Derrick White était juste censé suppléer le prometteur Dejounte Murray à la mène cette saison. Cette nuit, c’est un autre Murray, Jamal, qu’il a mangé tout cru. Avec la sévère blessure de son coéquipier (Dejounte donc), le natif de Parker – bien trouvé pour un homme qui prend le relais de TP – a eu une opportunité de se montrer. Cette nuit, il était le héros d’une équipe des San Antonio Spurs tombeuse des Denver Nuggets (118-108). Les éperons mènent désormais 2-1 avec l’occasion de prendre un avantage crucial lors du Game 4 disputé sur son parquet ce weekend.
Tout ça n’aurait jamais été possible sans White. Il s’est comporté comme un patron hier soir. Hurlant après chaque panier. Agressant sans cesse la défense des Nuggets, à commencer par un Jamal Murray complètement déstabilisé. Et dominé. Une revanche du Game 2, quand le meneur de Denver enfilait les paniers sur son vis-à-vis dans le money time pour faire gagner les siens. Cette fois-ci, c’est lui qui a pris la sauce. Il n’a marqué que 6 points. Surtout, il a subi de plein fouet les 36 pions du jeune joueur de San Antonio. Record en carrière.
« Je n’avais pas digéré [le match précédent] », avouait le meilleur joueur du soir.
Le meilleur joueur du soir… mais aussi peut-être de la série. Du moins jusqu’à présent. Derrick White est plus qu’un facteur X. Même si c’est vrai qu’il a particulièrement fait la différence avec son agressivité cette nuit.
« Il a joué comme s’il n’avait pas mangé depuis deux jours », remarquait Mike Malone, coach battu et toujours adepte des métaphores culinaires (il avait un jour déclaré que Russell Westbrook jouait « comme si quelqu’un avait pissé dans ses céréales »). « Il avait faim et il a envoyé un message très fort et très clair. Il n’y a aucun doute qu’il a entendu parler de la performance de Jamal Murray dans le quatrième quart temps du match précédent. »
Un avant et un après Derrick White aux Spurs
Pour White, c’est une revanche. Mais pas juste contre Murray. Plutôt contre le système, qui l’a longtemps sous-estimé. Passé par l’université de Colorado, il n’était pas forcément un prospect coté à sa sortie de la faculté. Typiquement le genre de joueur qui finit par débarquer à San Antonio. Les Texans l’ont répété et ils ont drafté avec le 29ème choix en 2017. Mais sa saison rookie est restée très discrète, seulement 17 matches et 3 points de moyenne. Autant dire que personne ne s’attendait à ce qu’il prenne une telle ampleur un an plus tard. Quand on jetait à l’œil au roster des Spurs, on ne se disait pas que ce type allait porter l’équipe. Même après la blessure de Murray. Au contraire, on se disait qu’ils étaient dans une situation inconfortable.
C’est toujours délicat de parler, en France, du changement de statut de la franchise mythique de San Antonio. Déjà pour une raison simple : Gregg Popovich finit toujours par nous donner tort à un moment donné. Mais il faut tout de même reconnaître que son équipe squattait vraiment le ventre mou du classement à l’Ouest pendant un bon moment cette saison. Puis White s’est pointé, révélé et il a hissé l’équipe vers du changement. Il n’était pas le joueur majeur. Mais son éclosion a donné une autre saveur à une attaque un peu vieillotte et en panne d’efficacité. Une statistique pour illustrer : cette saison, les Spurs sont à 13 victoires et 14 défaites quand le sophomore était absent ou remplaçant. Alors qu’ils sont à 35 succès et 20 revers quand il était titulaire ! Assez parlant, non ?
Il a été décisif dans la série de victoires qui a replacé l’équipe au classement. Et il est maintenant décisif dans cette série de playoffs. Un héros atypique. Un héros surprenant. Mais un héros quand même.