Moins de deux semaines après ses débuts NBA, Victor Wembanyama collectionne les « premières ». Il a ainsi connu, ce dimanche, sa première désillusion. Avec un écart de 22 points en faveur des Spurs quelques minutes avant la mi-temps, puis de 15 avant le quatrième quart-temps, le match semblait terminé avant l’heure. Pourtant, le verdict rendu au buzzer final est cruel pour San Antonio : défaite en prolongation face à Toronto (116-123).
Les Texans revenaient au Frost Bank avec deux victoires supplémentaires, un bilan positif et, bien sûr, la volonté de persister dans leur élan. Seulement, les Raptors d’un Scottie Barnes impérial en fin de rencontre (17 points, 2 contres, 2 interceptions) ont mis un coup d’arrêt à leur course. Les visiteurs ont eu besoin de deux armes pour sonner la révolte : la défense hyperactive de leurs ailiers et leur précision derrière la ligne à trois points.
Les Spurs bousculés par la défense canadienne
Afin de gêner l’alien de 2,24 m de ses œuvres, Darko Rajakovic, le coach de Toronto, lui a opposé OG Anunoby en défense. Un ailier vif et physique, qui a bousculé « Wemby » pour le mettre en difficulté dans un premier temps. Rapidement, ce dernier semblait avoir tourné la situation à son avantage avec un 3 +1, puis un dunk percutant — mais ce n’était que temporaire. Ce duel s’est avéré être l’un des plus captivants de la rencontre.
Défensivement, l’expérience a été un succès partiel. Anunoby a suivi son vis-à-vis comme son ombre, a entravé ses déplacements pour l’empêcher d’atteindre ses spots, et a coupé autant que possible les lignes de passe. Selon Malaki Branham, titulaire en l’absence de Devin Vassell (blessé à l’aine), cette défense agressive et la longueur des joueurs des Raptors (Anunoby, Barnes, Siakam…) ont bloqué plusieurs lobs et passes qui auraient normalement semblé évidents. C’est le cas de la remise en jeu de Jeremy Sochan à la fin du quatrième quart-temps, qui était destinée au rookie et a abouti sur un ballon perdu.
It is NFL Sunday! Scottie Barnes with the INT pic.twitter.com/mkO1CGqiix
— Esfandiar Baraheni (@JustEsBaraheni) November 5, 2023
Victor Wembanyama a tout de même terminé avec 20 points, à 7/16 aux tirs, en 38 minutes. Mais dans les derniers instants, les Spurs n’ont pas réussi à le trouver autant qu’ils auraient dû le faire. Un souci émanant tant de la tactique adverse que de la confusion de l’équipe, encore en phase d’apprentissage — en particulier en ce qui concerne la création du jeu.
Ces différents facteurs, alliés aux prises à deux fréquentes, ont grandement limité l’utilisation et l’efficacité du Français au moment le plus important de la rencontre. Sans Devin Vassell, qui sait souvent tirer profit de l’attention portée à son coéquipier, personne ne s’est montré capable de débloquer la situation. San Antonio n’a pas pu répondre, collectivement, au défi posé par la défense canadienne.
Kevin Durant encense Victor Wembanyama après sa nuit magique
Un dilemme défensif pour Victor Wembanyama
Offensivement, OG Anunoby était chargé d’éloigner Wembanyama de la raquette. Majoritairement, ses tentatives se situaient ainsi derrière l’arc (13 sur 16). Tiraillé entre son rôle essentiel près du cercle et sa mission de contenir son adversaire, « Wemby » a été sanctionné par un remarquable taux de réussite de 53,8 % à trois points de ce dernier.
Cela n’a pas empêché le premier choix de la draft d’inscrire cinq contres marquants (nouveau record personnel) et de mettre ses adversaires en détresse, provoquant notamment deux air balls consécutifs à trois points en prolongation. Face au panier, Toronto ne s’est pas laissé intimider par le géant (27 tirs, soit leur moyenne depuis le début de la saison). Leur précision en a cependant pâti (-5 % par rapport à leur moyenne) compte tenu de l’impact défensif constant de Victor Wembanyama.
Avant le match, Gregg Popovich louait les talents de contreur de Wemby.
OG Anunoby en a aussi fait l’expérience aujourd’hui…
— Benjamin Moubèche (@BenjaminMoubech) November 5, 2023
Poussant leur logique jusqu’au bout, les Raptors se sont aventurés plus loin, avec une pluie de trois points (45 % de leurs essais) couronnée d’une belle réussite (39,6 %). Cette adresse s’est avérée être l’une des clés du match. Dans le crunch time et en prolongation, les visiteurs ont rentré sept de leurs huit tirs extérieurs, contre un maigre 1/6 pour les Spurs. Le panier de l’égalisation de Scottie Barnes, à 38 secondes du temps règlementaire, est le plus important d’entre eux.
Gregg Popovich : « Ils ont pu revenir pour ces deux raisons »
« Ils se sont concentrés sur les tirs à trois points et en ont marqué 12 en seconde mi-temps. Ils les ont réussis, nous non », a résumé Gregg Popovich, après la rencontre. « Nous avons eu un peu plus de mal avec leur longueur, leur agressivité, leur capacité à couper les lignes de passes. Ça a ralenti notre attaque. Ils ont pu revenir pour ces deux raisons. »
Avec ces éléments en place, le chaos des deux dernières périodes offrait à Toronto, le collectif le plus chevronné, l’occasion parfaite de reprendre le contrôle du match. « C’est un groupe très jeune, contre un groupe très expérimenté », a souligné Popovich. Au moins, les jeunes Spurs en tireront une leçon : « [Pop] dit souvent qu’il faut jouer pendant l’intégralité des 48 minutes et que se relâcher, même quelques secondes, c’est trop. »