La Dream Team 92 n'a pas perdu le moindre match officiel jusqu'à son sacre logique et attendu à Barcelone aux Jeux Olympiques. Dans les quelques secrets plus ou moins bien gardés autour de cette équipe culte, il y a bien entendu le "plus beau match que personne n'a vu", lors d'un entraînement à Monte Carlo. Le groupe, scindé en deux entre la team Jordan et la team Magic, avait livré une copie renversante, décrite à merveille dans le livre "Dream Team" de Jack McCallum.
Ce que l'on oublie parfois, c'est que l'équipe de Chuck Daly a bien perdu une rencontre cette année-là. Elle n'était pas officielle, mais ceux qui y ont participé ou y ont assisté s'en souviennent encore.
Lors d'un rassemblement, une Select Team composée de jeunes talents universitaires amenés à incarner l'avenir en NBA s'est ainsi retrouvée opposée à l'armada américaine. Certes, Michael Jordan, laissé au repos, est resté sur le banc. Mais ça n'a pas empêché Daly de monter un cinq et un banc redoutables, qui auraient dû s'imposer avec la manière contre ces jeunes loups.
Parmi eux, Chris Webber, Penny Hardaway, Grant Hill, Allan Houston, Jamal Mashburn, Rodney Rogers et Eric Montross. Pas assez concentrée et prise à la gorge, la Dream Team s'est inclinée lors de ce scrimmage dont on apprendra après qu'il avait été sciemment orchestré par Chuck Daly dans l'espoir de réveiller ses troupes.
Dream Team : comment la meilleure équipe de l'histoire a été construite
"C-Webb", en particulier avait fait des dégâts considérables.
"Un an après ce match, j'étais à la Draft avec Don Nelson, le coach des Warriors, qui m'a demandé mon avis. Je lui a dit : 'tout ce que je sais, c'est qu'un jour à San Diego, ce gars-là, Chris Webber, était le meilleur basketteur sur le terrain, alors que Larry Bird était aussi là'.
C'était un incroyable groupe de jeunes joueurs et ils ont tous eu de belles carrières derrière. C'était un scrimmage qui pour eux était comme le rêve d'une vie et ils ont superbement bien joué", raconte Chris Mullin, membre de la Dream Team, dans le podcast de Tom Haberstroh.
On ne savait pas jouer les uns avec les autres. On essayait de ne pas se marcher sur les pieds, de ne pas blesser l'ego des uns et des autres. Donc ces gamins nous ont tué", se souvient Scottie Pippen.
Pour ce qui est des carrières des uns et des autres, aucun n'aura réussi à atteindre le degré de notoriété ou le palmarès des plus grands noms de la Dream Team.
- Chris Webber, enfin entré au Hall of Fame, n'aura finalement jamais fait mieux qu'une finale de Conférence avec les Kings, fréquemment gêné par des blessures.
"Je me suis dit que si ce gars qui nous marchait dessus arrivait en NBA, je ferais mieux de me barrer de là", expliquait Larry Bird.
- Grant Hill est un membre du Hall of Fame et a réussi une belle carrière, mais assez loin finalement de ce que son talent laissait espérer avant ses gros pépins physiques.
- Penny Hardaway a débuté très fort avec Orlando en tandem avec Shaq jusqu'aux Finales NBA 1995, avant de voir sa carrière et son gigantesque potentiel constamment freinés par des blessures.
- Jamal Mashburn a un temps formé un trio de jeunes casse-cou avec Jason Kidd et Jim Jackson à Dallas, avant de rebondir notamment à Miami. L'ancien ailier de Kentucky a été All-Star une fois.
- Après un début de carrière aux Pistons, Allan Houston est devenu l'un des joueurs les plus appréciés de l'histoire récente des New York Knicks, qu'il a contribué à emmener jusqu'en Finales NBA en 1999 à la surprise générale.
- Bobby Hurley était un phénomène avec Duke et l'un des joueurs les plus accomplis des Blue Devils à la fac. Dès sa saison rookie, Hurley a été victime d'un accident de voiture et n'a joué que 269 matches dans sa carrière dans une relative discrétion à Sacramento.
"Je ne pensais qu'à une chose en jouant contre la Dream Team : ne te tape pas l'affiche !' Je voulais simplement tenir le choc", raconte Hurley sur NBATV.
- Eric Montross, le pivot de cette Select Team, auparavant à North Carolina, a lui connu une carrière de joueur de complément en NBA, à Boston, Dallas, New Jersey, Philadelphie ou Toronto.
- L'ailier Rodney Rogers a été 6e homme de l'année en 2000 avec les Phoenix Suns et a connu les Finales NBA avec les Nets au début des années 2000.
Tous ces hommes peuvent se dire aujourd'hui qu'ils ont, l'espace d'une journée, été meilleurs que la meilleure équipe de tous les temps.
Vexés, les membres de la Dream Team ont pris une revanche spectaculaire le lendemain, avec cette fois Michael Jordan en action en même temps que les onze autres membres : Magic Johnson, Charles Barkley, Patrick Ewing, David Robinson, Larry Bird, Clyde Drexler, Chris Mullin, John Stockton, Scottie Pippen, Karl Malone et Christian Laettner.
C'était peut-être la gifle dont avaient besoin ces monstres sacrés pour confirmer leur statut, quelques semaines plus tard, en passant 30 points minimum à tous leurs adversaires.
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