Draft NBA : Les gagnants et les perdants de la loterie

Les billes de la loterie NBA ont rendu leur verdict cette nuit. Alors, qui a décroché le gros lot ? Qui a manqué de chance ? On fait le point.

Draft NBA : Les gagnants et les perdants de la loterie
Finalement la loterie NBA est assez simple à comprendre : on place plusieurs boules dans une machine, on étudie de près les différent(e)s représentant(e)s envoyé(e)s par les franchises pour l’occasion, on prend un malin plaisir à regarder les visages déconfits des dirigeants déçus par le tirage, on fait mine de croire au suspense car de toute façon, à la fin, ce sont les Cleveland Cavaliers qui gagnent. Ou du moins, ce sont les Cavs qui héritent du premier choix. Ressortir gagnant de la loterie est une autre histoire. Encore plus pour les Cavaliers, pas toujours très inspirés lorsqu’il s’agit de piocher. En attendant la draft de folie qui s’annonce, voici un premier aperçu des « gagnants » et des « perdants » de la loterie.  

Les gagnants

Cleveland Cavaliers

[caption id="attachment_156783" align="alignright" width="300"] David Griffin signe son premier succès en tant que nouveau GM des Cavs.[/caption] Evidemment. Cleveland. Comme d’habitude. Même sans avoir envoyé son fiston à la loterie, Dan Gilbert hérite du premier choix pour sa franchise. Le troisième en quatre ans. Le quatrième en onze ans. Evidemment. LeBron James était considéré comme le futur meilleur joueur du monde avant d’arriver en NBA. Les Cavs ont eu le pick. Kyrie Irving était considéré comme un premier choix incontestable, un potentiel franchise player, avant son arrivée en NBA. Les Cavs ont eu le pick. Andrew Wiggins, Joel Embiid et Jabari Parker sont considérés comme des stars en puissance avant leur arrivée en NBA. Les Cavs ont eu le pick. Johnny Manziel débarque en NFL ? Cleveland a le pick. Les dieux sont-ils enfin avec la ville de l’Ohio ? Avec Kyrie Irving, Tristan Thompson (si jamais il est conservé), Dion Waiters (même remarque que pour Thompson) et éventuellement Anthony Bennett (sait-on jamais ?), les Cavaliers disposent de plusieurs joueurs prometteurs, dont l’un d’entre eux est déjà un All-Star. Mais avoir des jeunes stars et des choix bien placés à la draft ne sont pas des gages de succès et la franchise de l’Ohio en est la preuve ultime. Un prospect talentueux peut-il se développer au sein d’un environnement malsain ? A force de mettre la pression sur ses dirigeants en réclamant des résultats immédiats, Dan Gilbert a créé une atmosphère négative au sein de sa franchise. Chris Grant, le GM, a été licencié en cours de saison. Mike Brown, le coach nommé l’été dernier, a été renvoyé pour la deuxième fois par les Cavaliers. Kyrie Irving a boudé pendant la saison, il n’a pas toujours été sur la même longueur d’ondes que Dion Waiters et il réclamerait son départ. Damm, cette franchise mérite-t-elle vraiment d’accueillir Andrew Wiggins ou Jabari Parker ? [caption id="attachment_156861" align="alignright" width="300"] Andrew Wiggins formera-t-il le backcourt du futur avec Kyrie Irving ?[/caption] Heureusement, David Griffin, le nouveau GM, a l’étoffe d’un très bon. Il est respecté par ses pairs et il pourrait remettre de l’ordre au sein des Cavaliers. De quoi repartir sur de bonnes bases avec une deuxième superstar en devenir dans l’effectif. Alors qui choisir ? Ces dernières années, les Cavs se sont démarqués par leurs choix surprenants et pas forcément payants : Tristan Thompson plutôt que Jonas Valanciunas, Dion Waiters plutôt qu’Harrison Barnes (qui lui est capable de jouer sans le ballon, à l’inverse de Waiters, un joueur peu compatible avec Irving), Anthony Bennett plutôt que n’importe quel autre rookie. Mais la richesse de la cuvée à venir offre d’autres perspectives à Cleveland. Les dirigeants peuvent se tourner vers Andrew Wiggins. Ou Jabari Parker, capable de jouer sans le ballon (Wiggins un peu moins) et donc de cohabiter avec Irving. Ou alors, la franchise peut même offrir son premier choix aux Sixers, fans de Wiggins, et récupérer Parker ainsi qu’un autre choix (deuxième tour ou un joueur comme Thaddeus Young ?) si jamais les Bucks ne sélectionnent pas la star formée à Duke. Les Cavaliers ont une nouvelle fois les cartes en main. A eux de savoir comment les utiliser au mieux.

Philadelphie Sixers

Julius Erving, l’ancienne gloire de la franchise envoyée à New York pour l’occasion, était particulièrement déçu au moment où le speaker a annoncé la troisième place des Philadelphie Sixers. La franchise a préparé un plan « tanking » très détaillé dans l’espoir d’obtenir le premier choix de draft. 26 défaites consécutives en fin de saison (avant de battre les Pistons, eux aussi en mode « tanking » nous reviendrons sur leur cas par la suite). Une saison sacrifiée pour un Andrew Wiggins (et pas seulement). Plus sérieusement, les Sixers sont patients. Ils ont un plan de reconstruction sur plusieurs saisons et sont donc prêts à perdre encore des matches l’année prochaine pour s’installer aux sommets – et non dans le milieu du classement – de la Conférence Est dans quelques années. Ils ne mettront peut-être pas la main sur leur première cible, Andrew Wiggins, mais récupéreront tout de même un joueur prometteur (Sam Hinkie doit prier pour que les Bucks sélectionnent Joel Embiid). Avec Michael Carter-Williams, les Sixers disposent déjà du dernier Rookie Of The Year. « MCW » n’a peut-être pas l’étoffe d’une vraie star mais c’est un joueur au potentiel et aux caractéristiques intéressantes. Nerlens Noel était un premier choix de draft en puissance l’an passé. Les dirigeants et le staff de Philadelphie l’ont couvé et l’ont préparé au mieux pour sa première saison NBA. Ajoutez-y un joueur de la trempe de Wiggins ou Parker et vous obtenez un trio prometteur. Les Sixers possèdent également le dixième choix de draft, une ribambelle de choix au second tour (susceptibles d’être échangés), Thaddeus Young et de l’espace sous le Salary Cap. Sam Hinkie est un génie.

Charlotte Hornets

Comme si le changement de nom de « Bobcats » à « Hornets » avait porté chance à la franchise de Michael Jordan. Hier soir était un grand soir pour la Caroline du Nord. Les Charlotte Hornets sont de retour et l’excitation se fait déjà sentir. La chance des Cleveland Cavaliers a profité aux ex-Bobcats. Si jamais le choix des Detroit Pistons tombait au-delà de la huitième place, il revenait à Charlotte. Cavaliers did it again. Qualifiés pour les playoffs et éliminés au premier tour par le Miami Heat il y a quelques semaines, les Hornets disposent donc du neuvième choix de draft. [caption id="attachment_156865" align="alignright" width="300"] “Hell of a first day for the 2014 Hornets.” C'est le texto qu'a envoyé Rod Higgins à son staff après avoir décroché le 9e pick de la draft à la loterie.[/caption] Al Jefferson, Kemba Walker et Michael Kidd-Gilchrist constituent une base prometteuse pour les Hornets qui sont donc désormais candidats aux playoffs au sein de la faible Conférence Est. Mais la franchise ne doit pas non plus d’où elle vient ou plutôt d’où elle revient. Sans vouloir remettre en question la très belle saison des Hornets, ils ont profité des errements d’autres franchises pour s’installer à ce niveau. Avec son neuvième choix, Charlotte doit prendre le meilleur joueur disponible comme s’il était candidate à la loterie et non pas le joueur qui répond le plus aux besoins immédiats de l’équipe (même si, dans le cas présent, un mix des deux serait la meilleure option). Les Bobcats ont joué les playoffs cette saison mais les fondations ne sont pas encore suffisamment solides. Les dirigeants pourraient être tentés de sélectionner Doug McDermott afin de pallier son manque d’adresse extérieure. Mais si un « meilleur joueur » est disponible, les Hornets ne doivent pas hésiter. Ils pourront toujours faire un transfert par la suite. D’ailleurs ce neuvième choix peut servir de monnaie d’échange pour accueillir un joueur confirmé ou un jeune joueur prometteur comme Greg Monroe ou Gordon Hayward.  

Les perdants

Boston Celtics & Los Angeles Lakers

Imaginez-donc. Nous sommes en juin 2018, finale NBA. D’un côté, Andrew Wiggins drapé de mauves et or, nouvelle superstar des Los Angeles Lakers. De l’autre, Jabari Parker en vert et blanc, nouvelle icône des Boston Celtics. Une nouvelle rivalité entre les deux franchises les plus titrées de la NBA. [caption id="attachment_104218" align="alignright" width="300"] Danny Ainge n'a pas eu de bol cette nuit...[/caption] Retour à la réalité. Les deux franchises prestigieuses ont fait une croix sur leur saison en espérant mettre la main sur LA superstar de demain. En raison de quelques victoires en trop et d’un léger manque de chance (disons qu’aucune des deux équipes n’a eu un gros coup de bol), les Celtics et les Lakers héritent respectivement du sixième et septième choix. Difficile de récupérer un véritable franchise player avec un pick au-delà du top 3. Danny Ainge n’a pas masqué sa déception après le tirage. Les Celtics sont une franchise historique mais Boston n’est pas non plus une ville attractive pour les plus grandes superstars. Sur ce point, Los Angeles a plusieurs coups d’avance. On comprend donc pourquoi les C’s tenaient à récupérer un joueur de la trempe d’Andrew Wiggins ou Jabari Parker. Mais les deux franchises ont encore plusieurs solutions de rechange. Les Lakers – comme les Celtics – pourraient être tentés de transférer leur choix de draft afin de mettre la main sur une star comme Kevin Love. Les dirigeants peuvent également profiter de la richesse de la cuvée pour mettre la main sur un jeune joueur prometteur. Mais on aurait quand même bien rêvé d’un affrontement entre Wiggins et Parker sous les couleurs de Boston et Los Angeles… c’est toujours plus sexy que Milwaukee et Cleveland…

Detroit Pistons

Stan Van Gundy avait prévenu Kyle Singler, le représentant des Detroit Pistons hier soir. L’ancien joueur de Duke avait intérêt à ne pas porter malchance à sa franchise. C’est raté. Titulaire du huitième plus mauvais bilan de la saison, Detroit devait espérer qu’aucune franchise moins bien classée ne récupère l’un des trois premiers choix, sous peine de descendre à la neuvième place et donc d’envoyer le pick aux Charlotte Hornets. Pour être plus clair, les Pistons ont inclus leur choix de draft – protégé top 8 – aux Bobcats en compagnie de Ben Gordon en l’échange de Corey Maggette. Le pire ? Charlotte aurait sans doute accepté le trade même si le pick avait été protégé top 10. Bref, Detroit, non qualifié pour les playoffs cette saison, se retrouve sans premier tour de draft. Pas l’idéal au moment d’amorcer une énième reconstruction avec un nouveau coach, accessoirement GM de l’équipe. En plus de ça, les Pistons se retrouvent dans une situation particulière avec trois joueurs qui peinent à évoluer ensembles sur le parquet – Greg Monroe, Andre Drummond et Josh Smith –, un manque criant d’adresse extérieure, un meneur qui cherche encore sa place en NBA (Brandon Jennings) et une marge manœuvre limitée (même si la hausse du Salary Cap pourrait profiter aux Pistons). La franchise pourrait perdre Greg Monroe cet été. Heureusement, il reste Andre Drummond.

New Orleans Pelicans

Il y a quelques similitudes entre la situation des Pistons et celle des New Orleans Pelicans. Comme Detroit, la franchise de Louisiane se retrouve sans premier tour de draft et ce malgré sa non qualification en playoffs. Les Pelicans ont voulu envoyer leur pick ainsi que Nerlens Noel aux Sixers en échange de Jrue Holiday avec l’objectif de s’installer rapidement dans le top 8 de la Conférence Ouest. Ajoutez Anthony Davis, Ryan Anderson, Eric Gordon et Tyreke Evans et vous obtenez un effectif qui a de l’allure sur le papier. Mais tout ce beau monde est-il vraiment complémentaire. Eric Gordon n’a jamais retrouvé son meilleur niveau suite à ses blessures et même s’il est encore jeune (25 ans) il a besoin du ballon pour exister en attaque (même s’il est considéré comme un shooteur, Gordon est avant tout attiré par le cercle). Son gros contrat (58 millions sur quatre ans), signé à l’été 2012 alors qu’il voulait rejoindre Phoenix, le rend très difficilement transférable. Jrue Holiday touche lui 11 millions de dollars par saison. Une somme équitable. Mais le meneur a lui aussi besoin d’avoir le ballon entre ses mains – et c’est logique vu son poste. Tyreke Evans perçoit un salaire similaire à celui d’Holiday. Mais il est remplaçant. Un sixième homme à 11 millions de dollars ? A moins de s’appeler Manu Ginobili, ça n’a aucun sens. Evans n’est pas un ailier. Il a besoin d’avoir la gonfle pour faire la différence en attaque (encore un). Bref, malgré ses bonnes performances en fin de saison (sans Holiday et parfois même sans Gordon), l’ancien Rookie Of The Year n’a pas encore trouvé sa place à New Orleans. Le Salary Cap est complètement bouché à cause de ses trois joueurs. Ryan Anderson touche plus de 8 millions de dollars. Anthony Davis bénéficiera – sans aucun doute – d’un contrat maximum à l’automne 2015. La franchise est bloquée. Mais comme « Unibrow » est bien parti pour dominer la ligue…