"Les meilleurs joueurs des Balkans aiment exprimer une certaine beauté à travers le basket. C'est de cette manière que jouaient Drazen Petrovic et Toni Kukoc. Dragan est issu de cette culture. Pour lui, dunker quand on fait 2m15 n'est pas l'expression de la beauté", raconte Balducci sur Bleacher Report.
"L'un des problèmes de Dragan, c'est qu'il aime un peu trop Toni Kukoc. Dans son raisonnement, marquer un panier ne rendra heureux qu'une seule personne : lui. S'il délivre une passe, alors davantage de personnes seront heureuses. C'est comme ça que jouait Kukoc et Dragan doit comprendre qu'il a aussi besoin d'être un peu plus égoïste. Quoi qu'il en soit, il ne sait pas être passif sur un terrain de basket", prévient Vujcic, persuadé que le garçon a toutes les armes pour réussir une brillante carrière aux Etats-Unis.
Il quitte la maison et le pays à 12 ans avec son frère
[caption id="attachment_325358" align="alignright" width="318"] Capljina, la ville de naissance de Dragan Bender en Bosnie.[/caption] S'inspirer de la réussite de Kukoc en NBA n'est pas nécessairement une mauvaise idée. Bender n'est évidemment pas aussi attendu que ne l'était l'icône croate dans les années 90, mais prendre modèle sur son altruisme et sa palette technique devrait l'aider dans sa conquête des coeurs américains. Il y a 6 ans à peine, les parents de Bender, ouvriers dans le secteur ferroviaire et agricole, n'osaient rêver d'un tel avenir pour leur plus jeune fils. En difficulté pour leur assurer une vie décente, ils ont ainsi accepté de voir leurs deux garçons quitter le domicile familial pour avoir une chance de vivre un jour du basket. Malgré des moments difficiles loin de leurs proches, les frangins se sont serrés les coudes, envisageant déjà des horizons plus luxuriants en apprenant l'anglais devant des séries TV et noyant leur spleen sur les parquets. Si Ivan, fauché par les blessures, se contentera vraisemblablement d'un rôle de conseiller pour son cadet dans les années à venir, Dragan est plus proche que jamais de réaliser le rêve de ses parents. Au-delà d'un potentiel qui a séduit tous les scouts et les dirigeants NBA venus l'observer en Israël, Mitch Kupchak et Danny Ainge en particulier, le jeune homme de 18 ans affiche une maturité qui devrait lui permettre de prospérer outre-Atlantique."Je sors très peu à Tel Aviv (pourtant connue pour les charmes de sa vie nocturne, NDLR), j'ai bien trop de choses à faire en rentrant chez moi".Bender a plutôt la tête bien faite et continue, de concert avec les entraînements du Maccabi, de suivre des cours du soir pour décrocher un diplôme dans sa matière de prédilection, l'histoire. Marqué par les récits de sa famille sur les horreurs de la guerre, il est ainsi devenu incollable sur les conflits mondiaux contemporains.
"Pour moi, il est extrêmement important de finir mon cursus scolaire. Mes parents m'ont appris à toujours terminer ce que l'on commence. Ils m'ont aussi inculqué la valeur du labeur. Je les ai vu lutter pour s'en sortir. Je saurai lutter moi aussi".Les mock Drafts font de l'intéressé un top 5, voir un top 3 le 23 juin prochain du côté de Brooklyn. Du côté de Draftnet, on le voit rejoindre les Phoenix Suns en 4e position. Chez DraftExpress, on évoque plutôt un intérêt des Boston Celtics. Le côté stable et pondéré de la franchise du Massachusetts parait adapté au profil et à la mentalité du Croate. Si tel est son destin, il n'aura pas le loisir de faire ses gammes sans pression du résultat comme Kristaps Porzingis. Mais on ne voit pas pourquoi Brad Stevens ne parviendrait pas à intégrer et utiliser ses qualités à un effectif collectivement très au point. Son toucher et sa capacité à écarter le jeu pourraient même faire la différence à terme entre une saison achevée au 1er tour des playoffs et une finale de Conférence. Lorsqu'ils étaient enfants, Dragan et son frère Ivan adoraient incarner d'autres joueurs sur le petit terrain construit par leur père devant leur domicile de Capljina, non loin des bords de la mer Adriatique. Ivan voulait devenir "le nouveau Kevin Durant". Dragan, lui, se rêvait en Dirk Nowitzki. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.