On n'était pas forcément prêts psychologiquement à dire adieu à Tim Duncan il y a deux ans. On ne l'est pas beaucoup plus aujourd'hui à l'idée de ne plus voir Dirk Nowitzki. Toutes les bonnes choses ont une fin et l'aventure du Wunderkind en NBA connaîtra son issue tôt ou tard. Dirk s'est laissé, a priori, une saison supplémentaire au-delà de celle-ci. Alors qu'il reste moins de 20 matches à disputer, il est temps de profiter de la présence de l'Allemand sur les parquets et dans le paysage NBA. De se rendre compte qu'il est tout bonnement l'un des meilleurs joueurs de l'histoire de la ligue, en même temps que l'un de ses représentants les plus exemplaires et admirables. Toujours disponible en interview, toujours lucide dans ses propos sans jamais manquer de respect à qui que ce soit. Ca n'enlève rien au côté chambreur et parfois mordant que ses coéquipiers ont souvent décrit au fil des ans. Un autre trait de caractère qu'il partage avec le Big Fundamental.
Comme Duncan en 2016, Dirk n'est évidemment plus le même qu'il y a 10 ans. Ou même simplement qu'il y a 7 ans, au sortir d'une campagne de playoffs victorieuse marquée par un titre. Qu'importe, Nowitzki est un grand et continue de se comporter comme tel. A 39 ans, l'emblème des Dallas Mavericks n'est pas aussi cuit qu'ont pu l'être des stars de son envergure par le passé à cet âge. Son jeu n'a jamais été basé sur les qualités athlétiques, mais l'hygiène de vie qu'il s'est imposée et son professionnalisme l'ont aidé à rester un atout et une présence rassurante et solide sur le parquet. A coups de fadeaways, Dirk Nowitzki a récemment passé la barre des 31 000 points en carrière et est actuellement le 6e meilleur marqueur de l'histoire de la NBA. Quand on repense aux débuts difficiles de l'intérieur malingre jugé trop soft pour s'imposer à la fin des années 90, le chemin parcouru est fou.
A l'approche de la quarantaine, Dirk a continué de polir son jeu et de le faire évoluer en fonction de la tendance. Le voilà à 43.9% d'adresse extérieure, son plus haut pourcentage en carrière, cette saison. Le voir marquer sur ses 5 premières tentatives "from downtown" mardi contre Denver nous a donné quelques frissons et a ravivé notre flamme pour le MVP 2006. Idem pour son approche aux antipodes de ce qui se fait en NBA aujourd'hui. Mark Cuban aimerait voir son équipe perdre autant de matches que possible sans que les instances ne l'accusent de tanking. Pour le propriétaire de la franchise, le salut et l'après-Dirk passe par là. Pour Dirk Nowitzki, qui entretient des rapports quasi fraternels avec Cuban, cette stratégie a tout de l'hérésie et il ne s'est pas privé de le dire.
"A Dallas, on ne peut pas vouloir d'une culture qui incite à abandonner, démissionner et ne pas jouer dur. Cela donne selon moins un mauvais ton pour l'avenir. Il est important pour nos plus jeunes d'apprendre à être compétitifs tout le temps, à jouer dur. La seule façon de s'améliorer et de jouer dans cette ligue, c'est ça", avait-il lâché sur ESPN.
Traduction : "le tanking, c'est pour les faibles et je pense avoir mérité mieux que ça pour finir ma carrière".
Depuis ce coup de gueule, les Mavs ont relevé la tête et, s'ils ont perdu contre des adversaires souvent plus forts qu'eux, la compétitivité affichée face aux Pacers ou aux Nuggets mardi prouve que le message est passé. Dallas ne jouera pas les playoffs, mais pourra se regarder dans la glace une fois la saison terminée. Les joueurs qui composeront cette équipe dans les années qui viennent, lorsque Dirk Nowitzki goûtera un repos bien mérité, sauront qu'ils ne sont pas autorisés à trahir l'héritage laissé par l'Allemand. Au-delà même de cette bague glanée en 2011 face au Heat de LeBron James, c'est peut-être là le plus beau des accomplissements.
Les stats de Dirk Nowitzki cette saison
12.5 points et 5.7 rebonds à 46.6% d'adresse (43.9% à 3 points).