Interview Christian Lorng : de débutant à Wake Forest en moins de 4 ans

Il y a moins de quatre ans, Christian Lorng ne connaissait rien au basket. Pourtant il vient de signer à Wake Forest et fait partie du groupe élargie de l’équipe de France U20.

Interview Christian Lorng : de débutant à Wake Forest en moins de 4 ans
BasketSession : Tu as eu plusieurs offres ? Pourquoi Wake Forest plutôt qu'une autre ? Christian Lorng : Il y a un truc qui m'a vraiment marqué pendant la visite que j'ai fait là-bas. Dans leur système, Wake Forest est une petite école (en terme de taille, avec 8000 étudiants tout de même - ndlr). Il y a des universités de 50000 personnes. Ici, c'est considéré comme une petite école et les classes me correspondaient plus. Il y avait quelque chose comme vingt ou trente personnes par classe et ça, j'aime bien. Je n'aime pas trop le système avec un amphi de 200 ou 300 personnes. Là, il y a un système plus familial, les élèves connaissent tous les profs. Ils ont une connexion directe et ça j'apprécie. C'est pour ça que j'ai choisi Wake Forest. Bien sûr, je savais que c'était un beau programme basket, mais l'aspect scolaire a été déterminant. BasketSession : Comment se passe un recrutement par les universités, pour un lycéen aux Etats-Unis ? Christian Lorng : Si t'es un gars avec du potentiel, les coaches vont te remarquer. Ils vont continuer à venir te regarder jouer. En général, c'est l'assistant coach qui te voit. S'il t'aime bien, il fait venir le coach principal. Lui te regarde et décide s'il te fait une offre. BasketSession : Quand ils viennent te voir, ils parlent avec toi ou ils n'ont pas le droit ? Christian Lorng : En AAU, ils ne peuvent pas te parler directement, mais ils peuvent t'envoyer des messages. Dans la saison avec le lycée, ils peuvent te parler après le match. Et puis, quand ils te font une offre de bourse, ils essaient de garder un contact direct avec toi ou avec ceux qui t'entourent. Si t'es vraiment intéressé par l'université, tu dois garder ce contact, car les coaches recrutent d'autres joueurs. A un moment, ils te proposent de faire une visite officielle, et ils s'attendent à ce que tu donnes un avis positif ou négatif. Et si c'est un avis négatif, ils passent à un autre joueur. BasketSession : Tu as droit à combien de visites de facs ? Christian Lorng : Tu as droit à 5 visites officielles. Il y a aussi les visites non officielles. Les visites officielles, elles sont complètement prises en charge par l’université, pour toi et pour la personne qui t’accompagne. Du coup, j’ai pu faire venir ma mère. Et ça ne dure que 48h. C’est très réglementé pour pas que les grosses universités puissent te faire venir plusieurs fois ou rester plus longtemps que les facs qui ont des plus petits budgets. Pour que ça reste équitable. [caption id="attachment_417283" align="alignright" width="300"] Pour sa visite à Wake Forest, Christian a revu sa mère pour la 1ère fois depuis plus de 3 ans.[/caption] BasketSession : Tu as donc pu rencontrer ton futur coach, Danny Manning. Christian Lorng : Je l'avais rencontré cinq jours avant la visite, le jour où j'ai reçu leur offre de bourse. Ce jour-là, il était venu me voir pendant l'entraînement. J'ai parlé pendant 45 minutes juste avant l'entraînement, en tête-à-tête. Il m'a expliqué ce qu'ils attendaient de moi. Après il m'a présenté l'école, il m'a montré des photos. Après l'entraînement, il m'a offert une bourse. Et ensuite, la deuxième fois où je l'ai vu, c'était pendant la visite, où j'ai passé presque une journée avec lui. BasketSession : Tu le connaissais en tant que joueur avant ? Christian Lorng : Oui bien sûr, c'est une légende. J'ai entendu beaucoup parlé de lui, j'ai vu des vidéos de lui. Je suis un grand fan de lui, mais il ne le sait pas, ça. Il n’est pas un coach comme un autre. C'était un big, il jouait un peu à ma position pendant sa carrière. C'était un plus. Il pourra mieux me comprendre, il connaît parfaitement mon poste. Ca m'a aidé à prendre ma décision. BasketSession : Tu as discuté avec lui de ton futur rôle ? Tu sais ce qu'il attend de toi ? Christian Lorng : Il m'a dit ce qu'ils attendaient de voir chez moi. En gros, il a besoin de mon physique. Il m'a dit que ce qu'il aime chez moi, c'est que j'ai l'air d'être déjà prêt physiquement pour le college. D'un point de vue athlétique. Le recrutement qu'il a actuellement, c'est des gars talentueux mais ça manque de physique. Donc il a besoin de quelqu'un qui peut impacter la raquette, apporter du gros physique à l'intérieur. BasketSession : Le fait qu’il y ait deux Français là-bas, Olivier Sarr et Jaylen Hoard, ça a joué dans ton choix ? Christian Lorng : Non, c'est un plus, mais ce n'est pas ce qui a fait la différence. Je suis aux Etats-Unis depuis plus de trois ans, m'adapter n'est plus un problème pour moi. J'ai pu parler avec Olivier et avec Jaylen pendant un repas, on a discuté pendant des heures. C'est des gars vraiment sympas. Donc c'est un plus. BasketSession : Eux deux ont un parcours classique, ils ont été référencés tôt chez les jeunes potentiels français. Maintenant que tu as explosé aux USA, as-tu des contacts avec la Fédé pour les équipes de France ? Christian Lorng : Oui, je vais faire le dernier stage de sélection le 16 juin pour essayer de faire partie du groupe qui jouera le championnat d’Europe. Le coach des U20, Jean-Aimé Toupane, est en contact avec Xavier. Déjà l’an dernier, il a sélectionné Alexis Yetna, qui est aussi parti aux Etats-Unis grâce à Coach X alors qu’il ne perçait pas en France (U20 région à Cergy, 5 essais en vain dans des centres de formation - ndlr). Du coup, il m’a suivi cette année, à travers des vidéos qu’on lui envoyait. BasketSession : Quels sont tes objectifs pour le futur ? Christian Lorng : La saison prochaine, j'aimerais avoir un temps de jeu important. Mais c'est un truc qui n'est pas donné. Tu dois le mériter. A terme, j’aimerais faire une carrière professionnelle. Après, où et comment, je verrai plus tard. Je suis arrivé à un moment où je suis un peu réaliste. Au niveau où je suis, je reste réaliste, et une carrière professionnelle, ce sera bien. Je veux aussi avoir un diplôme en business. C'est en quatre ans. J'aimerais avoir mon diplôme en main avant de passer à autre chose. BasketSession : Quels conseils tu donnerais à des jeunes joueurs qui aimeraient suivre ton parcours ? Christian Lorng : Il faut du courage pour se lancer, venir ici plusieurs années sans voir sa famille. C'est le premier truc. Après, c'est la persévérance. Des fois, tu as l'impression que rien ne se passe comme tu voudrais mais il faut persévérer. BasketSession : La preuve, ça paie, tu es recruté par Danny Manning, quand même. Christian Lorng : D'ailleurs, quand tu as commencé le basket, tu le connaissais ? Non ! Avant que je commence le basket, je ne connaissais rien de ce sport. Je faisais du foot avant. Il y a trois ans et demi, quatre ans, je ne connaissais rien au basket !