On oublie parfois, au moment de considérer la place de Bill Russell dans l'histoire, les conditions sociétales dans lesquelles il évoluait à l'époque. Le racisme dont lui et les autres joueurs noirs étaient victimes paraîtrait insensé aujourd'hui, mais il devait pourtant composer avec. Cette histoire racontée dans un numéro de Sports Illustrated datant de 1958 le prouve bien.
On y apprend que cette année-là, alors que Bill Russell s'était blessé dans le game 3 des Finales NBA contre St Louis, il avait tenu à accompagner l'équipe en déplacement malgré tout. A la veille du game 6, le légendaire coach Red Auerbach, Bob Cousy et Tommy Heinsohn étaient réunis dans une salle de l'hôtel Jefferson, dans la capitale du Missouri et ont vu leur coéquipier star débarquer en boîtant pour leur tenir compagnie malgré l'injonction du staff médical bostonien de rester chez lui pour soigner sa cheville.
Comment Bill Russell a éteint un rival qui le dominait... rien qu'en lui parlant
Décidés à partager un repas ensemble, les quatre hommes se sont alors décidés à entrer dans une cafétéria ouverte toute la nuit à quelques pas de l'hôtel. C'est là que le serveur du restaurant leur a indiqué qu'il ne servirait pas Bill Russell, sans avoir besoin de préciser que c'était en raison de sa couleur de peau. Pareil quelques mètres plus loin dans un restaurant de burgers un peu malfamé. Solidaires de leur camarade, Auerbach, Cousy et Heinsohn sont rentrés à leur hôtel sans avoir dîné. Boston perdra le game 6 et le titre la nuit suivante au profit des Hawks.
Les Celtics, Bill Russell en tête, se sont alors fait le serment de ne plus perdre contre l'escouade emmenée par Bob Pettit. Deux ans plus tard, en 1960, puis en 1961, les deux franchises se sont retrouvées opposées en Finales NBA à nouveau. Et Boston n'a pas tremblé, avec deux victoires (4-3 en 1960, puis 4-1 en 1961), avec l'une des performances les plus folles de tous les temps en Finales pour Bill Russell dans le game 5 en 1961 : 30 points, 38 rebonds, 8 contres.