En récupérant un élément aussi instable que Kyrie Irving au beau milieu de la saison, les Mavericks ont pris un risque considérable. Un risque calculé, bien sûr, compte tenu de tout ce que ce transfert pourrait leur apporter dans le meilleur scénario. Mais avec un bilan de 5-10 sur les 15 derniers matches, Dallas suit le mauvais script et s’expose à un sérieux retour de flamme.
Dès le départ, le danger était clairement identifié. Deux stars comme Irving et Luka Doncic ont besoin de temps et des bonnes conditions pour créer une alchimie. Chaque grain de sable dans la machine infernale imaginée par Nico Harrison pouvait mettre en péril toute une année de travail, si ce n’est plus.
Il faut finalement parler des grains au pluriel. D’abord celui des blessures, qui n’ont pas permis aux deux leaders de disputer plus de neuf matches ensemble jusqu’ici. Et même réunis, ils le sont rarement dans de très bonnes dispositions. Il y a celui du coach, ensuite, puisque Jason Kidd semble de plus en plus dépassé par les évènements, comme s’il voyait son équipe de l’extérieur. Il y a aussi les questions de rotation et les insatisfaits que font celles-ci, ainsi que la synergie si dure à trouver dans ce contexte.
Au moment d’effectuer le transfert d’Irving, Dallas suspendait une épée de Damoclès au-dessus de la saison 2022-2023. Celle-ci s’abat désormais lentement, au fil des défaites.
Les Mavericks, 9e de la Conférence Ouest avec un bilan négatif de 36-37, sont dans une situation plus précaire que jamais. À cette cadence, ils pourraient bien finir par manquer les playoffs. Aux mieux, ils pourraient s’y présenter sans la préparation nécessaire.
Sur le papier, le duo formé par le magicien Doncic et le sorcier Irving a tout pour briller. Le problème, c’est que le basket ne se joue pas sur le papier. Une équipe a besoin d’expérience sur le terrain pour exploiter son plein potentiel. Elle a besoin de repères sur le parquet pour trouver le chemin du panier lorsque les défenses se resserrent.
Les Mavs devaient impérativement être à 100 % pour y croire véritablement. Plafonnés bien en dessous de cette jauge, les dernières notes d’optimisme se laissent alors rattraper par la froide réalité. Le spectacle pyrotechnique que promettait cette association échappe à la franchise texane. On assiste à un début d’incendie, qui pourrait se propager à tout le projet s’il n’est pas vite contrôlé.
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Les Mavericks ont misé plus d’une saison dans leur pari
Kyrie Irving, dans la dernière année de son contrat, sera libre de quitter Dallas à la fin de la saison. Le meneur étant peut-être l’athlète le plus imprévisible de la NBA, le front office savait que s’en remettre à sa décision serait un jeu dangereux.
Le marché sera relativement restreint cet été et le natif de Melbourne, en Australie, ne semble pas avoir beaucoup d’options. Mais l’ancien champion NBA a largement démontré qu’il était capable de trouver une fenêtre quand la porte est fermée ou que sa voyante lui a à peu près conseillé de ne pas l’emprunter. De son départ de Cleveland et de Brooklyn, par une demande de transfert, en passant par sa fin compliquée à Boston, Irving n’a pas souvent choisi l’évidence et la facilité.
Les Mavericks, qui n’ont ni fait ni reçu de promesse, devaient déjà s’attendre à tout lorsqu’ils gagnaient leurs matches. Maintenant qu’ils les perdent, ils peuvent se préparer au pire.
La franchise a engagé d’importantes ressources dans ce pari — Spencer Dinwiddie, Dorian Finney-Smith et des tours de draft, précisément. Que lui restera-t-il si le nouveau partenaire de Doncic décide de partir ? C’est encore difficile à dire.
Même si l’ancienne star des Nets choisit d’élire domicile dans le Texas, ce qui n’est pas du tout exclu, un véritable chantier attend l’équipe. Elle devra trouver de la taille, de la défense et de quoi monter une escouade digne du titre au plus vite, ce qui n’a rien d’une mince affaire. Et s’il faut en plus remplacer le numéro 2, tout cela s’annonce comme une mission impossible. Surtout si leurs playoffs sont trop discrets pour servir d’argument pendant les négociations.
Pourtant, les Mavs ont besoin de réaliser une intersaison convaincante. Le transfert de Kyrie Irving apparaissait déjà comme une tentative désespérée de satisfaire Luka Doncic, dans sa cinquième saison en NBA. Ce move trahit les inquiétudes des dirigeants, qui craignent peut-être à juste titre de perdre leur pépite tôt ou tard.
Le Slovène semble se plaire à Dallas. On l’imagine aisément y passer toute sa carrière. Mais la plupart des athlètes, surtout quand ils sont si talentueux et tant sollicités dans le jeu, n’ont pas une patience infinie. À chaque erreur, la franchise s’approche du précipice.
L’échec de l’expérience Kristaps Porzingis constituait sans doute le premier pas dans cette direction. Si Irving s’en va comme Jalen Brunson l’été dernier, les Mavericks courent à leur perte. Impossible de savoir exactement où sont les limites du « Wonder Boy » ni quelle marge reste à son équipe avant de les dépasser. Mais on peut raisonnablement partir du principe qu’un troisième contretemps serait difficile à encaisser.
À chaque défaite, on ne peut s’empêcher d’imaginer le pire : une fin de saison décevante, un lieutenant qui quitte le navire, une free agency compliquée et un casse-tête toujours irrésolu. Les Mavericks ont joué avec le feu et sont en train de se brûler.
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