Les Phoenix Suns ont mis une vraie pression sur les équipes de la Conférence Ouest, et surtout leurs dirigeants, dans la nuit de mercredi à jeudi dernier. En s’offrant Kevin Durant – Kevin Freaking Durant ! – la franchise de l’Arizona ont redistribué les cartes d’une moitié de championnat encore très ouverte vingt-quatre heures auparavant. L’équipe composée de KD, Devin Booker, Chris Paul et Deandre Ayton fait désormais figure de colosse et, même si elle va devoir passer par une phase d’adaptation inévitable, elle se pose en favorite de ce côté du pays.
Kevin Durant : après la pluie de Brooklyn, le soleil de Phoenix
Ses concurrents se devaient donc de réagir, surtout que le front office n’a même pas laissé une journée complète à ses rivaux pour riposter en conséquence. Dans ce contexte, les Los Angeles Clippers ont abattu un travail très intéressant en ajoutant trois joueurs à leur rotation le soir de la deadline NBA.
- John Wall, en bout de course, a été envoyé aux Houston Rockets où il sera de toute façon coupé
- Reggie Jackson est transféré aux Charlotte Hornets (avant lui aussi d'être coupé) et il est remplacé poste pour poste par Bones Hyland, récupéré en l'échange de deux seconds tours de draft
- Luke Kennard part aux Memphis Grizzlies, Eric Gordon arrive
- Mason Plumlee vient renforcer la peinture, là aussi en ne cédant qu'un second tour (et Jackson).
L’un des effectifs les plus denses de la ligue vient donc gagner un peu plus en profondeur. Le nombre ne change pas mais la qualité augmente. Gordon est le vétéran parfait pour n’importe quel candidat au titre. Il n’est pas aussi adroit que Kennard derrière l’arc mais ça reste un joueur plus que correct à trois-points et il est meilleur dans les autres compartiments du jeu. C’est un bon défenseur, il peut percuter balle en main, il est plus expérimenté, etc.
Hyland évolue dans un registre un peu similaire à Jackson, celui de feu follet offensif capable de claquer 30 points sur un match de playoffs ou de finir à 2 sur 11 celui d’après. C’est un joueur clivant, sûr de sa force, parfois agaçant. Il s’est pris le bec avec Michael Malone à plusieurs reprises aux Denver Nuggets – et ça reste étonnant que la franchise du Colorado l’ait envoyé chez un concurrent direct pour un prix très modeste. C’est aussi une version plus jeune et moins chère de Jackson.
Plumlee est une pioche très intéressante pour les Clippers. Accessoirement la dernière de la soirée. L’équipe californienne se cherchait du renfort au poste cinq et voulait un back-up solide pour Ivica Zubac. Ils n’auraient pas pu trouver mieux avec Plumlee (même Thomas Bryant, qui débarque aux Nuggets dans un rôle similaire, présente un registre moins impactant en playoffs). Plumlee est un bon défenseur, un bon passeur, un finisseur très adroit et un solide rebondeur. L’assurance d’avoir un apport constant sur 15-20 minutes.
Pour beaucoup, les Clippers auraient intérêt, ou auraient eu intérêt, à ajouter un meneur. Pas sûr que ce soit vraiment nécessaire dans cette équipe où le ballon est de toute façon essentiellement mis entre les mains de Kawhi Leonard et de Paul George. Les Boston Celtics, qui présentent de vrais similitudes avec Jayson Tatum et Jaylen Brown, n’ont pas non plus de pur gestionnaire dans le cinq majeur et ça ne pose pas de problème. Même s’ils ont Malcolm Brogdon pour dépanner dans ce registre.
Terance Mann sera titulaire au poste un en se chargeant surtout de défendre les meneurs adverses. Les Angelenos vont pratiquer un tempo lent, compter sur Hyland pour mettre du rythme, défendre fort, switcher dans tous les sens, se reposer sur les isolations de leurs deux stars et planter des trois-points en pagaille pour aller loin. En théorie, ça donne vraiment une équipe qui gagne (beaucoup) dans la NBA actuelle.
Qui en NBA, peut se targuer d’aligner autant de « 2-way » dans sa rotation ? Leonard, George, Mann, Zubac, Plumlee, Hyland, Gordon mais aussi Norman Powell, Nicolas Batum, Robert Covington, Marcus Morris… C’est impressionnant ! Les Clippers peuvent aligner deux cinq différents sans avoir un vrai point faible à cibler par les attaquants adverses.
Mais le succès de L.A. passera d’abord évidemment par la santé de ses deux stars, et surtout celle de Kawhi Leonard. C’est comme ça depuis leur arrivée en 2019. C’est aussi pourquoi il est si difficile de juger et jauger cette équipe : parce qu’elle est très peu souvent au complet. Comme quoi, le basket a beau être un sport collectif, c’est quand même souvent une affaire de super talents au bout du compte.
Leonard se blesse fréquemment, contrairement à un Tatum. Et même en ce moment, en enchaînant les matches, il n’est pas aussi dominant qu’il ne l’était en 2019 (peut-être une question de rythme). Pas aussi dominant qu’un Giannis Antetokounmpo par exemple. C’est surtout ça, finalement, qui pourrait empêcher les Clippers d’aller au bout. Pour le reste, ils ont tout.