Damian Lillard fête ses 33 ans aujourd'hui. Pour sortir un peu de l'actualité pesante autour de son trade, on a quand même eu envie de rappeler, pour l'occasion, pourquoi on aimait "Dame" au-delà de ses prouesses sur le terrain. On vous repropose donc cet article datant de mars 2021, juste après un carton à 50 points et 10 passes contre les Pelicans.
Vous voyez ces interviews d'après-match, souvent fades et pleines de banalités que l'on impose à des joueurs qui viennent de faire des efforts physiques et mentaux démentiels ? Celles-là même au cours desquelles certains répondent avec trois ou quatre mots pour afficher leur mécontentement après une question qui ne leur plaît pas ou une provocation un peu facile comme Shaquille O'Neal avec Donovan Mitchell... Et puis il y a Damian Lillard. Le type sort d'un match absolument fantastique où il a claqué 50 points et 10 passes tout en effaçant 17 points de retard contre les Pelicans, mais trouve le moyen de livrer l'interview d'après-match la plus lucide et intéressante depuis longtemps.
On a eu envie de vous traduire les déclarations de Dame, parce qu'à chacune des questions posées par Shaquille O'Neal, Candace Parker ou Dwyane Wade, présents sur le plateau de TNT, est survenue une réponse incroyablement détaillée, introspective et instructive sur le mode de fonctionnement de l'un des joueurs les plus emblématiques de sa génération en NBA. Tout simplement.
Shaq lui a d'abord demandé comment on devenait un shooteur aussi létal que lui.
"J'ai simplement consacré énormément de mon temps à ça. Il y a de très grands shooteurs en NBA. Evidemment on pense immédiatement à Stephen Curry, qui est le meilleur de l'histoire. Steph vous dirait la même chose. C'est une histoire de répétition. Qu'il y ait du monde pour vous voir ou non, que vous soyez félicités pour ça ou pas, vous devez y consacrer du temps et le faire en reproduisant des conditions de match. Il faut le faire avec concentration et avec l'exigence de se tenir à un certain standard que vous vous imposez.
Cela peut être de toujours finir votre workout en marquant 10 paniers à 3 points de suite depuis chaque spot. Même si vous êtes fatigué et que vous n'avez probablement pas envie de le faire. En reproduisant ces choses-là, encore et encore au fil des années, vous devenez plus fort au niveau technique, mais encore plus au niveau mental. Vous devenez plus confiant parce que vous l'avez fait tellement souvent et vous l'avez fait quand vous étiez fatigué et que vous n'en aviez pas envie. En situation de match, que ce soit la dernière minute, le premier, le deuxième ou le troisième quart-temps, un shoot difficile, un shoot simple, vous avez la confiance nécessaire pour marquer.
Je pense que c'est le plus important pour un shooteur. Quand vous savez, au fond de votre coeur, que vous n'avez pas triché parce que vous avez travaillé pour en arriver là, vous méritez de marquer ces paniers-là. Du coup, on s'attend à ce résultat".
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Lorsque le moment vient, je me dis que si ça ne se finit pas bien, je suis prêt à en assumer la responsabilité
Candace Parker lui a ensuite demandé de décrire de quelle manière il parvenait à être aussi fort dans le money time.
"Je ne dirais pas que le jeu ralentit. Une fois que le moment arrive, la plupart des gens deviennent tendus. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils sont nerveux, mais ils sont plus tendus et ne veulent pas commettre d'erreurs, manquer un tir. C'est dans ces moments-là que moi je suis plus agressif. Je recherche ces ouvertures, je veux les exploiter. Au lieu de faire un pas en arrière, je fais un pas en avant. Puis un autre, pour m'imposer plutôt que de jouer la sécurité ou de penser à ce qui pourrait mal se passer.
Lorsque le moment vient, je me dis que si ça ne se finit pas bien, je suis prêt à en assumer la responsabilité et à écouter ce que chacun a à dire à ce sujet. Si les choses se passent bien, je me dis juste qu'il faut pouvoir refaire la même chose la prochaine fois".
Puis Dwyane Wade s'est interrogé sur la façon dont il parvenait à être aussi performant tout en gérant la notoriété, ses autres projets et sa vie de famille.
"Tout ce dont tu as parlé, D-Wade, n'est pas possible sans le travail. Je n'étais pas un joueur très convoité au lycée ou à la fac. J'ai dû bosser en coulisses et me créer un chemin. Je n'avais aucune certitude que le travail que je faisais me vaudrait des compliments ou payerait un jour. Ne pas être connu et ne pas avoir la lumière sur moi, je sais très bien ce que c'est.
Je voulais aussi être vu et avoir une bourse pour une grosse fac. Je ne peux pas oublier toutes les étapes qu'il m'a fallu franchir pour en arriver là. Même si j'ai une famille, que je suis dans plein de publicités, je n'oublierai jamais tout ce qui a rendu ça possible. Le travail, la discipline, l'humilité, la compassion... Toutes ces choses qui me caractérisent comme individu m'ont permis d'en arriver là. Si je commence à m'éloigner de ces choses-là, je ne rends pas service à ma famille et à mes proches.
Je reste fidèle à ça en espérant que de bonnes choses continuent d'en découler. Avec le temps, je me suis amélioré là-dessus aussi. Je mets plus de discipline, plus de rigueur et de réflexion dans mon travail. Et j'aime mes proches un peu plus fort aussi".
On dit souvent qu'il faut profiter de la grandeur de LeBron James pendant qu'il est là. Mais cela veut aussi pour des joueurs aussi uniques et fascinants que Damian Lillard.
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