Cooper Flagg a choisi de rejoindre Duke. Le lycéen américain le plus attendu depuis Zion Williamson va pouvoir préparer comme il se doit son arrivée en NBA en 2025, avec une hype importante et l'occasion de prouver qu'il peut devenir la nouvelle sensation locale dans la plus grande ligue du monde. En juillet dernier, on vous proposait ce sujet sur lui, afin de mieux découvrir celui dont on parlera immanquablement dans les prochaines années.
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La NBA n'a plus connu de MVP américain en saison régulière depuis James Harden en 2018. Les visages les plus connus dans la ligue restent ceux de LeBron James, Stephen Curry ou Kevin Durant, mais leur crépuscule est bien entamé et l'avenir de la NBA semble devoir continuer de s'écrire à l'international. Nikola Jokic, Giannis Antetokounmpo, Luka Doncic, peut-être prochainement Victor Wembanyama... La fibre patriotique des fans américains est mise à mal et beaucoup rêvent d'avoir un joueur bien de chez eux capable de rétablir l'équilibre dans la Force pour les années à venir. Des joueurs américains avec une énorme hype, il y en a eu quelques uns ces dernières années. Zion Williamson, par exemple, a eu droit à un suivi médiatique intensif pendant son lycée et lors de sa seule saison universitaire à Duke. Zion a débarqué en NBA avec d'énormes attentes autour de lui, mais les blessures ont rapidement enterré sa candidature pour être l'Elu, même si on espère évidemment le voir revenir et se stabiliser. Ce joueur que l'Amérique attend, ce sera peut-être un "petit" gars du Maine. Sur le plan du basket, on ne peut pas dire que le "Lumber State" a été un vivier pour la NBA tant les joueurs pros qui en sont issus - le dernier en date étant Duncan Robinson - se comptent sur les doigts d'une main. Dans cet état perché à l'extrême Nord-Est du pays et à la frontière du Canada, se cache pourtant le joyau Cooper Flagg.
Le nom sonne bien mais ce n'est pas le seul argument marketing du nouvel espoir de l'Amérique. A 16 ans, l'ailier de 2,03 m est déjà bien connu dans le circuit high school, chez les amateurs de mixtapes et les suiveurs des compétitions internationales chez les jeunes. Que ce soit avec son lycée de Nokomis High (avec son jumeau Ace et leur frère aîné Hunter), la Monteverde Academy, cette fabrique à champions floridienne qu'il a rejoint l'année dernière, ou la sélection américaine, avec laquelle il a remporté le Mondial U17 en 2022 et été retenu dans le meilleur cinq du tournoi alors qu'il n'avait que... 15 ans, Flagg ne passe pas inaperçu.
C'est simple, le garçon sait tout faire. Agressif et pêchu en attaque, mobile, réfléchi et tenace en défense, capable de shooter, de driver, de passer et de contrer en masse, l'enfant de Newport a déjà un jeu poli et un volume époustouflant.
Lors du Nike EYB Peach Jam il y a quelques jours, Cooper Flagg a enchaîné les copies monstrueuses jusqu'à la victoire, en finale contre l'équipe de jumeaux Boozer, Cameron et Cayden. Le tout sous les yeux de LeBron James, Carmelo Anthony, Chris Paul et quelques autres grands noms prêt à raconter ce qu'ils ont vu. Même si les statistiques dans ce genre de rendez-vous sont difficilement transposables au niveau professionnel ou même universitaire, les chiffres en question transpirent plutôt le talent et la polyvalence.
Jugez plutôt ses trois premières sorties, même si ses 7 matches lors de l'événement ont tous été d'un très haut niveau et lui ont permis de proposer des moyennes folles (25,4 points, 13 rebonds, 5,7 passes et 6,9 contres) :
- 34 points, 20 rebonds, 10 contres, 5 passes
- 37 points, 12 rebonds, 10 contres, 6 passes
- 38 points, 16 rebonds, 12 contres, 6 passes
16-year-old Cooper Flagg continues to put up unreal numbers at @NikeEYB Peach Jam!
34 PTS, 20 REB, 10 BLK, 5 AST
37 PTS, 12 REB, 10 BLK, 6 AST
38 PTS, 16 REB, 12 BLK, 6 AST pic.twitter.com/WXZFjALWkR— Ballislife.com (@Ballislife) July 9, 2023
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Pris en Flagg par sa mère
Là où le monde s'est entiché du placide et réfléchi Victor Wembanyama, c'est le tempérament démonstratif de Cooper Flagg qui a déjà séduit le public américain. Le jeune ailier, pour le moment assez réservé au micro, ne manque en revanche jamais l'occasion de manifester son feu intérieur et de faire remarquer à ses adversaires qu'il les domine. Sa mère Kelly, ancienne joueuse et capitaine de l'Université du Maine, le chapeaute et tente parfois de lui faire garder la tête un peu plus froide. Après un poster et un regard provocant sur un adversaire l'année dernière en high school, elle n'avait pas hésité à le rappeler à l'ordre sur Twitter.
"Je n'aime pas les regards de provocation. Laisse ton jeu parler pour toi. Je sais que tout le monde le fait, mais je n'aime pas ça. J'apprécie le fait que le gamin qui s'est fait dunker dessus a au moins essayé de stopper la tentative", avait-elle posté.
Ce qui saute aux yeux lorsque l'on se penche un peu sur les matches joués par Cooper Flagg pour le moment, c'est cette facilité à enchaîner les contres avec le timing parfait et la lecture de jeu adéquate. En plus de ce coup d'oeil, Flagg a les qualités athlétiques et l'envergure pour être déjà une menace de ce point de vue.
"Je crois que c'est quelque chose de l'ordre de l'instinct, un talent naturel que j'ai depuis petit", a-t-il expliqué sur la chaîne Free Dawkins au cours de l'EBY Peach Jam.
Le prodige est conscient que sa cote monte jour après jour, au point de faire de lui le joueur le plus convoité de sa catégorie d'âge avec Cameron Boozer. Il affiche un détachement assez impressionnante par rapport à cette situation.
"Les classement individuels, je m'en moque vraiment. Mon seul souci lors de ce tournoi, c'était de montrer le talent qu'il y a dans le Maine et emmener l'équipe là où on le voulait, c'est à dire sans la moindre défaite. Les sollicitations des universités ? Je vis ça au jour le jour et je choisirai le moment venu. Je chercherai un endroit où il y a un bon coach, un style de jeu qui me plaît et un bon cadre de vie".
Un Kirilenko survitaminé ?
En termes de style de jeu, puisque les comparaisons avec des joueurs actuels ou anciens permettent généralement de mieux cerner le type de basketteur dont on parle, un nom vient à l'esprit même s'il ne parlera pas forcément à tout le monde et notamment aux plus jeunes : celui d'Andreï Kirilenko.
Si le Russe avait quitté la NBA dans un relatif anonymat après un passage par Brooklyn en 2013-2014, il faut bien se rendre compte du joueur phénoménal qu'il était. Lors de ses belles années au Jazz ou même avec la sélection de son pays, "AK47" était un phénomène de polyvalence et ce que Jacques Monclar appelle communément une usine à basket. En ce qui concerne le morphotype et ce qu'il déploie sur le terrain pour le moment, on retrouve ce profil d'ailier aux longs segments avec une aptitude naturel pour les contres et la chose défensive. Kirilenko pouvait défendre sur absolument n'importe quel type d'adversaire et, dans le meilleur scénario, c'est ce que pourra faire Cooper Flagg. Le garçon n'est, comme Kirilenko, pas qu'un super prospect défensif. A l'image du Russe, il a aussi de l'or dans les mains avec cette faculté à créer du jeu, à délivrer des passes et à shooter. Dans une NBA "positionless" comme elle l'est aujourd'hui, Andrei Kirilenko aurait été un vrai objet de convoitise. Si on imagine que le potentiel de Flagg est encore supérieur, il y a de quoi être très optimiste à son sujet.
Cela peut sembler un peu tôt, mais les franchises NBA vont forcément se demander, comme pour Victor Wembanyama, si la saison qui précédera l'arrivée de Cooper Flagg dans la ligue ne serait pas sacrifiable si cela peut déboucher sur un 1st pick à la loterie... En attendant, on va bien évidemment guetter son choix d'université (ou de première expérience pro) et suivre le parcours de celui dont on peut déjà prédire que l'Amérique en sera folle.