Teinture blonde et maillot or assortis. Numéro soixante-treize dans le dos. Des scènes rares de Dennis Rodman avec la tunique des Lakers en 1999. Son arrêt express à Los Angeles est souvent oublié. Parce qu’éphémère et anecdotique. Vingt-trois matches entre la fin février et la mi-avril. Mais où qu’il aille, « The Worm », qui fête ses 62 ans aujourd'hui, reste ce personnage si particulier. Et son étape dans la cité des anges nous offre elle aussi quelques histoires croustillantes.
D’abord, le contexte. La NBA traverse une période délicate à l’été 1998. Les Bulls, équipe phare sacrée lors des trois dernières saisons, sont démantelés par Jerry Krause. Ce qui entraîne une redistribution des cartes. Michael Jordan part (encore) à la retraite. Scottie Pippen se retrouve aux Rockets. Ce qui entraîne une redistribution des cartes. Sauf que la ligue est à l’arrêt pendant plusieurs mois. Une grève patronale, des négociations qui s’éternisent… et un championnat qui reprend finalement pour cinquante matches.
Les Lakers pour un nouveau titre ?
Pendant ce temps-là, Rodman se la coulait douce. Et il ne pensait sans doute pas rejouer au basket de si tôt. Jusqu’à ce qu’il rencontre Jerry Buss, propriétaire des glorieux Lakers.
« Il m’a dit ‘Dennis, je veux que tu joues pour moi.’ Je n’avais pas joué depuis six mois. Je pensais que ma carrière était terminée. Il me dit qu’il a toujours voulu que je joue pour lui. Puis un jour je me pointe à une conférence de presse. Je croyais que c’était une blague. Et je me suis finalement retrouvé aux Lakers », raconte l’intéressé.
Son impact sur les Californiens est immédiat. Neuf victoires de suite. Sauf que l’ancien joueur des Bulls et des Pistons arrivent rapidement à bout à cause des disputes permanentes entre Shaquille O’Neal et Kobe Bryant. Et du coup… il décide de faire ce qu’il fait de mieux dans ces moments-là : il s’octroie lui-même des vacances au beau milieu de la saison.
Dennis Rodman se barre à Las Vegas... again !
« J’ai dit à l’équipe qu’il fallait que je fasse un break. Je ne pouvais plus supporter ça. Je peux supporter la célébrité. L’argent. La gloire. Mais je ne pouvais pas supporter ces jeunes gars qui n’arrêtaient pas de se plaindre. Je n’étais pas habitué à ça.
Dans le vestiaire. Dans le bus. Toujours en train de pleurer. Je ne pouvais plus. J’ai fait un break et je suis parti à Vegas. »
Dennis Rodman est finalement revenu un peu plus tard. Et les Lakers ont gagné quelques matches de plus. Mais c’est le groupe, et surtout le coach, Kurt Rambis, qui a fini par se lasser. Se lasser des retards à répétition de son vétéran. Au point de demander à ce qu’il soit coupé. Les dirigeants Mitch Kupchak et Jerry West l’ont écouté et Rodman a été remercié.
« C’est une période de l’année où nous avons besoin d’être vraiment concentrés », notait le coach en avril 1999. « Je pense que c’était meilleur pour l’équipe. »
Un renvoi « justifié » selon le jeune Kobe Bryant. Juste avant les playoffs. Sans leur intérieur titulaire, les Lakers ont été sortis en demi-finales de Conférence par les Spurs. Un sweep, 0-4, avec personne pour défendre sur un Tim Duncan trop dominant. Le joueur de 38 ans a donc joué vingt-trois matches, pour dix-sept victoires. 2,1 points et 11,2 rebonds de moyenne. Des succès. Des frasques. Des rebonds. Un trip à Vegas. Du pur Dennis Rodman.