Si vous n'écoutez pas les passages de Damian Lillard devant la presse après les matches, vous manquez quelque chose. Surtout lorsqu'il s'agit d'une soirée spéciale pour le meneur des Blazers, comme la nuit dernière, où la franchise a rendu hommage à son nouveau statut du recordman du nombre de points sous le maillot de Portland.
Après la victoire face à Charlotte, "Dame" a répondu aux questions des médias et évoqué très longuement ce qui caractérisait son leadership et son altruisme. Ce pourrait être ennuyeux et redondant, puisque ce sont déjà des thématiques qu'il a évoquées par le passé, mais c'est tout le contraire. Damian Lillard est passionnant dans sa manière de développer sur ce sujet et on comprend toujours un peu plus pourquoi il est considéré comme le leader le plus respectable et respecté de la ligue.
"C'était cool cet hommage. Mais j'étais quand même assis là en me disant que j'avais hâte que ça se finisse (rires). C'est difficile à expliquer. Je suis comme ça depuis toujours. J'ai grandi avec beaucoup de cousins. On était littéralement 25 l'été chez mes grands-parents. On faisait tout ensemble. Les repas, les jeux au parc, le football, le basket... Je viens d'un environnement où tu n'es jamais le centre d'attention et où tu dois prendre soin des gens et les soutenir.
Tu n'es pas en quête d'attention et les choses ne tournent pas autour de toi. Quand tu as connu ça, ça fait bizarre quand les gens se concentrent exclusivement sur toi. C'est pour ça que parfois je suis mal à l'aise avec ça. Je sais combien de personnes sont derrière moi et ont rendu possible ce qui m'arrive. Et je ne me suis jamais retrouvé à un endroit où tout tournait autour de moi. Mes parents m'ont bien fait comprendre ça.
Aujourd'hui encore, si je fais quelque chose avec lequel mon père n'est pas d'accord, il va me demander pour qui est-ce que je me prends. Les gens autour de moi continuent de se comporter normalement. Je me souviens d'une fois, quand j'avais 10 ans et mon grand-frère 14, on était dans la voiture de ma grand-mère pour aller voir mon cousin en Arizona. On voulait tous y aller et le van était plein.
Mon frère est arrivé en dernier et on s'est tous moqués de lui en lui disant qu'on ne savait pas s'il allait pouvoir venir. Ma mère s'est pointée et nous a dit : 'Sortez. S'il ne peut pas y aller, vous n'y allez pas non plus'. Voilà d'où je viens. Un pour tous, tous pour un. C'est pour ça que des moments comme celui de ce soir sont difficiles pour moi.
Je suis reconnaissant, mais ça ira mieux quand je serai seul à la maison et que je pourrai me pencher dessus tranquillement, sans que tout le monde me regarde".
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Damian Lillard a aussi expliqué pour quelle raison il se sentait respecté par ses coéquipiers, notamment par les plus jeunes.
"Voir mes coéquipiers me féliciter, ça m'a fait me sentir un peu vieux (rires). Je ne joue pas au grand-frère avec eux, même si la plupart d'entre eux sont bien plus jeunes que moi. Ils m'ont sans doute vu jouer en NBA alors qu'ils étaient au lycée. Je n'agis pas comme si j'étais loin d'eux et inaccessible. Ce soir, quand je les ai entendus me féliciter, il y avait presque de l'admiration et du respect dans leur voix. Je savais que ces choses étaient là, mais ce moment m'a fait réaliser encore plus.
Et puis il y a les fans, avec ces gens qui ont applaudi dès que je prononçais dix mots (rires). Ils m'encouragent depuis le début et mon premier match de pré-saison. Je pensais à ça en regardant les images. Ils m'ont vu passer d'un garçon de 21 ans à un homme de 32. Ils sont toujours là. Cette soirée a été une leçon d'humilité pour moi".
C'est quand on l'entend parler de cette manière et être aussi franc dans sa fidélité et son attachement à la franchise que l'on espère vraiment que Damian Lillard finira sa carrière avec un trophée.