« Baby Rondo » et « jeune Tony Parker »
[caption id="attachment_229773" align="alignleft" width="300"] Rajon Rondo, un modèle pour Dennis Schröder ?[/caption] 13 février 2015, Barclays Center, Risings Stars Challenge. Sur le parquet, Denis Schröder mène la danse coté World Team. Ses stats du soir : 13 pts, 9 assists et 3 interceptions. Dans les tribunes, les commentateurs d'ESPN se lâchent. Le qualifiant de « jeune Tony Parker ». Ou encore de « magicien ». Une enflammade ? Sûrement. Mais pas la première. Car Dennis Schröder s'attire les louanges des observateurs depuis bien longtemps.« Tout le monde dit que je joue comme Rondo » lâchait-il avant d'être drafté en 17ème position en 2013 par Atlanta.Tout le monde, dont l'ancien NBAer Jalen Rose, selon qui la différence entre les deux meneurs ne tient qu'à l'âge :
« Schröder est comme Rajon Rondo, mais en plus jeune. »Un joli compliment pour l'Allemand, qui a fait de l'ancien meneur des Celtics son idole. Cette idole passée chez les Mavericks qu'il a donc également assommée le 22 décembre dernier. Si les fans l'ont vite surnommé « Baby Rondo », Dennis Schröder, lui, ne veut pas aller trop vite en besogne :
[superquote pos="d"]« Schröder est comme Rajon Rondo, mais en plus jeune. » Jalen Rose[/superquote]« Il ne faut pas prendre ces compliments trop littéralement, même si bien sûr c'est génial. »Les compliments, Dennis y est habitué depuis son plus jeune âge. Lors de la saison 2012-2013, il reçoit le titre de meilleur jeune joueur allemand et de Most Improved Player en German League avec les Phantoms Brauschweig. C'est certainement un atout sur lequel il peut compter : Dennis Schröder a appris durant deux saisons les exigences du professionnalisme en Allemagne. Avant d'être drafté. Et de faire (déjà) parler outre-Atlantique :
« Schröder se détache par un jeu mature et patient, malgré le fait qu'il soit l'un des plus jeunes joueurs ici » observe Kurt Hellin, journaliste à ProBasketballTalk présent lors de la Summer League en 2013. « Ce qui marque le plus quand on le voit jouer, c'est la qualité de sa défense. »Kurt Hellin interroge donc l'ancien assistant de Mike Budenholzer, Quin Snyder :
« Je pense que cela vient de son expérience en Europe. Il vivait comme un professionnel. Il jouait face à deux joueurs qui étaient professionnels depuis 8, 9, 10 ans et son jeu le reflète. »Le désormais entraîneur des Utah Jazz met quant à lui l'accent sur les qualités offensives de l'Allemand :
« Peut-être que sa plus grande capacité est d'éviter les écrans sur les picks-and-rolls. »Avant même la Draft, de nombreuses franchises NBA étaient séduites par Schröder. Un scout :
« La manière dont il se déplace dans et en dehors de la raquette, la manière qu'il a de créer, c'est un joueur très talentueux et de très haut niveau. »Un dirigeant d'une franchise de l'Ouest :
« Il ne m'échapperait pour rien au monde. Il a de longs bras et des skills très dynamiques. »Qu'il se rassure, Dennis Schröder n'est pas passé entre les mailles du filet.
Portrait dans le Der Spiegel et vidéos de TP
Finalement, c'est à l'Est que Dennis sera drafté. A Atlanta, dans une équipe collective où l'attaque est basée sur le jeu de passes et l'adresse au shoot. Ce qui a tendance à faire oublier que Dennis Schröder, 1m85 pour 76 kilos, devra certainement passer par la salle de musculation pour pouvoir jouer de son physique. Comme l'a fait hier Anthony Davis à son arrivée dans la Ligue. S'il comprend vite qu'il devra s'adapter à ce jeu qu'il qualifie lui-même de « plus athlétique », sa vitesse, sa vision de jeu et sa rigueur défensive impressionnent. Conséquence logique, tout le monde commence à s'interroger : pourquoi cette mèche blonde ? Le syndrome Paul Pogba ? Non, Dennis Schröder n'est pas un amateur du ballon rond. Il y préfère la planche en bois.« Quand j'avais six ans, mon frère m'a emmené au parc près de chez nous à Braunschweig, en Allemagne. Il m'a appris à skater » raconte Dennis, qui avoue que « le skate était mon premier sport préféré. » confie-t-il dans un long entretien accordé à Grantland.Dennis Hawk à l’œuvre [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=fzWn6I7RG44[/youtube] [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=9k5WDIG-440[/youtube] Une activité qu'il pratique encore « pour le plaisir ». Et cette mèche blonde ? Une demande de sa mère de le voir teint en blond. Qu'il n'a que partiellement acceptée. Outre-Rhin, le parcours de Dennis Schröder fait écrire bien des lignes. Au point que le Der Spiegel, géant de la presse allemande, lui consacre un portrait en octobre 2013. Titrant : « Un enfant prodige allemand entre en NBA ». Et l'avertissant :
« Si les choses se passent bien, Schröder pourrait devenir le prochain Dirk Nowitzki. Si les choses tournent mal, il passera d'équipe en équipe comme une valise abandonnée, avant de revenir en Europe plein de désillusions. »Un Allemand averti en vaut deux... Mais même sans le Der Spiegel, Dennis Schröder le sait : il doit encore travailler. Beaucoup. Notamment son adresse. Lors de la Summer League 2013, il obtient seulement 34% de réussite au shoot. Pire, 29% à trois-points. Expert en la matière, Kyle Korver l'avertit :
« Dennis doit travailler et améliorer son shoot »Puisqu'un rookie doit savoir se rendre indispensable, Denni Schröder a dû se battre pour s'imposer chez les Hawks. Il a traversé des moments de doute, de méforme, d'adaptation. En décembre 2013, il est renvoyé en D-League par les Hawks. Direction les Bakersfield Jam. Douze jours seulement. Comme un avertissement. Alors Dennis bosse. Back-up de Jeff Teague, il apprend chaque soir aux côtés du All-Star. Les All-Star, Dennis les admire. Notamment John Wall, qu'il décrit comme le plus rapide adversaire qu'il ait jamais croisé. Mais aussi Tony Parker.
« J'ai regardé beaucoup de vidéos. De Tony Parker en particulier, pour voir comment il utilise sa vitesse et sa capacité à aller au panier. A chaque fois que j'en regarde une, j'essaie ensuite de faire la même chose. »Et ça paie : en 19 minutes de jeu par match cette saison, il inscrit 9 points, récupère 2 rebonds et distribue 4 assists à ses coéquipiers. Son adresse ? Dennis est passé de 38% la saison dernière à 43% cette saison. A trois-points, de 23% à 33%. Tout le monde n'a pas Kyle Korver comme professeur... Lorsqu'on le sollicite pour remplacer Jeff Teague le 15 mars dernier, Dennis répond également présent. Signant un record en carrière avec 24 points, accompagnées de 10 assists pour tuer les Lakers. L'avant-veille, il se faisait (encore) remarquer face aux Suns. Postérisant Archie Goodwin. Puis le défiant du regard. Résultat : une faute technique. Car à 21 ans, le jeune Schröder a déjà du caractère.
Trashtalking et shoot à la Larry Bird
A 17 ans, Dennis Schröder choisissait ses coéquipiers de la Nationalmannschaft auxquels il distribuait des ballons. Expliquait viser la NBA. Et passait pour un jeune très ambitieux. Voire arrogant.« J'ai toujours voulu jouer en NBA, et je l'ai dit très tôt à mes amis » raconte-t-il, sans complexe.Alors, ambition, culot, arrogance, grande-gueule ou insouciance ? Dennis Schröder sait en tout cas faire monter la température quand il le faut. Comme lors de ce shoot à la manière de Larry Bird face aux Wizards. Comme lors de ce face-à-face qui a failli laisser des traces sur les parties intimes de DeMarcus Cousins. Comme lorsque le jeune allemand oublie que Tim Duncan et Kawhi Leonard se trouvent sur son passage. Tenter de voler les bijoux de famille de « Boogie », dunker sur la tête des cadors des Spurs ou imiter l'une des légendes de la Ligue en réussissant un shoot que même Nick Young a raté (joke) : Dennis Schröder a du cran. Un jeune à l'ancienne, en somme. [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=0NMMFVYabSI[/youtube] [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=EJb3bw30M1c[/youtube] [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=yU_SZ0OsfPs[/youtube]
« Ici, je joue chaque soir contre les meilleurs meneurs du monde. Tu dois être prêt à ça. En Allemagne, le jeu est plus lent. Il y a aussi plus de trashtalking ici. » explique-t-il.Là encore, le meneur des Wizards a marqué celui des Hawks :
« John Wall parle beaucoup. Je faisais la même chose en Allemagne, mais ici c'est plus dur car ce n'est pas ma langue maternelle. Mais le trashtalking, c'est le basket. Chacun veut prendre l'avantage sur l'autre. »Dennis Schröder veut se mettre au trashtalking ? Ce qui devait arriver arriva : un adversaire s'est moqué de sa mèche blonde. Plutôt facile. Mais pas de quoi le déstabiliser.
« Ma mère m'a dit de le faire, donc je m'en fous. »Dennis Schröder ne veut pas décevoir sa mère, originaire de Gambi et coiffeuse à Braunschweig. Tout comme il n'a pas voulu ne pas tenir la promesse qu'il a faite à son père deux semaines avant sa mort : celle de rejoindre la Grande Ligue. Alors pour lui offrir le plus beau des hommages, il a multiplié les efforts pour tenir sa parole. Ce qui n'était qu'une ambition est devenu une obsession. Un paternel auquel il rend hommage sur son bras gauche, via les termes « Rest in peace ». Dennis n'avait que seize ans au moment de la crise cardiaque de son père. A l'époque, il était mis à l'essai chez les moins de 16 ans de la sélection allemande. Les années, il a ensuite joué avec les moins de 18 ans. Puis de 20 ans. Enfin, en juillet 2014, il est appelé chez les A. Retrouvant un certain Dirk Nowitzki. Cinq mois plus tard, sur les parquets de la Grande Ligue, il le lui confirmait : le nom de Schröder sera désormais associé à un nouveau chancelier allemand. Du moins en NBA.