Pourquoi les Nuggets ne décollent pas malgré un Nikola Jokic historique

Nikola Jokic affiche un niveau de jeu rarement vu dans l'Histoire de la NBA. Et pourtant, ses Denver Nuggets sont hors du top-6 de la Conférence Ouest.

Pourquoi les Nuggets ne décollent pas malgré un Nikola Jokic historique

Deuxième aux points avec plus de 32 unités chaque soir. Premier aux rebonds avec 13 prises. Deuxième également à la passe avec 10 caviars. Un triple-double de moyenne. Un différentiel supérieur à toutes les superstars de la ligue, à l’exception de Shai Gilgeous-Alexander et Jayson Tatum. Premier au PER, l’indice d’évaluation des joueurs NBA. Nikola Jokic est en train de pondre une saison absolument historique, au-delà même de ses propres standards. Et c’est sans même mentionner toutes les statistiques avancées qui illustrent à quel point il domine la plus grande ligue au monde.

Pourtant, les Denver Nuggets sont cantonnés à la septième place de la Conférence Ouest avec un bilan légèrement positif : 12 victoires et 10 défaites. Ils ont même perdu 7 de leurs 12 dernières rencontres. Dont un revers honteux contre les Washington Wizards, qui restaient sur 16 défaites consécutives avant de venir à bout des champions 2023. Une période délicate qui met en avant les faiblesses de l’équipe du Colorado.

« Là d’où je viens, après un enchaînement comme ça, vous allez avoir un peu moins d’argent sur votre fiche de paie. Peut-être que c’est ce qui nous faudrait. Un petit surplus de motivation », soulignait Jokic. La superstar réclamait « une réaction » de ses partenaires. Les Atlanta Hawks ont pris le tarif dans la foulée, avec 30 points d’écart en faveur des hommes de Michael Malone. Mais les lacunes des Nuggets sont bel et bien réelles et elles peuvent inquiéter en vue des playoffs.

Le plus gros point faible est bien documenté sur le plan statistique. Denver excelle avec le Serbe sur le terrain mais s’écroule complètement dès qu’il se repose. La différence de rendement est gigantesque. Denver affiche le meilleur rating offensif de toute la ligue avec Jokic et le pire sans lui. L’équipe est tellement articulée tout autour de lui que ses camarades donnent parfois l’impression de ne pas savoir quoi faire dès qu’ils doivent jouer sans leur point d’ancrage.

« Je prie », avoue Malone en faisant référence aux minutes disputées sans le Joker. « On doit jouer trouver le moyen de rester à flots quand Nikola est sur le banc. » Le coach n’a pas encore trouvé la bonne formule. Généralement, il mixe un ou deux titulaires, Jamal Murray, Michael Porter Jr ou Aaron Gordon, avec deux ou trois remplaçants dont Russell Westbrook. Mais aucun d’entre eux ne parvient réellement à prendre l’attaque à son compte.

Le banc des Nuggets manque de talents, et ça s’explique par le fait que les dirigeants ont préféré rester prudents dans la foulée du premier sacre de l’organisation. Ils ont refusé de mettre le prix pour conserver les vétérans Bruce Brown puis Kentavious Caldwell-Pope en préférant miser sur la jeunesse et le développement interne de Christian Braun, Peyton Watson ou encore Julian Strawther. Un pari qui n’a pas encore payé pour l’instant. Braun réalise une belle saison sur le plan individuel (15 points et 5 rebonds à 57% aux tirs et 43% à trois-points) mais la défense de Denver a pris du plomb dans l’aile avec le départ de KCP.

Watson et Strawther n’ont pas l’étoffe de joueurs capables de contribuer régulièrement dans une rotation serrée d’un candidat au titre. En tout cas pas encore. Mais ils ont le temps. Aucun d’entre eux n’a plus de 23 ans. Leur apprentissage se poursuit, même si ça ralentit les Nuggets. Ça donne parfois l’impression que Nikola Jokic est trop esseulé. Mais ça, c’est surtout le tort de ses partenaires vétérans.

Murray est décevant, en plus d’être sujet aux blessures. Le Canadien, en difficulté depuis plusieurs mois, convertit seulement 42% de ses tentatives cette saison (33% derrière l’arc). Porter Jr est en progression mais pas au point de s’affirmer comme un potentiel All-Star, ce qui était un temps espéré pour permettre à la franchise de passer un nouveau cap. En fait, il n’y a pas un joueur capable de vraiment faire des différences balle en main et d’attirer l’attention de la défense adverse quand Jokic n’est pas là.

Les Nuggets sont avant-derniers au nombre de drives tentés chaque soir. Ce n’est pas forcément grave en soi, les Boston Celtics figurent eux aussi dans le « worst-5 » de la ligue par exemple. Sauf que les champions en titre sont bien plus efficaces sur ces drives, là où Denver que 20,1 points. La pire marque NBA. Sans décalage, il est parfois difficile de trouver des bons tirs.

Mais la plupart des problèmes de l’équipe sont surtout défensifs. « On prend 125 points chaque soir donc on doit être les pires en NBA dans ce domaine », notait Jokic, frustré. En réalité, ils encaissent 113,6 points sur 100 possessions. Ce qui les classe dans le ventre mou (16eme). Le plus fou, c’est qu’une partie des contre-performances en défense sont clairement évitables. Denver est l’une des 5 formations qui prend le plus de points en transition (17,4). Peut-être par manque de qualités athlétiques – Jokic ne revient quasiment jamais – peut-être parce que Gordon a raté des matches mais surtout par manque d’efforts.

C’est à la fois le plus inquiétant et le plus rassurant. D’un côté, il y a un défaut qui peut être corrigé avec plus d’envie et une meilleure implication de chacun. De l’autre, c’est assez troublant qu’une franchise aussi ambitieuse manque autant de motivation quand il s’agit de ralentir l’adversaire. Et ce manque d’efforts se retranscrit dans d’autres aspects du jeu. Les Nuggets sont aussi derniers ou parmi les derniers aux nombre d’écrans-retard et de « loose balls » remportées.

A ce rythme, Nikola Jokic et ses partenaires ne pourront pas défendre leurs chances sans une « vraie » réaction comme celle demandée par le triple MVP. Il leur reste du temps pour se renforcer. Il suffit éventuellement d’une pièce sur le banc pour débloquer un lineup cohérent quand le colosse se repose. Le problème, c’est qu’en attendant, il enquille les minutes. Beaucoup de minutes. 37 par match.

Un transfert d’envergure paraît peu envisageable. Jamal Murray n’est même pas disponible étant donné qu’il a récemment signé une extension au max. Michael Porter Jr a de la valeur, mais sans doute pas au point de rapporter un All-Star en échange. Denver n’est pas bloqué pour autant. Un joueur signé après un buyout et un trade à la marge peuvent suffire à renforcer le deuxième cinq. Ensuite, il faut une prise de conscience collective. Un investissement permanent et des habitudes à construire pour gagner en régularité. Parce que tant que Nikola Jokic est là, ces Nuggets seront redoutables. Ce serait juste dommage de passer à côté du prime de l’un des basketteurs les plus talentueux de l’Histoire.

Le problème de Denver c'est qu'ils ont deux joueurs au max qui ne le méritent pas.
Difficile avec 3 joueurs au max de construire une équipe qui joue le titre parce que les roles players de talent sont chers.
Les Suns sont dans le même cas et n'ont pas la chance de compter le meilleur joueur du monde dans leurs rangs.
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