Il serait hypocrite, injuste et précipité de considérer l’arrivée de Russell Westbrook aux Los Angeles Clippers comme un échec au bout de seulement trois matches. En revanche, il serait tout de même bien naïf de penser que les premiers retours ne sont pas au moins inquiétants, au pire troublants, après trois défaites consécutives qui ont suivies le recrutement de l’ancien All-Star et MVP. Enfin, il serait déplacé d’avancer que les résultats décevants de la dernière semaine sont principalement de sa faute. Par contre, il paraît impossible de nier les bouleversements – et les conséquences qu’ils entraînent – suite au changement opérés dans la rotation.
Il y a quelques statistiques qui fournissent un constat presque alarmant sur le lifting opéré par la franchise californienne en rameutant Westbrook. Ils sont donc à 0-3 en sa présence avec 62 ballons perdus sur la période. Pour la comparaison, les Clippers ont introduit Terance Mann, un joueur réputé pour ses aptitudes défensives, dans le cinq majeur le 8 janvier dernier. Ils ont disputé 14 matches avec le trio composé de Mann, Kawhi Leonard et Paul George… pour 10 victoires à la clé. Avec 10,9 TO par rencontre, l’équivalent du plus petit total en NBA.
Russell Westbrook, des Clippers moins craints en NBA avec lui ?
Sur les 3 dernières rencontres, Mann, Leonard et George n’ont joué que 8 petites minutes ensemble. Terriblement dommage pour un trio qui affiche un Net Rating de 8,9 sur 100 possessions cette saison ! Ces trois joueurs doivent jouer ensemble parce qu’ils fonctionnent bien ensemble. C’est parfois aussi simple que ça. Ils sont complémentaires et constituent une base solide. Sauf que le passage de Russell Westbrook dans le cinq a majeur a poussé Terance Mann sur le banc.
C’est justement l’un des points que nous mettions en avant comme un risque potentiel avant même les débuts de Westbrook avec sa nouvelle équipe. Nous avions annoncé, aussi bien dans des articles que dans différents podcasts, que le meneur serait plutôt bon et ferait ses statistiques. Il compile 16 points, 52% aux tirs, 44% à trois-points, 5,7 rebond, 9,3 passes et même 2,3 interceptions sur ce petit échantillon avec Los Angeles. Individuellement, il a été performant.
Le problème, c’est l’équilibre. Quand Russ est aligné avec Leonard et George, les Clippers sont battus de 11,6 points sur 100 possessions. Ils sont à la fois mauvais en attaque (106 points inscrits) et en défense (118 encaissés). C’est pourquoi nous avions répété avec insistance qu’il fallait que Westbrook sorte d’abord du banc, pour briller avec la deuxième unité autour de joueurs solides comme Norman Powell, Eric Gordon, Mason Plumlee, Nicolas Batum ou Robert Covington.
Tyronn Lue, qui dispose de l’un des effectifs les plus profonds de la NBA, a mis 45 matches à trouver la bonne rotation. Celle avec Mann parmi les titulaires, avec un rôle à la Marcus Smart. Maintenant, il donne l’impression de tester à nouveau différents lineups dans l’espoir de trouver la formule qui marche. Le temps d’adaptation était évidemment prévisible mais il est déjà tard dans la saison. Le temps presse ! Les playoffs approchent et les Clippers, en lâchant des matches, sont désormais sous la menace de passer par le play-in. Ils sont sixièmes à l’Ouest avec une victoire d’avance sur les Dallas Mavericks, septièmes.
C’est surtout en fin de rencontre que ça pose le plus de problèmes. Les trois matches perdus étaient finalement assez serrés. Avec une défaite en double prolongation contre les Sacramento Kings, une autre après OT contre les Denver Nuggets et enfin un revers sur le tard contre les Minnesota Timberwolves. Celui-ci est inexcusable.
Lue a essayé plusieurs cinq différents pour finir les matches. Souvent, les Angelenos ont laissé filer l’écart après être repassés devant. Les rotations y sont pour beaucoup. Il faut que Lue puisse trouver le cinq idéal pour achever les adversaires sur le tard. Nous nous sommes aussi penchés sur la question.
L’un des choix les plus logiques mène au groupe qui a détruit ses adversaires soir après soir cette saison. Celui composé de Leonard et George, bien sûr, avec Marcus Morris, Ivica Zubac et Terance Mann. Un lineup qui se connaît bien – 142 minutes communes – et affichent un différentiel massif de +14,8 sur 100 possessions. Si ce n’est pas celui qui termine les matches, c’est clairement le meilleur cinq de départ des Clippers. Deux stars, un pivot classique fort protecteur de cercle, un défenseur extérieur et un ailier fuyant. Moderne, efficace. Maintenant, devinez combien de minute ce cinq a joué lors des 3 derniers matches ? Zéro. Yes, zéro.
Au-delà des statistiques, réfléchissons juste à la complémentarité du meilleur lineup possible pour L.A. Leonard et George sont les deux socles de l’équipe. D’ailleurs, il est important de rappeler que Kawhi n’a pas eu une seule fois l’occasion de tirer lors des 5 dernières minutes du match contre les Timberwolves. Quand les Clippers ont eu besoin d’un panier dans les derniers instants, c’est… Westbrook qui a pris ses responsabilités. Avec à l’arrivée une défaite. Bref, il serait important de ne pas oublier la hiérarchie dans cette franchise. Tout commence avec les deux stars.
Autour, il faut de la défense et du tir. Terance Mann, Nicolas Batum et Robert Covington sont très précieux dans ces aspects du jeu. Ils n’ont quasiment pas été utilisés par Tyronn Lue dans les fins de rencontre depuis 3 matches. Avec respectivement +66 et +53, Mann et Batum disposent des meilleurs +/- de l’équipe dans les quatrièmes quart-temps depuis le début de la saison. Ils doivent épauler Kawhi Leonard et Paul George.
Pour le dernier spot, ça peut changer d’un soir sur l’autre selon la forme du moment. Parfois Westbrook, s’il comprend son rôle. Parfois Zubac selon le match-up. Covington, Morris, Eric Gordon, Mason Plumlee et Norman Powell sont aussi des options intéressantes. Mais le quatuor cité ci-dessus forme un noyau dur autour duquel bâtir.
C’est quand même dingue que les Clippers aient fait venir coupé via un buyout pour lui donner autant de minutes et de responsabilités à moins de 25 matches de la fin de la saison régulière. Ils ont eux-mêmes cassé leur propre alchimie. Ils seront au complet contre des Golden State Warriors privés de Stephen Curry et d’Andrew Wiggins jeudi soir. Interdit de se planter. Sinon ça sera vite la crise à Los Angeles.