Il y a deux ans, Billy Donovan se faisait griller. Attrapé par les caméras – non pas en train de regarder son téléphone portable – quand il lâchait un « je ne peux pas faire jouer Kanter » au cours du premier tour des playoffs contre les Houston Rockets. Et c’est vrai, il ne l’a pas fait. Trop ciblé en défense, Enes Kanter n’a passé que 29 minutes sur le parquet lors des quatre derniers matches de la série. Le coach du Thunder a inventé une excuse bidon depuis (il parlait de certains systèmes spécifiques, soit disant) et son ancien joueur y a cru, parce qu’il est le seul homme constamment menacé de mort qui réussit à vivre dans le monde des bisounours. Plus sérieusement, l’intérieur, désormais aux Portland Trail Blazers, est juste passé à autre chose.
Mais il tenait visiblement à envoyer un message à ses détracteurs hier soir. Il voulait montrer qu’il pouvait aussi avoir un impact en playoffs. C’est exactement ce qu’il a fait sur ce Game 1 entre Oklahoma City et Portland. Son impact a été déterminant. En attaque… comme en défense ! Car c’est surtout son activité permanente qui a fait beaucoup de bien à son équipe. Il a terminé avec 20 points, en troisième option prolifique derrière Damian Lillard et C.J. McCollum, mais aussi avec 18 rebonds. Son record en carrière en playoffs. Le facteur X de cette victoire (104-99).
Bon nombre de ses rebonds ont été des prises offensives qui ont soit mené à un panier immédiat, en remontant de suite au cercle, soit à une nouvelle possession. Mais il a aussi arraché des rebonds défensifs en allant au charbon. Il a bloqué deux tirs. Au final, Enes Kanter a conclu la partie avec un différentiel de +15, le meilleur du match.
« Moi non plus je ne suis pas considéré comme un grand défenseur. Mais je pense que l’on peut faire quelque chose pour l’équipe en étant concentré, en montrant de la volonté et en faisant des efforts. Je pense que ça s’est vu ce soir », commentait Lillard au sujet de la performance de son coéquipier.
Modeste au sujet de sa propre prestation (30 points, des paniers décisifs), Dame a qualifié Kanter de « MVP » de la partie. Peut-être pas jusque-là mais c’est sans doute l’un des joueurs les plus importants pour Portland. Sur ce match, et tout au long des playoffs. Enes Kanter a la lourde tâche de remplacer Jusuf Nurkic, pivot sous-estimé qui était le véritable patron de la défense des Blazers. Un rôle que le Turc peut difficilement assumé en étant lui-même limité par un manque de mobilité latérale. Mais il a compensé avec le désir de bien faire.
« Il a tenu contre Steven Adams et il a montré sa polyvalence », ajoute McCollum. « On a besoin qu’il soit très productif. »
Enes Kanter va devoir renouveler les performances de ce type pour permettre à Portland de passer le premier tour. C’est l’une des clés de la série.