Gagnante : La France, frère
GENRE HISTORIQUE. Ceux qui ont la référence, vous avez vous aussi gâché des minutes voire des heures précieuses de vos vies. Par contre, ceux qui sont restés levés tard pour assister au premier tour de la draft NBA 2024 ont bel et bien vu un petit bout d’Histoire s’écrire sous leurs yeux tout plissés, cernés et fatigués. Ou au moins un bout d’Histoire du basket français.
Un an après le phénomène Victor Wembanyama, les représentants de l’Hexagone ont déboulé en masse à New York. Zaccharie Risacher a marché sur les traces du géant, en étant le premier appelé par Adam Silver, suivi de son compatriote Alex Sarr quelques minutes plus tard. Le doublé. Du jamais vu pour un pays autre que les Etats-Unis à la draft. Puis Tidjane Salaün a été retenu en sixième position par les Hornets. Trois dans le top-dix. Là aussi, complètement inédit.
C’est la France frère 🇫🇷🇫🇷🇫🇷
— Wemby (@wemby) June 27, 2024
Pour couronner le tout, Pacôme Dadiet, pressenti au second tour, a finalement été choisi par les Knicks en vingt-cinquième. Quatre tricolores au premier round. Un record, évidemment. Puis Melvin Ajinça a été choisi par Dallas lui aussi, cette fois un jour après, pour porter à cinq le nombre de Français draftés. Record de 2016 égalé. Armel Traoré a lui signé avec les Lakers après avoir été non drafté.
Et derrière, ça pousse encore. Nolan Traoré est déjà annoncé comme un prospect majeur de la promotion 2025. Il y a de nouvelles pépites chaque année. Le plus dur reste bien entendu de s’imposer en NBA et pas seulement d’y débarquer. Ça, c’est presque devenu banal. Mais cette génération dorée n’est pas seulement bourrée de talents. Elle est aussi pleine d’ambitions. Ça, c’est la France. Mais pas n’importe laquelle. Celle de Wembanyama, Risacher, Sarr, Coulibaly et compagnie*.
*Si vous n’avez pas la référence, il est temps de passer quelques minutes, voire des heures de votre vie à revoir vos classiques.
Gagnants : Los Angeles Lakers
Rob Pelinka est-il un excellent GM ou est-il de la même espèce féline que Didier Deschamps ? Le dirigeant ne s’attendait pas du tout à ce que Dalton Knecht soit encore libre de tout engagement avec une franchise NBA au moment où les Lakers se sont retrouvés « on the clock » (comme disent les Amérloques). « On l’avait unanimement dans notre top-dix », soulignait Pelinka. Les Angelenos ont donc logiquement changé leurs plans pour drafter l’un des meilleurs scoreurs du circuit universitaire.
Oui, Knecht a déjà 23 ans. Il existe aussi évidemment des questions autour de sa capacité à défendre en NBA. Et, on le sait, les meilleures équipes alignent uniquement des « two way players » sur le terrain de nos jours. Enfin presque. Mais tout de même. C’est dingue que l’ancienne gâchette de Tennessee – 40% derrière l’arc à la fac ! – se soit retrouvée aussi bas, probablement à cause de son âge. Les rookies « vieux » sont souvent des rookies prêts à contribuer de suite !
Et c’est exactement ce dont les Lakers ont besoin : des joueurs fiables capables d’apporter à moindre coût. Entourer LeBron James de snipers a de toute façon toujours été une bonne idée. JJ Redick serait d’ailleurs enchanté du pick. Logique, il doit forcément se voir en Knecht. Le jeune homme (ben ouais, 23 ans, ça reste jeune) va pouvoir apprendre auprès d’un coach qui a occupé exactement le rôle auquel il peut prétendre durant sa carrière chez les pros.
Gagnant : LeBron James
Le King s’est inspiré de LaVar Ball et il a « speak into existence » son rêve de jouer avec son fils. LeBron James et Bronny James seront coéquipiers aux Lakers, même si le père est pour l’instant free agent. C’est évidemment une première dans l’Histoire de la NBA et ça promet des séquences assez incroyables, que ce soit sur le terrain, sur le banc ou en coulisses. On imagine pas le bonheur et la fierté que va pouvoir ressentir LBJ dans ces moments-là. L’accomplissement de toute une vie en quelque sorte.
Perdant(s) : Bronny James ? JJ Redick ? Les Lakers ?
Difficile d’écarter le contexte politique au moment où les Lakers ont drafté Bronny avec leur 55eme choix. Et on ne parle pas de la probable accession d’un parti ouvertement raciste au pouvoir en France (ouais, Victor, ça aussi, « c’est la France frère », mais bon, apparemment, il y a « deux extrêmes » hein…). Le contexte, c’est évidemment la présence de LeBron et sa situation contractuelle. Son fils aîné avait-il même un quelconque intérêt à se présenter à la draft si ce n’est pas pour rejoindre son père ?
L’idée c’est peut-être de se dire qu’il apprendra plus et progressera plus vite en étant directement dans la ligue au côté de LeBron et avec un staff NBA. Mais le gamin va arriver avec une pression monstre, en étant l’un des rookies les plus suivis alors qu’il a été drafté tout à la fin du second tour. Comment va-t-il gérer ça ? Comment la franchise va gérer ça ? Ce sera encore un feuilleton de plus à Los Angeles.
Perdant : Le spacing des Detroit Pistons
Brick. Stoink. Sponk. Badaboom. Ah, le dernier tir, ça devait être Ausar Thompson. Maintenant que Marc Emmanuel Dufour (j’avais pas cette référence, j’ai dû utiliser Google, si vous l’avez, je ne peux rien pour vous à ce stade) a quitté le programme « Tous ensemble », celui où TF1 ramenait une équipe de bénévoles pour retaper la baraque d’une famille démunie, les Pistons ont décidé de relancer l’émission. Ça va balancer du parpaing dans tous les sens à Detroit.
Cade Cunningham, Jade Ivey, Thompson et donc maintenant Ron Holland. Avec Jalen Duren dans le cinq. C’est HYPER athlétique mais par contre ça ne rentre pas un caillou (bon 35% quand même pour Cunningham derrière l’arc). Les Pistons vont clairement avoir des problèmes de spacing.
Par contre, ça ne veut pas dire qu’ils sont perdants pour autant. Enfin si, perdants, ils l’ont été le jour de la loterie où ils n’ont hérité que du cinquième choix malgré une saison dégueulasse à 14 victoires. Le Front Office a donc décidé de miser sur Holland, gros prospect dont la cote a baissé en G-League.
Le point vraiment important, c’est que les Pistons ont embauché l’un des as du shoot, Fred Vinson, pour faire progresser leurs talents. Si ça marche, l’équipe peut faire mal. Dans le cas contraire, ils auront sans doute assez de matière pour rebâtir toute la ville de Detroit.
Gagnants : Les Houston Rockets
Oh que ça devait être tentant de transférer le troisième choix. Mais les Rockets n’ont pas craqué. Et ils ont sans doute eu raison. L’ironie, c’est qu’ils ont peut-être mis la main sur l’un des joueurs de la cuvée qui a le plus de chances de devenir un All-Star un jour si ses mensurations ne lui font pas trop défauts à l’échelon NBA. Reed Sheppard est petit pour les standards (1,88 mètre, pas d’envergure) inhumains de la ligue mais c’est un crack.
Le meilleur shooteur de la cuvée, un joueur intelligent et coriace. Du QI et du tir, ça ne peut que marcher, non ? Houston va pouvoir le faire sortir du banc sans pression et lui donner les clés quand Fred VanVleet sera sur le déclin. Voire même avant si le joueur formé à Kentucky s’impose rapidement.
Les Rockets n’auraient probablement pas pu mettre la main sur un All-Star avec la troisième sélection d’une cuvée aussi incertaine. Là, ils continuent de construire leur futur tout en surfant sur la dynamique de la saison dernière. Et en plus, ils ont même déniché le prometteur AJ Griffin (20 ans), complètement mis au placard par les Hawks l’an dernier après une saison rookie très intéressante. Ils n’ont lâché que le 44eme pick dans l’affaire.
Perdant : La trade machine
Tous ceux qui croient encore à des transferts massifs le soir de la draft ont dû être déçus. Mais en même temps, c’est de leur faute. Qui leur a dit d’être aussi naïfs ? Bref, encore une fois, il y a eu peu de moves majeurs lors du premier tour et c’est juste logique. Ça s’explique par le fait que la Free Agency vient après la draft, ce qui est peut-être un peu con. Voire très con. L’absence de trades de grande envergure tend à montrer que les GM, à l’inverse, ont l’air de savoir ce qu’ils font.
Gagnants : Portland Trail Blazers
Donovan Clingan était présenté comme l’un des talents les plus intéressants de cette cuvée et les Blazers ont eu la chance de le choisir en sept – même place que Shaedon Sharpe il y a deux ans – en profitant du fait que les équipes quatre à six ne s’intéressaient pas à un pivot. Du coup, les voilà avec un intérieur capable de peser des deux côtés du terrain et potentiellement à même de s’affirmer comme leur protecteur de cercle sur de nombreuses années.
Ils ont aussi fait le seul transfert notable de la soirée en mettant la main sur Deni Avdija, un joueur qui aurait pu bien dépanner de nombreux candidats aux playoffs, en cédant Malcolm Brogdon, le quatorzième choix et un futur pick qui sera potentiellement mal classée.
Perdant : Deandre Ayton
Perdant : Robert Williams
Qui s’en souvient ?
Allez dehors.. 🦅⏳ pic.twitter.com/avieaQPbfi— FRESH - #MIXTAPEPMRDISPO (@Fresh_lapeufra) August 22, 2022
Gagnant : Utah Jazz
Le Jazz s’est laissé tenter par les prospects que personne ne donnait l’impression de vouloir. Des paris peu risqués avec peut-être une grosse récompense au bout. Isaiah Collier était un potentiel pick dans le top-cinq avant le début de sa saison universitaire avec USC. L’ancien coéquipier de Bronny James est descendu en vingt-neuvième position. Vingt-neuf ! C’est comme si tous les autres équipes de la ligue avaient oublié le talent et l’upside du bonhomme.
Pareil pour Kyle Filipowski, à une échelle un peu moindre. Il n’était pas présenté aussi haut que Collier mais il avait des chances d’être choisi au premier tour – invité de la green room, il a poireauté comme un con pendant trois heures sans être sélectionné. D’après Givony d’ESPN, les franchises ont été inquiétées par sa situation personnelle. Le garçon sortirait avec une fille plus âgée que lui (six ans de plus d’après une recherche rapide sur les internets) et sa famille ne lui parlerait plus à cause de ça, notamment parce qu’elle l’aurait fait entrer dans un culte mormon depuis qu’il est mineur alors qu’elle était déjà majeure. L’ironie, c’est qu’il va jouer dans l’Utah.
Mais là encore, ça reste un basketteur talentueux qui a de vraies qualités à mettre en avant sur un terrain. D’ailleurs, ça reste un mal pour un bien pour les deux rookies. Le Jazz n’a aucune pression et vise probablement la draft 2025. Ils auront donc des opportunités de s’illustrer.
Gagnants : Sacramento Kings
Les Kings ont peut-être réussi l’un des steals de la draft en récupérant Devin Carter avec le treizième choix. Ils lui ont tout de suite fait de la place en transférant notamment Davion Mitchell, neuvième pick en 2021. Fils d’un ancien joueur NBA (Anthony Carter), l’arrière est déjà prêt pour s’imposer dans la ligue avec son énergie, sa défense, sa polyvalence, etc. S’il met ses tirs, il ne serait pas surprenant qu’il pique la place de Kevin Huerter dans le cinq majeur.
Hum… mouais… ah oui ? Rob Dillingham et les Minnesota Timberwolves
Certains crient au steal. Nous, on se méfie. Surtout quand on voit une compile comme celle-là. L’auteur du tweet en question estime que la vidéo montre que Rob Dillingham est un « hooper. » Nous on y voit surtout un jeune avec une sélection de tir absolument dégueulasse. Mais ça date. La gâchette de Kentucky a fait un peu de chemin depuis et c’est vrai que c’est un talent en attaque.
Les Wolves avaient besoin d’un créateur de plus, surtout avec un Mike Conley de 37 ans à la mène. Mais est-il vraiment un playmaker ? Son évolution dans ce domaine sera primordial. Le pari est intéressant vu le potentiel du bonhomme. N’empêche qu’il est tout de même très frêle pour un joueur NBA. Athlétique mais pas très long. Si Tyrese Maxey, qui est déjà plus puissant que lui, est ciblé en défense, que dire de Dillingham ?
Lou Williams et Jamal Crawford n’ont pas été sixièmes hommes toute leur carrière par hasard. C’est sûr que mettre la main sur un joker offensif de ce calibre serait une très belle pioche mais il a encore beaucoup de paliers à franchir avant de s’affirmer comme tel. Et de Lou Will à Bones Hyland, il n’y a parfois qu’un pas.
Pendant ce temps, les Spurs ont donc récupéré deux picks des Wolves post-free agency théorique d’Anthony Edwards…
Ça fait plaisir de voir Antoine se lâcher et mettre des taquets en passant.