Le Media Day, c’est la rentrée des classes. Le premier signe que la saison approche. C’est d’abord visuel : tout le monde porte son uniforme et, pour ceux qui ont justement changé d’équipe pendant l’été, ça peut surprendre. Même plusieurs semaines après son transfert dans la Bay, ça fait toujours bizarre de voir Chris Paul avec une tunique des Golden State Warriors sur le dos. Le choc des images. Et bien sûr le poids des mots. Parce que les joueurs sont mis devant les journalistes et répondent, entre autres, aux questions les plus pressantes concernant la saison à venir. Dans le cas de CP3, et comme depuis l’officialisation de son trade et donc de son association avec Stephen Curry, elles sont centrées sur son rôle autour de quatre autres All-Stars.
« Je pense que tous ceux qui me connaissent savent que ce qui compte pour moi, c’est de gagner. Je suis prêt à faire tout mon possible pour aider l’équipe à gagner », insiste le vétéran.
Une manière de faire comprendre qu’il est prêt à accepter n’importe quel statut ou presque. Une prise de conscience qu’à ce stade de sa carrière, dans cette équipe, sortir du banc, lui qui a toujours été titulaire en NBA, est une sérieuse option.
« J’ai déjà eu l’opportunité d’être remplaçant en 2008 dans l’équipe championne Olympique », note l’intéressé.
Chris Paul on the starting lineup question: “I actually got the opportunity in ‘08 to come off the bench for the Olympic team. Anybody that knows me knows I’m all about winning.” pic.twitter.com/gd53p554AG
— Anthony Slater (@anthonyVslater) October 2, 2023
Plus qu’une option, c’est probablement le choix le plus logique pour les Warriors de Steve Kerr. Ils ont été sacrés en 2021 avec un cinq composé de Curry, Klay Thompson, Andrew Wiggins, Draymond Green et Kevon Looney. Un groupe qui, aligné ensemble pendant plus de 300 minutes l’an passé, affichait un différentiel monstrueux de +21,9 sur 100 possessions. D’assez loin le cinq majeur le plus efficace de toute la NBA.
« On avait le meilleur cinq majeur de la ligue, c’est quelque chose qui ne peut pas être ignoré. Mais on ne peut pas non plus ignorer Chris Paul. Je sais que l’on fera ce qui est le mieux pour l’équipe », souligne Green.
Même si Chris Paul n’a jamais été remplaçant à ce niveau, c’est l’hypothèse la plus probable à son âge. Il va avoir 38 ans. Pour des questions de taille et de solidité défensive, faire jouer CP3, Curry et Thompson ensemble sur de longues minutes n’a pas forcément de sens. Et surtout, pourquoi se priver d’une formule qui marche ? La déclaration de Draymond Green va dans ce sens, même si elle ouvre la porte au cas où… une autre formule marche encore mieux.
Chris Paul, le GM des Warriors a fait valider le deal par les cadres
Les Warriors vont sans doute faire des essais pendant la saison régulière. Kerr et son staff savent utiliser à bon escient les matches d’octobre à avril en jonglant habilement entre la nécessité de gagner pour évidemment intégrer le top-6 mais aussi prendre le temps de tester des combinaisons afin de se préparer au mieux pour les playoffs. Paul aura sans doute sa chance dans différentes configurations : avec Curry, sans lui, avec Thompson ou non, etc.
L’optique de faire jouer un cinq « super small ball » avec les deux meneurs superstars mais aussi Klay, Wiggins et Green est très tentante. Mais que ce soit dès le coup d’envoi ou en cours de jeu, ils seront de toute façon amené à se partager la balle et des minutes. Stephen Curry souligne justement le fait qu’il n’a « jamais vraiment joué » avec un maestro du profil de Chris Paul et que c’est une opportunité pour avoir encore plus de tirs ouverts. Il sait jouer sans le ballon. Thompson aussi, bien entendu. Et CP3 est un génie sur le terrain, capable de s’adapter. Les match-ups peuvent faire évoluer les rotations. Contre un adversaire plus petit, le trio peut aire des ravages en attaque sans forcément en payer le prix en défense.
Mais dans l'idée, avoir un général des parquets du calibre de Paul pour diriger le deuxième cinq reste un luxe. C'est exactement ce qu'il manquait aux Warriors. Jordan Poole avait du mal à assumer ce rôle, notamment parce qu'il cherchait d'abord à briller et à se mettre lui-même en valeur. Les Jonathan Kuminga, Moses Moody, Gary Payton II, ces joueurs forts mais pas forcément à même de créer leur propre tir, vont profiter de sa présence. Dario Saric aussi. Les Californiens vont garder en constance et en playmaking même en reposant Curry et Green.
« J’ai un ami qui dit toujours ‘si tout le monde fait un petit peu, personne n’a besoin de faire beaucoup.’ C’est ce que je compte apporter pour cette équipe », témoigne le transfuge des Phoenix Suns.
Avec la blessure de Draymond Green, il devra peut-être de suite apporter beaucoup. L’avantage, avec cinq futurs Hall Of Famers, c’est que les Warriors ont un paquet de joueurs capables de faire tout un tas de choses. Et si ça prend, cette équipe risque d’être en très bonne position pour aller chercher un nouveau titre. Ce serait le premier pour Paul. Rien que pour ça, ça peut valoir le coup d’évoluer dans un nouveau rôle.