Kobe Bryant était un personnage vraiment à part, et un compétiteur maladif. Cette histoire sur la campagne de Team USA aux JO 2008 racontée par Coach K en est une énième preuve.
Le tournoi de basket des Jeux Olympiques de Pékin en 2008 est historique à plus d’un titre. Parce que les Etats-Unis étaient en mission après l’échec d’Athènes en 2004. Parce qu’ils ont donc réuni l’une des équipes les plus fortes jamais assemblées. Probablement la deuxième de toute l’histoire si l’on en croit leur entraîneur. Parce qu’elle a affronté certaines des meilleures équipes internationales de l’histoire, comme l’Argentine ou l’Espagne.
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Kobe, taulier parmi les tauliers
Et parce que la finale de ses JO est certainement le plus beau match FIBA all-time. Un Team USA - Espagne au cours duquel Kobe Bryant les a clairement posées sur la table. La Roja joue à un niveau inimaginable. Et si Dwyane Wade brille pendant trois quart-temps (27 pts au final), les Américains commencent à paniquer quand leurs adversaires reviennent à 2 points (91-89) à 8 minutes de la fin.
Team USA est dans le dur. Cette pléiade de stars va-t-elle échouer dans sa mission rédemption ? Sur le terrain, ils ne font pas les fiers et semblent tous gagner par le doute. Sauf un, qui ne connaît pas ce sentiment. Un tir sur un pied, trois assists de suite, un 3-pts dans le corner, et une action à 4 points qui envoie un énorme Rudy Fernandez sur le banc pour cinq fautes et file 9 longueurs d’avance à la Redeem Team à 3 minutes de la fin.
Kobe Bryant a marqué 13 de ses 20 points dans le quatrième quart, montré qu’il était le patron même au milieu des plus grands et offert le titre aux USA. Pourtant, son rôle initial n’était pas celui de scoreur en chef de Team USA. Loin de là, comme le rapporte Coach K dans une conversation passionnante avec JJ Redick dans le podcast The Old Man and the Three.
Le technicien de Duke explique que quand ils ont commencé à vouloir mettre en place une culture à USA Basketball, ils ont ajouté dans l’effectif des Kobe Bryant, Chauncey Billups et Jason Kidd. L’objectif était d’encadrer les jeunes pousses et de transmettre aux LeBron James et Carmelo Anthony des valeurs et du leadership.
Kobe Bryant en mission spéciale
Mais Kobe Bryant n’était clairement pas là juste pour jouer le mentor vétéran. Mais pas non plus pour scorer comme il savait pourtant si bien le faire.
« Donc on se prépare pour aller à Pékin, je suis avec mon staff à Vegas. Et tout d’un coup, on frappe à ma porte, deux jours avant le départ, et c’est Kobe. Il me demande : ‘Coach, est-ce que je peux vous parler une minute ?’ (…)
‘J’ai besoin de vous demander une faveur.’ Je lui réponds : ‘Oui qu’est-ce que c’est ?’ Il me dit ‘Je veux défendre sur le meilleur extérieur de chaque équipe que l’on va affronter.’ Il est le meilleur scoreur NBA, il est le meilleur joueur de la ligue à cette époque. Il a eu 7 matches à 50 points cette année-là. Et il savait qu’il devrait changer de rôle un petit peu et être un leader. Et il me dit ‘Je veux défendre sur le meilleur extérieur.’
Il marque une pause et… vous voyez, ses yeux, lui et Jordan avaient les mêmes yeux, ils vous tuaient avec leurs yeux… et il se penche en avant et me dit ‘Coach, je vous promets que je vais les détruire’.
Je me dis ‘Holy shit, c’est bon ça !’ »
Dès le premier entraînement, Kobe Bryant tient parole. Un peu trop même.
« Le premier entraînement, il ne prend pas un tir. Pas un. Je vais le voir après ça. ‘Coach je vous l’avais promis, je vais les détruire’. Je lui dis ‘Je t’ai vu détruire des équipes offensivement. Est-ce que tu vas finir par shooter, putain ?’ Il a eu ce sourire. Et après il a toujours dit que j’étais le premier coach de l’histoire à lui avoir demandé de shooter. »
Manu Ginobili dans le viseur
La star des Los Angeles Lakers s’était notamment fait un devoir de verrouiller Manu Ginobili, qu’il considérait comme l’extérieur le plus talentueux du tournoi. Une vraie obsession. A tel point qu’il s’est avéré que rien d’autre ne l’intéressait :
« Il avait cette vision des moments importants. Et il savait que pour que l’on remporte la médaille d’or, nous devrions battre l’Argentine, en finale ou avant. Et il voulait défendre sur Ginobili. Croyez-moi, il avait déjà tout calculé. Ce n’était pas juste pour faire un exemple pour son équipe.
Donc on joue l’Argentine en demie, et on mène de 20 points et Ginobili se blesse. Donc là vous vous dites qu’on va gagner de 40 points. Et ça devient en fait un match avec 6 points d’écart, parce que désormais (Kobe) n’est plus du tout intéressé. Voilà comment il était. »
Au final, Team USA s’est imposé de 20 points. Et a donc rejoint l’Espagne pour cette finale mythique. Une finale où les instincts de scoreur et de mâle alpha de Kobe Bryant se sont réveillés de la plus belle des manières.
An amazing Kobe story from Coach K @jj_redick @talter pic.twitter.com/4YxwZGn2sS
— TheOldMan&TheThree (@OldManAndThree) October 15, 2020