Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de ces Finales NBA 2014 un moment unique. Des stars à la pelle, la perspective d'un Three-peat historique d'un côté, celle d'un 4ème titre pour le trio Duncan/Ginobili/Parker de l'autre, et, surtout, une opposition de styles rarement vue. Le jeu collectif léché et tout en mouvement des Spurs, illustré par les 25,2 passes décisives de moyenne des Texans sur la saison (1er de la ligue), contre la puissance de feu des individualités du Heat, incarnée par les 62,6 points cumulés des Tres Amigos en moyenne par rencontre. Mais la réalité du terrain en a voulu autrement, en précipitant le Big Three du Heat vers sa fin, dès le 1er match. Flashback.
Meilleur bilan de la ligue (62-20), San Antonio a logiquement l'avantage de recevoir le Heat pour cette première manche. Une donnée importante pour toute série de playoffs, encore plus en ce 5 juin 2014. Car les conditions ne sont pas tout à fait normales ce soir-là, au AT&T Center. Et pour cause, le système de climatisation de la salle est en panne. Un comble dans le Texas, où les températures à cette période de l'année sont particulièrement torrides. Mais, surtout, un incident qui pèsera en fin de rencontre et de manière tout à fait inattendue.
Car les deux équipes se seront bel et bien montrées au niveau des attentes sur les trois premiers quart-temps d'un match très ouvert, marqué par 13 changements de leader au tableau d'affichage. Floridiens et Texans se rendaient coup pour coup et le Heat, à la faveur d'un LBJ saignant, auteur de 10 de ses 25 points lors du 3ème acte, virait en tête à l'entame de l'ultime période (78-74). Une courte avance que les coéquipiers de Dwyane Wade n'allait pas conserver très longtemps...
Car la température continuait de monter dans l'antre des Spurs, dépassant les 30°c. Des conditions difficiles pour les deux équipes sur le parquet, malheureusement insoutenables pour un seul homme: LeBron James. Porteur d'un micro ce soir-là, le King, qui durant le match lâchait "je vais avoir besoin d'eau plus fraîche, ils essaient de nous enfumer", était soudain pris de violentes crampes. Dans l'impossibilité de se replier en défense, à peine capable de quitter le terrain sur ses deux jambes, James laissait les téléspectateurs du monde entier ébahis devant leur écran.
L'ex Cavalier quittait donc le parquet à 7 minutes de la fin du match, remplacé par Rashard Lewis, alors que Miami menait encore au score (86-84). Mais la sortie du quadruple MVP allait précipiter la chute des hommes de South Beach. San Antonio plaçait un 10-4 à la défense floridienne en moins de 3 minutes pour reprendre les commandes du match (90-94), forçant James à revenir sur le terrain, malgré la douleur. Le moment choisi par les Spurs pour définitivement mettre la tête du Heat sous l'eau, à la faveur d'un terrible 16-3 infligé par les éperons à Chris Bosh & Co jusqu'au coup de sifflet final (36-17 sur 4eme QT).
Miami, giflé dans le money time, moqué pour la friabilité de son mental, raillé pour la fragilité de son leader, ne se relèvera pas. Et si les joueurs d'Erik Spoelstra égalisaient, à l'orgueil, au match 2, San Antonio répondait par 3 succès autoritaires de rang (17,0 points d'écart en moyenne) pour plier la série en 5 matchs. Game Over.
San Antonio savourait le 4ème titre de son trio de légende alors que le jeune Kawhi Leonard, élu MVP des Finales en coiffant d'un cheveu son coéquipier Tony Parker, se révélait aux yeux du monde. De son côté, Miami pensait ses plaies et sentait le vent tourner. En fin de contrat au Heat, le Chosen One décidait de rentrer chez lui. Débarqué en Floride avec "ses talents" en provenance de Cleveland quatre ans plus tôt, LeBron faisait le chemin inverse pour continuer d'écrire sa légende dans l'Ohio. Un départ qui marquait la fin de l'aventure des Heatles.