09h11 : Alerte “Le Parisien”. “Toulouse : un homme abat ses deux chiens parce qu’ils se disputaient”. Par acquis de conscience, j’appelle Antoine, qui a élu domicile dans la Ville Rose. Il me rassure et me confirme que ses deux rottweilers, Mahorn et Laimbeer, se portent comme un charme. 10h24 : Allez, un peu de taf sérieux. Je vais me plonger dans les matches des Rockets depuis l’instauration du « mini-ball » histoire de comprendre la stratégie de Mike D’Antoni. 12h27 : Bon. Après avoir analysé 7 matches en détails, je vous avoue ma perplexité. Disons que je suis partagé. Je comprends le concept, je vois l’intention du coach, je comprends les forces de cette équipe, notamment la puissance que représente James Harden en un-contre-un, mais dans le fond, je suis perdu… La vraie question qui découle de ma réflexion est donc : à quel moment, le cerveau de D’Antoni s’est-il mis à fuir abondamment ? J’imagine qu’il y avait déjà une petite fissure depuis quelques temps, mais là le barrage a totalement cédé. Perso, j’ai de l’affection pour lui et je trouve qu’il porte de façon très élégante la moustache, mais j’ai vraiment du mal à percevoir la Big Picture, comme disent les cainris qui taffent dans la com’. Je veux bien que Mike ait été traumatisé par les Warriors, qu’il se dise qu’il aurait dû être le premier à réussir avec les Suns et qu’il ait décider de les imiter en allant plus loin, ça se tient hein. Mais comment peut-il espérer reproduire les exploits passés des Californiens en alignant Robert Covington dans le rôle de Kevin Durant et PJ Tucker dans celui de Draymond Green ? J’aime beaucoup ces deux joueurs et j’ai énormément de respect pour eux, mais ça ne marche pas, Mike. Non, ça ne marche pas du tout, du tout. 12h38 : Lundi, jour de remise en question gastronomique. Je vais cuisiner des légumes. BOOM ! 13h14 : Ok, les gamins n'ont rien bouffé. J'ai gueulé pendant tout le repas en leur demandant de "goûter au moins !" J'ai même traité mon fils de triple con sur un craquage non contrôlé quand il a commencé à s'en foutre dans le nez pour faire marrer sa soeur. Au final, je pense que je suis tout près de l'infarctus. D'ailleurs, je vais m'asseoir un peu. Liliane a reconnu le beau geste avec le coup des légumes, mais trouve que le chou-fleur ça pue... "En plus c'était trop cuit et sans sauce ça a autant de saveur que la tarte au concombre de ta mère." OKKKKKKK... Demain, on reprend les pâtes. 14h26 : Je me demande ce que fait Boris Diaw quand il est confiné, tiens. 14h27 : Est-ce que lui aussi balance des boulettes de papier dans la poubelle qu’il a mis à l’autre bout de son bureau en gueulant “Kobe” à chaque tir ? 15h12 : J’ai rasé la barbe. Complètement. Pour la première fois depuis 6 piges. Et je viens de me souvenir pourquoi je ne l’avais plus fait depuis aussi longtemps. J’ai perdu 10 ans d’un coup putain. Comment je vais passer pour un mec viril auprès de Liliane après ça ? C’est sûr qu’on va encore rien faire ce soir. Heureusement que les boîtes sont fermées, le vigile m’aurait jamais laissé rentrer. 15h13 : Mais c’est pas grave, je sens que c’est la bonne semaine, là. Ce matin, je me suis lavé, à midi les légumes, là la barbe. Je me reprends en main. Ce confinement, ça va être mon putain de renouveau. Ce soir, après le taf, je fais du sport. 15h44 : Oh putain, les voisins de l’immeuble d’en face partent en vrille. Sur leur toit/terrasse. Devant tout le monde. Remarque, ça doit être pas mal. Bon, là c’est sûr, sport ce soir. L’opération Reconquête de Lil’ est enclenchée. 17h13 : 70 journalistes US ont voté pour le MVP et Giannis Antetokounmpo arrive largement en tête malgré la grosse hype en faveur de LeBron James avant la suspension de la saison. Ahhhh, ça, ça redonne foi en l’humanité dans ces temps difficiles. La preuve qu’il y a quand même des gars qui comprennent quelque chose à la merveilleuse balle orange. 17h17 : Par contre, dans le Grand Tournoi des Dribbleurs organisé par RMC Sports sur Twitter, Riyad Mahrez vient d'éliminer Diego Maradona. Maradona putain ! Et demain quoi ? Fabrice Fiorèse va taper Ronaldinho ? Je ne crois plus en l'humanité... On n’a pas vu plus gros scandale depuis... chaque vote du public au All-Star Game en fait. Non mais même quand toute la Georgie a failli envoyer Pachulia au ASG ou que Yao Ming rookie a fini devant Shaq, c'était pas si honteux. 18h11 : Opération Redeem, la suite. Après la douche, les légumes et le rasage, séance de sport. Tiens-toi bien Liliane, je sens que tu vas bientôt plus pouvoir me résister, comme à la belle époque. On a mis un programme pour le cardio sur BS, je vais le faire dès ce soir, car les prochains risquent d’être un peu plus costauds et je tiendrai jamais quand ils rajouteront le renforcement musculaire ! Allez, c’est parti. 18h34 : Oh purée, même le profil 1 c’était trop chaud pour moi, ils auraient pu faire un profil 0,5. Comment je suis loin… Mais j’ai rien lâché, je crois que ça a plu à Liliane. Au début elle se moquait, mais elle m’a demandé si elle pouvait le faire demain avec moi. Je lui ai fait comprendre que demain, c’était récup’, avec les courbatures que j’aurai, mais pas de problème on fera la séance 2 ensemble mercredi. 19h00 : Mater des matches et jouer me manquent. Mais entraîner aussi. D’habitude, à cette heure-ci, je suis en train de m’occuper des U13 de mon club, avant d’enchaîner avec les U17. J’ai pas envie de perdre le rythme, faudra que j’assure à la reprise car le niveau est costaud. J’ai un gamin dont le cousin est le coéquipier de Victor Wembanyama et y’a deux ans un de mes petits a été cut après trois entraînements de la sélection départementale. On blague pas. Alors, je vais me prendre une heure trente pour m’entraîner à entraîner, histoire d’être prêt à continuer à former l’élite. En plus j’ai le CQP à passer en mai.Thank you Madonna for letting us all know that we are all the same, although I don’t know why you had to relay this message while being naked in a bathtub.... pic.twitter.com/4h5oObUO38
— Sashi (@Miss_Sashi) March 23, 2020
21h15 : Tiens si je matais les autres qui font des journaux de confinement. J’ai déjà maté celui de Leila Slimani l’autre jour, je vais mater les autres, les Marie Darieussecq, Lou Doillon. 21h16 : “Quelle indignité. Vous n’avez pas honte”, comme disait le camarade Nicolas alors que cette journalope de Pujadas osait lui poser une question. Comme Puj Puj, elles n’ont visiblement pas honte. Des mois de gilets jaunes, de manifs, qu’on partage ou qu’on ne partage pas les revendications, auraient pu faire comprendre à certains que tout ne serait plus accepté. Mais non, tels des Louis XIV et Marie-‘Toinette des temps modernes, ces écrivains exposent leur vie de privilégiés dans des résidences/palaces secondaires en trouvant le moyen de se plaindre dans l’indécence et la déconnexion les plus totales. Parce que bien sûr, ce ne sont pas des journaux de confinement de ceux qui vivent seul dans un 23 mètres carrés, de celles qui fantasment depuis deux jours de coller deux tartes à leurs mômes, ni de celles et ceux qui sont en première ligne dans les hôpitaux ou qui n’ont pas d’autres choix que de prendre les transports en commun pour aller s’exposer au virus en tenant la caisse du supermarché pour quelques centaines d’euros. Non, on se coltine la littérature de ceux qui ont le privilège de voir cette crise comme des vacances à la campagne leur permettant de s’émerveiller niaisement devant les fleurs qui poussent ou la créativité de leur petit Roméo qui… Bref, j’ai envie de foutre des patates dans mon écran. Y a pas que cette déconnexion, cette fracture sociale que révèlent leurs papiers. Y a aussi un décalage temporel dingue, cette impression qu’ils vivent dans une autre époque, alors que tout a changé. Ils sont restés bloqués au mois, mais c’est un siècle, dernier. Ça fait un bout de temps qu’on sait presque tous que la France a réagi trop tard. Bon, on a mis le temps, hein, pas besoin de détailler, Twitter avec #IlsSavaient le fera mieux que moi. Mais maintenant, presque tout le monde a conscience de la situation. Hormis quelques ados, hormis quelques malades, hormis ces rédacteurs de journaux de confinement, hormis les quelques idiots qui prennent la décision de les publier et ceux qui les défendent. Certainement les mêmes qui faisaient la queue à Montparnasse et qui sont partis emmenés le virus dans des régions pas équipées pour accueillir les malades qu’ils vont engendrer. Eux, ils sont toujours dans cette légèreté folle. L’insoutenable légèreté de ces êtres, alors qu’on sait ce qui se passe en Italie, ce qui arrive ici. Comme écrit sur ce mur en Espagne, dont la tof a circulé sur les réseaux : "La romantisation du confinement est un privilège de classe". Mais compte sur moi, pour continuer à porter la voix des ballers opprimés, qu’ont pas les milliards des écrivains et des stars de la télé ou de YouTube parce que d’un la presse c’est peut-être une passion, mais c’est vraiment chaud, et deux je soupçonne mes enfoirés de patrons de mener la fast life. Compte sur moi pour continuer à être un haut-parleur de ceux qui supportent déjà plus d’être enfermés, seuls ou avec une famille qu’ils aiment bien mais pas à haute dose, à raconter la vraie vie. Ouais compte sur moi ! Enfin là, pas trop, j’ai un putain de mal de crâne. Mes sales mômes arrêtent pas de me crier dans la tête. Des années à leur apprendre à parler, on aurait mieux fait de leur apprendre à la fermer. Comme ces connards avec leur journaux de confinement... 21h12 : Heureusement, je ne suis pas le seul à faire un vrai journal du confiné. Il est quand même bon ce con de Pierre-Emmanuel Barré, mais il me fait vraiment marrer. #BestJournalDeConfinéEverHad a great practice this morning #OneRazorback pic.twitter.com/gncFjtbpUq
— Eric Musselman (@EricPMusselman) March 18, 2020
Jour #7 pic.twitter.com/18WnUyh8b9
— Sale Con (@Sale_Con) March 20, 2020