Comment le Thunder a construit la meilleure défense de la NBA

DE NOTRE CORRESPONDANT AUX ÉTATS-UNIS — Le Thunder, défense la plus efficace de la NBA depuis le début de la saison, prend un malin plaisir à torturer les attaques adverses grâce à son style très agressif et sa polyvalence.

Comment le Thunder a construit la meilleure défense de la NBA

Affronter le Thunder, c’est ouvrir une fenêtre sur l’enfer. Avec un effectif composé de défenseurs monstrueux, des pestes sur les lignes arrière aux cerbères qui protègent le panier, Oklahoma City a construit la meilleure défense de la NBA et fait vivre un supplice à ses adversaires.

C’est ce qui permet au groupe de Mark Daigneault, premier de la Conférence Ouest, de s’imposer comme l’une des meilleures équipes de la NBA cette saison. Avec le deuxième meilleur différentiel de la ligue (+11 sur 100 possessions), il talonne les quasi invincibles Cavaliers (+11,8). Pourtant, les deux franchises ont adopté des approches diamétralement opposées.

Alors que leurs homologues de l’Est brillent par leur attaque électrisante, Oklahoma City se distingue par sa défense irrespirable. Avec un style ultra-agressif, ils traquent chaque ballon sans relâche, étouffent leurs adversaires et transforment la moindre opportunité en contre-attaque.

« Nous voulons être le genre de défense qui déstabilise l’attaque adverse », avait annoncé Daigneault le 30 octobre, après une victoire face aux Spurs (103-93) où le Thunder avait réalisé 18 interceptions, un record cette saison. « Nous voulons que ce soit difficile de jouer contre nous. » Et c’est exactement ce qui définit son collectif cette année.

CQFR : Wembanyama et Lillard brillent, retour gagnant pour KD

Casser les attaques adverses, la spécialité du Thunder

Malgré les blessures d’Isaiah Hartenstein en début de saison et de Chet Holmgren, le Thunder est la défense la plus efficace de la NBA. L’équipe ne concède que 103,2 points sur 100 possessions — 11 de moins que la moyenne de la ligue. Mais au-delà des statistiques, cette domination saute aux yeux tant ils sèment le chaos dans les rangs ennemis.

Avec des spécialistes comme Luguentz Dort, Alex Caruso et Cason Wallace, Oklahoma City a mis en place l’une des défenses les plus agressives sur les lignes arrière. Ils cherchent constamment à arracher le ballon des mains de leurs adversaires et à couper les lignes de passe. Cette approche perturbatrice s’avère terriblement efficace : ils génèrent 12 interceptions pour 100 possessions, de loin la meilleure moyenne de la ligue.

Face à ces teignes, aucun relâchement n’est permis. La moindre erreur se paie aussitôt. En pick-and-roll, par exemple, le porteur de balle perd la possession une fois sur quatre (24 %) selon Basketball Index. Un véritable purgatoire.

Cette capacité à casser les attaques adverses nourrit directement leur propre attaque. En effet, ils jouent 17,8 % de leurs possessions en transition, la troisième meilleure moyenne de la ligue, dont deux tiers après une interception, selon Cleaning the Glass. Dans ces situations de jeu rapide, ils affichent une efficacité remarquable (116,5 points/100 possessions). C’est dans le tumulte qu’ils tirent leur épingle du jeu.

« Une grande partie de notre attaque découle directement de notre défense », analysait Jalen Williams après la défaite du Thunder face aux Spurs le 19 novembre (104-110). « Notre attaque est nettement meilleure quand nous sommes plus investis défensivement […] C’est notre agressivité en défense qui nous permet d’obtenir des stops et de partir en transition. C’est à partir de là que nous pouvons vraiment dérouler notre jeu. »

Des défenseurs d’élite et interchangeables

Même lorsque l’attaque parvient à conserver le ballon, il faut encore le mettre dans le panier. Une évidence sur le papier, mais un véritable casse-tête sur le terrain face à cet effectif extrêmement mobile, capable de switcher sur tous les écrans sans offrir de véritable mismatch.

Jalen Williams possède une polyvalence rare qui lui permet de défendre tous les postes, y compris les pivots, dont il se charge régulièrement. Luguentz Dort a le physique pour contenir n’importe quel joueur de la ligue, tandis que la mobilité de Chet Holmgren lui permet de s’adapter à toutes les situations. La liste ne s’arrête pas là. Tant dans le cinq majeur que sur le banc, cette interchangeabilité constitue la pierre angulaire du système défensif d’Oklahoma City.

Depuis le début de la saison, la franchise expérimente avec des lineups small ball qui se sont révélés particulièrement redoutables. Peu d’équipes — peut-être même aucune — peuvent aligner comme elle cinq extérieurs aussi polyvalents et performants, capables de switcher face à n’importe quel adversaire tout en maintenant une pression constante sur le ballon.

Les attaques adverses se retrouvent parfois à cibler Shai Gilgeous-Alexander, qui a généralement un avantage physique sur son adversaire et qui reste un défenseur très solide. Un choix qui en dit long sur le talent défensif de ses coéquipiers.

Une polyvalence inégalée en NBA

Mais le Thunder ne s’obstine pas à switcher systématiquement. Il s’adapte. Il compte une grande variété de défenseurs dans son effectif, et Mark Daigneault, incontestablement parmi les meilleurs coaches de la ligue, sait parfaitement tirer le maximum de chaque profil. Son groupe peut aussi bien passer au-dessus des écrans que garder un protecteur de cercle en drop coverage ou défendre en zone. Ils peuvent sensiblement tout faire, et ajustent leur approche selon l’adversaire et la situation.

Et même sans Chet Holmgren, l’un des meilleurs défenseurs intérieurs de la ligue et candidat sérieux au titre de DPOY, l’équipe se maintient dans l’élite en termes de protection de cercle grâce à sa créativité. Leurs ailiers parviennent à camoufler le manque dans la raquette, en attendant que le socle de leur défense soit de retour.

Jalen Williams défend ainsi des pivots 25 % du temps, et Alex Caruso 22 %. On a également vu des joueurs comme Dillon Jones ou le Français Ousmane Dieng dans ce rôle. Ils appliquent toujours la même pression sur le ballon, allant parfois jusqu’à des prises à deux ou trois lorsqu’un joueur reçoit la balle dans la raquette.

Malgré leur style très orienté vers l’extérieur, Oklahoma City ne laisse rien passer à l’intérieur. Ils sont la deuxième équipe qui conteste le plus de tirs près du cercle (6,31 toutes les 75 possessions, soit 42,11 % des tirs, à quelques dixièmes de la première place de la NBA). Ils figurent ainsi parmi les équipes qui altèrent le plus le pourcentage de réussite de leurs adversaires à l’intérieur depuis le début de la saison. Une anomalie, compte tenu de leur agressivité.

Oklahoma City Thunder defense NBA
↑ Pourcentage des tirs sous le panier contesté / → Défense sur les lignes de passes (via Basketball Index)

La muraille du Thunder n’a pas vraiment de faille. Dotée d’une polyvalence et d’un niveau de talent sans équivalent en NBA, l’équipe a construit l’une des meilleures défenses de ces dernières années. Et à mesure que le projet de la franchise arrivera à maturité, il ne serait finalement pas surprenant qu’elle devienne l’une des meilleures défenses de l’Histoire.

Et si James Harden était resté au Thunder ? « On aurait gagné au moins deux titres »