Don Nelson : « Je suis le mec le plus chanceux du monde »

Avant même d'entrer au Hall Of Fame, Don Nelson était déjà un personnage unique.

Don Nelson : « Je suis le mec le plus chanceux du monde »
Après près de 50 ans passés dans l'univers de la NBA, Don Nelson va être récompensé de sa riche carrière de joueur conjugué à une brillante reconversion d'entraîneur. Ce vendredi, le triple Coach of the year va entrer dans le cercle très fermé du Hall Of Fame. Personnage atypique dans une ligue où le discours est trop souvent lisse, Coach Nelson savoure aujourd'hui les honneurs qui lui sont accordés, lui qui n'aurait jamais imaginé prendre place sur le banc, comme il le confie aujourd'hui à ESPN.
« Je n’avais jamais pensé à entraîner. Je me suis toujours demandé ce que je ferais dans ce monde une fois à la retraite. C’est pourquoi j’ai essayé l’arbitrage. Je n’avais jamais vraiment connu d’autres coaches que ceux des Celtics. Je n’avais pas beaucoup d’affinité avec les autres coaches et j’avais joué si longtemps avec les Celtics que ce sont les seuls entraîneurs que j’ai connu. Je n’aurais même pas su qui appeler. »
Celui qui a débuté sur le banc de Milwaukee en 1976 a su depuis imposer sa patte avec ce que les observateurs appellent désormais le « Nellie Ball ».
« Je suppose que cela signifie jouer small ball, rapide avec des joueurs qui jouent hors position et tout ce genre de choses. C’est toujours marrant que les gens me parlent de cela. Je ne pense pas vraiment que ce soit exact. Vous jouez la 'Nellie Ball' quand vous n’avez pas une très bonne équipe ou quand vous avez plusieurs bons joueurs mais de petite taille ou alors peu de grands joueurs. Quand vous avez une mauvaise équipe, vous devez être créatifs pour gagner des matches que vous n’êtes pas supposés gagner. Je devais être innovant mais je n’innove pas quand je n’en ai pas besoin. Quand j’ai eu de bonnes équipes, je n’ai pas joué 'small ball'. »
Exemple de longévité, Nelson aura connu quatre équipes en tant qu'entraîneur. En 34 ans, il aura dirigé une pléiade de joueurs dont il a du mal à déterminer lequel a été le meilleur.
«  Sidney Moncrief, Dirk Nowitzki, Steve Nash, Chris Mullin, Tim Harway et Mitch Richmond. Je pense que ce sont les meilleurs joueurs. »
Il y en a néanmoins un qui se démarque aux yeux du technicien de 72 ans. C'est l'Allemand Dirk Nowitzki, drafté en 1998 par les Mavericks, alors entraînés par Nelson.
« Quand j’ai vu Dirk pour la première fois, il était le plus grand joueur de 17-18 ans que j’avais jamais vu […] Pendant une semaine entière, j’ai regardé Dirk jouer. Je n’avais pas vu beaucoup de jeunes joueurs, mais c’était le plus incroyable que j’avais vu de cet âge là. Je ne pouvais pas savoir de quoi il était capable. Paul Pierce était aussi disponible et il aurait pu être un excellent choix mais nous avons choisi Nowitzki pour sa taille et ses capacités. »
S'il fait aujourd'hui l'unanimité, Don Nelson, qui ne se sera jamais dégonflé face aux fortes têtes, aura tout de même connu quelques accrocs. On se souvient notamment du conflit ouvert qui l'avait opposé à Chris Webber à Golden State. Des clashs qui l'auront accompagné toute sa carrière, que ce soit avec Pat Ewing à New York ou plus récemment avec Mark Cuban. Des évènements qui l'ont un temps affecté mais qu'il analyse aujourd'hui avec philosophie.
« C’est derrière moi et ça ne me concerne plus. Je suis à un stade de ma carrière où je ne me souviens pas des mauvaises choses qui sont arrivées. Toutes les défaites douloureuses, tous les hauts et les bas… Je ne veux me rappeler que des bons moments. Je suppose que c’est comme d'accoucher, pour les femmes qui disent ne pas se souvenir de la souffrance quand elles regardent leur bébé. »
Et à l'heure des bilans, le bébé a aujourd'hui fière allure. Quintuple champion en tant que joueur avec Boston, Nelson n'aura pourtant jamais réussi à accrocher la moindre bague en tant qu'entraîneur. Une anomalie dans un palmarès unique. Mais l'un de ses plus grands regrets restera d'avoir raté l'occasion d'entraîner San Antonio
« C’est vraiment un regret [...] Popovich gardait le poste disponible pour moi. J’avais juste à m’assurer d’être libre. Je savais que j’allais me faire virer par Golden State, c’est ce que je cherchais mais ils ne m’ont pas laissé partir. Et ils m’ont viré quatre mois plus tard… »
En rejoignant les Spurs, il y aurait retrouvé son ami et ancien assistant Gregg Poppovich.
« Pop aurait été mon GM, ça aurait été amusant. »
Quand il prononcera son discours ce soir, l'homme aux 1335 victoires (record absolu) aura certainement un oeil dans le rétroviseur sur une longue carrière qui l'a propulsé au rang de légende.
« J’ai passé 50 ans en NBA. Vous vous imaginez faire la chose que vous aimez le plus au monde et y consacrer votre vie, et en plus gagner énormément d’argent avec cela ? C’est incroyable. Je suis le mec le plus chanceux du monde. Et j’en suis conscient. »
 

En 50 ans, forcément, on accumule des dossiers

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