Les Milwaukee Bucks ont choqué tout le monde en mettant à la porte Adrian Griffin, coach fraîchement nommé en juin dernier, et ce malgré une deuxième place à l’Est avec 30 victoires en 43 matches. Voilà un candidat au titre lancé à la recherche d’un nouveau coach au beau milieu de la saison. Une situation assez improbable. La franchise du Wisconsin aurait soudainement déjà trouvé le successeur de Griffin sur le banc. Doc Rivers est fortement pressenti pour sortir de sa « retraite » (il est actuellement consultant sur ESPN) pour reprendre le navire sept mois après son licenciement des Philadelphia Sixers.
Pour l’instant, rien n’a été officialisé. Les principaux insiders que sont Adrian Wojnarowski et Shams Charania ont fait de Rivers le favori pour récupérer le poste. Seul le géant américain CNN évoque un accord déjà trouvé mais qui n’a pas été confirmé depuis.
Doc Rivers à Milwaukee, une grosse erreur ?
Partons du principe que ce soit le cas. Selon les premiers éléments rapportés, le renvoi de Griffin s’expliquerait en partie par une mésentente avec les deux superstars de l’équipe Giannis Antetokounmpo et Damian Lillard. Le Grec aurait pourtant préféré le coach rookie à un entraîneur expérimenté comme Nick Nurse, champion avec les Toronto Raptors en 2019, pendant l’intersaison. Nurse qui est justement parti remplacer Rivers en Pennsylvanie.
Si jamais le « Doc » venait à poser ses valises dans le Wisconsin, ce serait le signe qu’il a été validé par Antetokounmpo (et éventuellement Lillard). Avec donc pour lui l’occasion de pouvoir compter à nouveau sur deux des vingt meilleurs joueurs de la planète. Un luxe dont il a bénéficié plusieurs fois au cours de sa carrière sur les bancs NBA.
Et ça donne envie de se demander pourquoi. Pourquoi les franchises aussi ambitieuses et armées en super talents tiennent autant à lui confier les commandes ? Pourquoi est-il perçu aussi souvent comme celui à même de tirer le meilleur profit de ce genre de joueurs ?
Doc Rivers dispose d’un pedigree finalement beaucoup plus impressionnant que son palmarès et une grande partie de son crédit repose sur le titre décroché en 2008 par les Boston Celtics, où il a inspiré son groupe avec la philosophie « Ubuntu. » Mais qu’en est-il depuis ?
Il a eu les Los Angeles Clippers de Chris Paul et Blake Griffin. Ils n’ont jamais passé le second tour des playoffs sous sa coupe, tout comme ses prédécesseurs. Ils ont même été éliminés une année après avoir mené 3 manches à 1 en demi-finales de Conférence. CP3 et Griffin sont partis mais Rivers a su rester en place. Il s’est retrouvé avec Kawhi Leonard et Paul George.
Cette équipe devait rouler sur la ligue. PG sortait de la meilleure saison de sa carrière et Leonard venait de gagner une deuxième bague. Ils ont perdu au second round contre des Denver Nuggets encore jeunes dans la bulle. Après avoir mené 3-1, faut-il encore le préciser. Au final, il n’aura jamais passé le cap du deuxième tour avec ce groupe. Alors que Tyronn Lue a guidé la franchise à sa toute première finale de Conférence après avoir repris le job. Ce malgré la blessure de Kawhi.
Les deux superstars des Clippers n’ont jamais été aussi investies avec Lue – qui sait aussi faire cohabiter James Harden et Russell Westbrook à leurs côtés – qu’avec Rivers. Malgré cet échec, ce dernier avait su rebondir en arrivant aux Sixers pour coacher Joel Embiid et Ben Simmons. Et là encore ? Défaite au second tour, yep. Contre les Atlanta Hawks de Trae Young, une équipe qui n’a plus fini dans le top-6 de la Conférence Est depuis.
Simmons a été pointé du doigt et traité comme le premier responsable de la sortie de route. Il a été remplacé par Harden. Pour quel résultat ? Une sortie au second tour des playoffs après avoir mené 3-2 en jouant un Game 6 à domicile contre les Boston Celtics. Là, ça devait être la fois de trop pour l’entraîneur. Il a effectivement été viré.
Ces mêmes Sixers n’iront peut-être pas plus loin cette saison mais ils jouent mieux avec Nurse, Joel Embiid s’éclate encore plus et l’ambiance n’a jamais semblé aussi sereine à Philadelphia depuis la montée en puissance du Camerounais. Doc Rivers pouvait enfin s’écarter des terrains et entamer une carrière de consultant. Un job dans lequel il excelle au passage.
Puis les Bucks seraient donc venus toquer à la porte. Mais pourquoi ??????? N’ont-ils pas suivi la NBA ces dernières années ? Rivers sait peut-être manager les egos – et encore – mais c’est un « players coach. » Et ça, ça marche bien avec des équipes moyennes où il parvient à tirer le plein potentiel de ses ouailles. Une formation qui vise le titre a besoin d’un tacticien hors-pair capable de s’ajuster constamment en playoffs et de faire fonctionner à la perfection une équipe aussi talentueuse.
La liste des derniers coaches champions NBA parle d’elle-même : Michael Malone, Steve Kerr, Mike Budenholzer, Frank Vogel, Tyronn Lue, Gregg Popovich, Erik Spoelstra… que des références. Ce ne sont pas juste des managers d’états d’âme. Ils ont une force tactique qui élève leur équipe. Vraiment pas sûr que ce soit le cas pour Doc Rivers. Mais ce serait pour lui une énième occasion de redorer son blason… ou de se planter à nouveau.