« Peut-être que c'était parce que j'étais jaloux de la manière dont il shootait », raconte le joueur des Pacers dans son autobiographie. « Il shootait très rapidement, et j'enviais sa facilité. »
Aujourd'hui, Reggie Miller l'avoue : Drazen Petrovic est le meilleur shooteur qu'il ait vu à l’œuvre. Pour Miller, Mozart était unique. C'était aussi sa Némésis, sa bête noire. https://www.youtube.com/watch?v=0EUo5p6D990 Il a d'ailleurs encore récemment rappelé que le Croate avait pour lui le meilleur shoot, avec un release plus rapide encore que celui de Stephen Curry. Sur les parquets, Miller et Petrovic sont également des adeptes du trashtalking. L'un en anglais, l'autre dans une langue « que Miller savait seulement ne pas être de l'anglais », écrit Todd Spehr. Mais Reggie Miller ne parlera pas durant cette rencontre. Il n'en aura pas l'occasion. À cause, notamment, d'une recette insolite concoctée par le staff des Nets.« Dance with that motherf***** »
Le contexte : les Pacers sont à un match et demi des Nets, les deux équipes rivalisant pour accrocher un spot en playoffs. Les protagonistes : les deux équipes et leurs deux joueurs phares, mais aussi Tom Newell, le spécialiste défense auprès de Bill Fitch, le coach des Nets, et également un autre de ses assistants, Rick Carlisle. L'objectif : annihiler Reggie Miller pour les Nets, et Drazen Petrovic pour les Pacers. Là est bien l'une, voir LA clé du match. Newell et Carlisle réfléchissent. Puis passent à l'action. Rick Carlisle a son idée. Celle de poursuivre Reggie Miller quoi qu'il arrive. Qu'importe que Drazen Petrovic soit stoppé net par un écran : il devra suivre l'arrière des Pacers. Du début à la fin de la rencontre. Ne jamais lâcher l'infatigable Miller, un éternel danger. Ne jamais laisser un coéquipier défendre sur lui après un écran. Car si Petrovic et Miller étaient des génies de l'attaque, ce serait bien leur rigueur défensive qui ferait la différence ce soir-là. Puis vient Tom Newell. Avec ses images.« Tu dois danser avec lui », prévient-il Drazen. « Place ta main dans son couloir et accompagne-le à travers. Comme si tu dansais un slow. »
Dans l'euphorie et afin de motiver plus que jamais Drazen Petrovic, le Monsieur défense des Nets lâche :« You’ve got to dance with that motherf***** now, Draz. Just dance with that motherf*****. »
Le match ? Un Petrovic imprenable. Auteur de 19 points et qui a offert la victoire aux siens sur un écart de quatre points. Grâce, notamment, à un shoot meurtrier à 30 secondes du buzzer final. Surtout, il a défendu même au-delà des attentes de son staff. Suivant Reggie Miller à chacun de ses faits et gestes. Les stats du joueur des Pacers ? Un petit point. Et huit tentatives ratées en 28 minutes de jeu. Depuis, Newell et Carlisle n'ont cessé de conclure leurs messages téléphoniques de la même manière lorsqu'ils s'appellent : « Dance, motherf*****, dance! » Une recette à succès, qui est bien rentrée dans la tête de Petrovic. La preuve : alors qu'ils s'apprêtaient à rejoindre les vestiaires des Nets, les deux membres du staff ont entendu la voix du Croate, en rires.« Dance, motherf*****, dance! » répétait-il.
Mozart connaissait déjà le refrain.