Interview Christian Lorng : de débutant à Wake Forest en moins de 4 ans

Il y a moins de quatre ans, Christian Lorng ne connaissait rien au basket. Pourtant il vient de signer à Wake Forest et fait partie du groupe élargie de l’équipe de France U20.

Interview Christian Lorng : de débutant à Wake Forest en moins de 4 ans
BasketSession : D’un point de vue scolaire, ça se passe comment pour toi ? Christian Lorng : Je suis arrivé avant que l'école commence et je me suis focalisé sur l’anglais. Quand les cours ont commencé, mon niveau d'anglais était déjà suffisant pour que j'arrive à suivre et je n'ai pas eu de problème. J'ai eu directement des bonnes notes. En France, il fallait que je me focalise soit sur le sport, soit sur les études, et je n’avais pas des super notes du coup. C’est pour ça que je suis venu ici, j'ai eu plus de temps à consacrer aux études, j'ai pu me focaliser sur les deux.
La vraie difficulté, c'était au niveau du rythme. Ici, c'est plus physique. Si t’es fatigué, le coach te sort et, avec 14 joueurs qui veulent tous aller haut, c’est plus compliqué pour revenir sur le terrain après.
BasketSession : Et niveau basket ? C'était dur au début ? Christian Lorng : Oui mais comme je disais, je n'avais pas l'impression de n'avoir qu'un an de basket. Le coach s'attendait à recevoir un grand qui a seulement un an de basket, qui ne peut pas shooter de lancer-franc ou faire des doubles-pas normaux. Mais moi, je suis arrivé avec un peu de bagage sportif, quelques fondamentaux. Ils étaient un peu surpris. La vraie difficulté, c'était plus au niveau du rythme. Ici, c'est plus physique. Les premiers mois, c'était vraiment chaud, j'étais derrière les autres en endurance et tout. En trois, quatre mois, j'ai rattrapé ce retard. Avec mon coach d'high school, chaque matin avant la saison, on se voyait pour des courses d'une heure, une heure trente pour travailler l'endurance. Là aussi, comme pour l'anglais, c'était une chance d'arriver avant le début de la saison. J'ai eu le temps de m'adapter physiquement et mentalement. BasketSession : En termes d'intensité, la différence est énorme ? Christian Lorng : Oui, c'est énorme, ça va super vite. T'as pas le temps de te reposer. Si le coach sent que tu te fatigues un peu, il te sort. Tu ne peux pas être fatigué si tu veux vraiment jouer. On était 14 (ils peuvent être 15 sur la feuille de match - ndlr). Si t’es fatigué, le coach te sort et, avec 14 joueurs qui veulent tous aller haut, c’est plus compliqué pour revenir sur le terrain après. https://twitter.com/WC_CircuitRider/status/773359764222992384 BasketSession : L'entraînement physique, c'est différent aux USA ? Christian Lorng : En France je me focalisais plus sur mon jeu parce que j'avais des lacunes. Aux Etats-Unis, ils se sont aussi focalisés sur mon corps, parce que c'est un sport encore plus physique ici. Donc je faisais entre 5 et 6 heures d'entraînement physique et de musculation par semaine. Et quand j'ai été faire ma visite à Wake Forest, ils m'ont dit que ça c'était rien, on fera le double en université pour la musculation.
Ma mère, elle est venue lors de ma visite à Wake Forest, mais je ne l’avais pas vue avant depuis mon départ aux USA. Plus de 3 ans.
BasketSession : Tu es dans ta quatrième année aux USA. Il y des moment où ça a été dur ? Christian Lorng : Oui bien sûr, tu n'es pas humain si tu n'as pas des moments de doute. Ca faisait trois ans que j'étais loin du pays. J'ai rencontré d'autres Français ici. Il y en a à qui la France manquait tellement qu'ils sont repartis. Si tu n'as personne autour de toi pour te soutenir, tu peux ne pas y arriver. Coach X m'appelait tous les deux jours. Mon coach était toujours là pour moi. J'appelais ma mère chaque jour. C'est ce qu'il faut pour pouvoir tenir, parce que c'est sûr que tu auras des moments de doute. Ma mère, elle est venue lors de ma visite à Wake Forest, mais je ne l’avais pas vue avant depuis mon départ aux USA. Plus de 3 ans. C’est énormément de sacrifice, il y a des moments où c’est dur. BasketSession : L'été, tu ne revenais pas en France ? Christian Lorng : Non, c'était compliqué. Déjà les billets coûtent cher et puis il y avait les tournois AAU. La saison ne s’arrête jamais, contrairement à la France où il n’y a plus grand-chose l’été. BasketSession : Vu de France, le circuit AAU n'a pas forcément une bonne réputation. Mais au final, on ne sait pas forcément toujours ce que c'est. Est-ce que tu peux décrire ce circuit d'été ? Christian Lorng : C'est quand même quelque chose d'important. La saison est off, ça permet de rester en forme. Tu joues contre des gars qui sont forts. J'y ai joué contre des gars qui vont se faire drafter cette année. Donc c'est positif pour toi. Après, c'est vrai que tu joues parfois pour des coaches qui essaient de se montrer, de montrer leurs talents de coaching. Mais toi, ça te permet de pouvoir te montrer aussi. Il y a plein de coaches qui viennent voir les joueurs. L'an passé, plus de la moitié des offres d'université que j'ai reçues, c'est avec le circuit AAU, ce n'était pas pendant la saison de high school. Parce qu'il y a un truc que les gens ne savent pas, c'est que pendant la saison, les universités, les écoles doivent préparer et gérer leur propre saison, elles n'ont pas le temps de faire le suivi de joueurs. Mais dès que leurs saisons finissent, la saison AAU commence et les coaches sont disponibles et commencent à "recruter". Donc c'est le moment où tu peux vraiment montrer tes talents, où ils viennent te regarder. BasketSession : Le niveau est plus relevé que le championnat des lycées ? Christian Lorng : C'est sûr, il y a tous les meilleurs qui sont réunis, ils savent que les coaches sont là donc il y a encore plus d'intensité.
En high school, on me demandait un peu de faire le sale boulot. En AAU, je peux montrer d’autres aspects de mon jeu. On te laisse plus de liberté.
En terme de jeu, ce n'est pas trop individualiste du coup ? Christian Lorng : Tu as quand même du jeu collectif, mais c'est un peu des deux. Il y a de la concurrence. Tu essaies de gagner le match, mais en même temps tu essaies de prouver aux coaches que tu es meilleur que les autres. Ca dépend de l'équipe où tu es et du coach. En tout cas, on te laisse plus de liberté, c’est positif aussi : en high school, on me demandait un peu de faire le sale boulot. En AAU, je peux montrer d’autres aspects de mon jeu, prendre des tirs extérieurs, dribbler un peu plus… C’est vraiment complémentaire.