Toujours les mêmes questions. Quel joueur serait Stephen Curry s’il avait commencé sa carrière dans les années 80 ? Comment les défenses actuelles ralentiraient Shaquille O’Neal s’il était encore en activité ? Michael Jordan tournerait-il à 40 points par match dans les années 2010 ? Des débats qui peuvent sembler futiles, parce que sans réponse, mais qui animent notre passion du basket et de la NBA. Alors imaginons encore un autre monde parallèle. Imaginons celui où David Robinson débarquerait dans la ligue aujourd’hui.
Sa « hype » pourrait s’apparenter à celle d’un Zion Williamson, non ? Parce que si les deux joueurs n’ont rien en commun a priori, ce sont tous les deux des monstres de la nature. Souvenez-vous de Robinson. Une montagne de muscles… de 2,16 mètres ! Un géant taillé dans le marbre, avec des réacteurs dans les jambes. Un pivot très athlétique, puissant, agile, mobile et évidemment technique. Ils n’en font plus des comme ça. Un phénomène rare. Disparu ou presque. Dans la NBA actuelle, il serait un Joel Embiid en plus fort. Vous imaginez ?
Mais plutôt que d’inventer une histoire qui n’existe pas, concentrons-nous sur celle qui s’est déroulé entre 1987 et 2003, de sa draft, en première position évidemment, à sa retraite après un nouveau titre avec les San Antonio Spurs.
David Robinson, un parcours atypique dans... l'armée
Remontons même un peu plus loin dans le passé. Au début des années 80. Quand le natif de Floride était encore un lycéen d’un mètre soixante-quinze. Il s’est essayé brièvement à la balle orange. Avant de rapidement abandonner. Un excellent élève, mais pas nécessairement un sportif. Ou pas un basketteur plutôt. Jusqu’à sa dernière année, après une poussée de croissance. Et là, la révélation. Le meilleur joueur de son équipe. Mais c’était trop tard et trop insuffisant pour vraiment attirer l’œil des principaux programmes universitaires du pays. Pas de Duke, de North Carolina ou de Georgetown – l’antre des pivots – pour lui. Direction l’armée et plus précisément la marine.
David Robinson a même réussi à mener la Naval Academy aux portes du Final Four en 1986. Un an plus tard, il se présentait à la draft. Les Spurs l’ont sélectionné en première position. Le début d’une grande carrière ? Et bien pas encore… engagé, le Lieutenant effectue deux années de service avant de débarquer chez les pros. Il arrive dans un milieu impitoyable avec un diplôme de mathématique en poche et un poste d’ingénieur. Ça dénote en NBA.
Des performances hallucinantes et historiques
Mais ça ne l’a pas empêché de s’imposer sur les parquets et dans les raquettes. Bien au contraire. Comprenons qu’à l’époque, la franchise de San Antonio était l’une des plus mauvaises du championnat. Seulement 21 victoires en 1988-1989. Et là, tout change. Prêt physiquement et mentalement, le rookie de 24 balais compile 24 points, 12 rebonds et 4 blocks de moyenne pour sa toute première saison dans la ligue ! Vous imaginez l’engouement que provoquerait un joueur avec de telles statistiques de nos jours ?
Mieux encore, sa présence transforme les éperons. Ils gagnent 56 matches en 1990. 35 matches de plus que l’exercice précédent. Un record à l’époque. Le tout sous l’impulsion du pivot, déjà All-Star. Et il ne s’est pas arrêté là. Joueur phare de la ligue, il est l’un des six hommes à avoir un jour inscrit 70 points ou plus lors d’un match NBA. Ça vous classe un type, n’est-ce pas ? Et le contexte est assez formidable.
Il était à la lutte avec un jeune Shaquille O’Neal pour le titre de meilleur marqueur du championnat. La star d’Orlando comptait une courte avance. Mais c’était sans compter sur la performance éblouissante de Robinson pour la dernière journée de la saison. 71 points sur la tronche des Clippers pour finir avec 29,8 pions par rencontre. Devant Shaq.
Et ce n’est même pas la performance la plus dingue de sa carrière. Qu’est-ce qui peut être encore plus unique que 71 points ? Et bien un quadruple-double. La même année. Quelques mois plus tôt, il a posté 34 points, 10 rebonds, 10 passes et 10 blocks face aux Pistons. Il est donc l’un des quatre joueurs de l’Histoire à avoir réussi pareil exploit (avec Hakeem Olajuwon, Nate Thurmond et Alvin Robertson). Un an plus tard, en 1995, il était élu MVP de la ligue avec 27 points, 11 rebonds et 3 blocks au compteur. Une machine.
Un pivot élégant, capable de marquer de près ou de loin, de détruire ses joueurs au poste ou de cavaler en contre-attaque. Parce que malgré la présence de leur colosse, les Texans essayent de jouer vite. Du moins pour l’époque. Mais vu ses caractéristiques, tout porte à croire qu’il aurait été un joueur phénoménal, même dans le basket moderne.
Seul zone d’ombre, son mental parfois défaillant. David Robinson n’a jamais pu mener les Spurs aux sommets de la ligue avant l’arrivée de Tim Duncan. Son équipe était parfois favorite à l’Ouest. Mais Olajuwon l’a malmené. Et c’est dans la peau d’un… lieutenant qu’il a décroché sa première bague en 1999. Puis une autre, pour sa dernière année, en 2003. Sa carrière mérite tout de même d'être soulignée. Il est l'un des meilleurs joueurs de l'Histoire. Encore plus à son poste. Un MVP. Un membre de la 'Dream Team' de 1992. Un champion Olympique donc. Un multiple All-Star. Un grand monsieur, tout simplement.