Sur quel(s) favori(s) miser à l’Ouest ?

Zoom sur les 6 principaux favoris de la Conférence Ouest et leurs faiblesses pour chacun d'entre eux.

Sur quel(s) favori(s) miser à l’Ouest ?

C’est le grand bordel à l’Ouest. Et ça ne change pas de d’habitude finalement. Les rapports de force se sont équilibrés entre les deux Conférence, certes, mais cette impression s’explique surtout par le niveau de jeu atteint par les Milwaukee Bucks et les Boston Celtics au sommet à l’Est. Dans l’ensemble, de 1 à 15, l’Ouest reste peut-être plus forte et certainement plus dense. Ça créé un embouteillage rocambolesque sur les places 4 à 11 avec seulement quatre victoires d’écart. Du grand n’importe quoi.

En revanche, et c’est donc le changement qui rétablit une certaine balance entre les deux Conférences, il n’y a pas forcément de « vraie » armada susceptible de rouler sur tout le monde à l’Ouest cette saison. Les Los Angeles Lakers et San Antonio Spurs des années 2000, les Houston Rockets et Golden State Warriors plus récemment, etc. Des équipes fréquemment autour et même souvent au-dessus des 60 victoires chaque année.

La Conférence regorge de très bonnes équipes susceptibles de tirer leur épingle du jeu. Avec chacune leurs faiblesses. Décider de son favori revient alors peut-être à choisir les défauts qui feront le moins de dégâts en playoffs. C’est pourquoi nous nous sommes penchés sur le cas des six premiers au classement en nous concentrant non pas sur leurs forces mais sur tous ces éléments qui les rendent vulnérables.

Denver Nuggets

La franchise du Colorado caracole en tête à l’Ouest et elle est la seule à avoir atteint le plateau des 50 victoires. Doit-elle être considéré comme favorite pour autant ? Pas forcément. Depuis 1997, première année pour laquelle le rating défensif est disponible sur NBA.COM, une seule équipe a gagné le titre en se classant pas parmi les 10 meilleures défenses de la ligue en termes de points encaissés sur 100 possessions : les Warriors de 2018… onzièmes à 0,1 point de la dixième place. Les Nuggets sont aujourd’hui quinzièmes de ce classement avec 113,6 points.

Même pour trouver la trace d’un finaliste en dehors de ce top-10, il faut remonter au Heat de 2019 (12e) dans le contexte très particulier de la bulle. Les joueurs de Michael Malone ne sont pas catastrophiques de ce côté du terrain mais ils n’ont pas plus l’aptitude à multiplier les stops, caractéristique essentiel pour décrocher une bague en NBA. Alors il faut bien une première à tout mais cette lacune pourrait vraiment handicaper les troupes de Denver. Les Nuggets figurent aussi parmi les 6 équipes qui encaissent le plus de points dans la peinture chaque soir. Et il est facile d’y faire un lien avec la présence de Nikola Jokic, pivot pas assez mobile pour chasser des adversaires plus petits et dont le profil n’est pas celui d’un vrai protecteur de cercle.

Nikola Jokic, portrait nuancé d’un défenseur complexe

Les Nuggets ne pourront pas le sortir même s’il est ciblé sans arrêt sur des picks-and-roll. Ils vont devoir faire avec. Parce qu’ils sont très dépendants de leur double-MVP. Sans doute trop. Toutes les statistiques avancées ON/OFF, les mêmes qui servent d’arguments pour les partisans du Serbe dans les débats concernant le MVP, montrent à quel point cette équipe est perdue sans sa superstar sur le terrain.

Jokic est le moteur d’une redoutable machine à scorer. Les Nuggets vont de toute façon chercher à compenser leurs problèmes défensifs en marquant plus de points que leurs adversaires. Mais les équipes qui les affrontent seront ceux doute tentés de pousser le pivot All-Star à jouer le plus de un-contre-un possibles. Le couper de ses camarades – en oubliant les prises-à-deux – pour réduire du mieux possible l’impact de sa qualité majeure : son playmaking.

Excellent passeur, il n’a dépassé qu’une seule fois les 6 caviars de moyenne lors des séries de playoffs perdues par son équipe. Son volume offensif augmente parce qu’il se retrouve « isolé », le mot est sans doute trop fort et pas tout à fait vrai, de ses camarades. Et dans ces situations, quel autre joueur des Nuggets va faire la différence ? Quel autre joueur va hausser son niveau en battant ses vis-à-vis en 1 contre 1 pour lui aussi apporter du scoring ?

Jamal Murray montrait déjà des limites en termes de régularité avant sa blessure. Il est plutôt bien revenu, bien sûr, mais il cherche encore des sensations. Ses statistiques sont excellentes mais peut-il vraiment faire la différence sur sept matches une fois arrivé à un certain stade de la compétition, quand le niveau de jeu s’élève encore d’un ou plusieurs crans ? La question se pose aussi pour Michael Porter Jr. Les Nuggets ont une superstar du calibre de Giannis Antetokounmpo et la profondeur de banc des Bucks mais ils n’ont pas forcément leur Khris Middleton ou leur Jrue Holiday.

Memphis Grizzlies

La défense ne sera certainement pas un problème à Memphis. Sauf si Jaren Jackson Jr continue de prendre des fautes bêtement et inutilement, privant ainsi les Grizzlies d’un DPOY en puissance lors de certaines fins de match serrées. Ce sera un facteur important pour les playoffs. Mais c’est loin d’être le seul.

Nous vivons à une époque où le trois-points est devenu un atout essentiel. Et les Grizzlies, bien que modernes sur certains aspects, ont une toute petite touche d’équipe « à l’ancienne », même si ça fait un peu cliché, avec des mecs qui jouent dur, une star et des joueurs de devoir ainsi qu’une forte proportion de points marqués dans la raquette. C’est plutôt une bonne chose.

Ja Morant

Sauf que les spécialistes analytiques rappelleront que 3 valent mieux que 2 et qu’il est important de pouvoir répondre quand un adversaire prend feu de loin. Les hommes de Taylor Jenkins montrent quelques limites dans ce domaine. Ils n’ont pas de purs snipers, même si Luke Kennard est venu renforcer l’effectif à l’intersaison. Ils ne sont que 23e au % de réussite à trois-points cette saison. Aucune des équipes moins bien classées que les Grizzlies derrière l’arc n'occupent le top-6 de leur Conférence.

Plus globalement, les Grizzlies vont devoir trouver des solutions pour marquer des points autrement que via Ja Morant dans les situations les plus tendues. La franchise du Tennessee tourne très bien sans lui dès qu’il est absent… en saison régulière. Mais l’an passé, en playoffs, son forfait passager contre les Warriors a montré une équipe incapable de prendre le dessus dans le money time.

Desmond Bane, qui a passé un cap, va devoir encore hausser son niveau de jeu. Difficile de savoir s’il a ça en lui mais les playoffs donneront des indications. Idem pour Jackson Jr. Ils ont fait de gros progrès en attaque mais la réalité des matches de février et ceux de mai est différente.

Sacramento Kings

Les Kings ne devraient sans doute pas faire partie de cette liste de potentiels favoris pour les playoffs mais… après tout, ils sont troisièmes ! Autant les respecter après cette superbe saison. 17 ans après, la franchise est finalement de retour et en plus elle aura l’avantage du terrain au premier tour. Le tout devant un public bouillant. Il ne faudra pas les sous-estimer.

Mais pour vraiment rêver de gagner plusieurs séries, l’équipe présente plusieurs limites. Déjà en termes d’expérience. Hormis Harrison Barnes, les cadres du groupe ne connaissent pas vraiment cette atmosphère. Domantas Sabonis a joué trois séries de playoffs au premier tour en ayant un rôle bien moins important qu’aujourd’hui. Ils peuvent apprendre vite. Mais plus la compétition avance, plus ça aura son importance. Il y a des situations à savoir gérer et quasiment personne ne passe d’un coup de candidat au play-in à finalistes NBA. Il y a un processus à respecter.

L’autre gros point noir, c’est évidemment la défense. Mike Brown, venu pour aider de ce côté du parquet, a finalement mis sur pied l’une des meilleures attaques de tous les temps en termes de productivité. Mais défensivement, c’est catastrophique. La 24e équipe de la ligue au nombre de points encaissés sur 100 possessions. Celles qui font pire sont candidates à la loterie. C’est inquiétant parce que les Kings sont particulièrement mauvais pour défendre la ligne à trois-points. Il y a des soirs où ils vont prendre l’eau.

Alors qu’à l’inverse, leur efficacité offensive devrait baisser. Les équipes adverses arriveront bien mieux préparées qu’en saison régulière. L’effet de surprise ne prendra plus. Surtout que la rotation des Kings reste assez légère au-delà du cinq majeur, malgré l’excellente saison de Malik Monk.

Phoenix Suns

La course contre la montre commence ! Les équipes sacrées championnes après avoir fait venir un joueur majeur en cours de saison sont très, très peu nombreuses. Le dernier exemple en date étant les Pistons de 2004 avec l’arrivée de Rasheed Wallace. Kevin Durant et ses nouveaux coéquipiers ont encore moins de temps pour apprendre à se connaître et créer des automatismes. Quelques semaines à peine. Ils vont devoir presque y aller au talent.

Ce n’est pas ce qui manque aux Suns. Le trio constitué par Durant, Devin Booker et Chris Paul est presque sans équivalent en NBA. Surtout en ajoutant Deandre Ayton comme quatrième option. Mais ces gars-là pourront-ils jouer ensemble à la perfection en trouvant les solutions dans chaque situations dans lesquelles ils n’ont jamais été plongés tous ensemble ? Le temps paraît vraiment compté. Le timing trop short.

L’état de santé sera primordial. Durant revient d’une nouvelle entorse. Si son corps lâche, c’est fini. Paul va sur ses 38 ans et lui aussi collectionne facilement les petits pépins. Le facteur blessure joue évidemment pour chaque franchise mais il est d’autant plus important à Phoenix.

Los Angeles Clippers

Même topo que pour les Suns, avec peut-être un point d’interrogation encore plus grand autour de la santé des superstars de l’équipe. Les Clippers constituent une formidable machine à gagner quand Kawhi Leonard est là. Le problème, c’est que depuis son arrivée, ils n’ont joué qu’une campagne de playoffs au complet. La toute première. Ils semblaient bien partis pour atteindre les finales en 2021 avant que Leonard se déchire les ligaments du genou. Blessure dont il se remet seulement cette saison.

Surtout que son lieutenant, Paul George, est lui aussi sujet aux pépins à répétition. Il est actuellement blessé et la franchise ne sait pas encore s’il sera disponible dès le coup d’envoi des playoffs ! Los Angeles ne peut pas aller au bout sans ses deux leaders. Et pas juste sans leur présence. Il faut qu’ils soient à 100% de leurs capacités pour tirer cette équipe vers le haut.

Kawhi Leonard NBA Los Angeles Clippers

Parce que cette formation sans vrai général des parquets repose sur la création individuelle de ses deux meilleurs joueurs en attaque. Leonard et PG peuvent détruire des défenses possessions après possession et c’est ce qui rend les Clippers taillés pour le tempo et le style de basket des playoffs. Surtout qu’ils ont tous les éléments autour en terme de défense, de polyvalence, d’adresse, etc.

Après, il y a un dernier facteur, un peu abstrait avec les Californiens. Une forme de malchance mixé à un manque d’âme ou d’identité. Une lacune difficile à expliquer, peut-être complètement fausse mais qui donne l’impression d’impacter chaque campagne.

Golden State Warriors

Impossible d’écarter les champions en titre dès maintenant. Et ce malgré leur saison en dent de scie. Parce que leur top-6 reste l’un des meilleurs de la ligue. N’empêche que la dernière équipe aussi mal classée à être allée au bout reste les Rockets en… 1995. Eux aussi avaient gagné le titre l’année précédente et il ne faut pas « sous-estimer le cœur d’un champion », dixit Rudy Tomjanovich.

Le cœur, non. Mais sa défense douteuse par moment, une rotation affaiblie, un manque d’envie parfois inquiétant, sa tendance à se reposer sur ses lauriers, sa faillite incompréhensible à l’extérieur… tout ça sont des éléments à charge contre les hommes de Steve Kerr. Parviendront-ils à voyager en playoffs alors qu’ils affichent un bilan misérable de 9 petites victoires en 38 matches disputés en déplacement cette saison ?

Surtout que la raison de ce changement de visage entre les rencontres à domicile et à l’extérieur est difficilement compréhensible et explicable statistiquement parlant. Les Warriors ont souvent tendance à se relâcher, notamment en défense, et ils ne pourront pas jouer éternellement avec l’interrupteur. Une montée en puissance, ça se programme.

Les Dubs ont perdu des joueurs majeurs pendant la dernière intersaison. Notamment Otto Porter Jr. Gary Payton II est revenu entre temps et il va faire du bien au groupe, à la condition qu’il soit en bonne santé. Le pari de faire confiance à la progression des jeunes n’a pas vraiment payé, même si Jonathan Kuminga passe vraiment un cap très intéressant.

Le dernière grande inconnue reste la présence ou non d’Andrew Wiggins. Le Canadien est écarté des parquets en raison de soucis personnels et impossible de savoir s’il reviendra ou non. Il a été le joueur le plus important de la dernière campagne après Stephen Curry. Golden State ne gagnera pas sans lui.

Jonathan Kuminga n’est pas que l’avenir des Warriors, il est aussi leur présent