, ouvrent encore plus grand la voie. L’exploit est possible.
Podcast : Stephen Curry meilleur que Magic Johnson ? Lonzo Ball a le blues, Anthony Edwards explose