La fausse image du loser
Résumer Paul aux campagnes de playoffs de ses différentes franchises est trompeuses. Il a commencé au sein d’une équipe des New Orleans Hornets pas assez talentueuse pour vraiment aller au bout. Et pourtant, il a mené ce groupe pas si loin des finales NBA avec même une série en sept manches perdues contre les San Antonio Spurs au second tour en 2008. Il lui arrivait de se blesser pile au moment des playoffs. Lui ou ses coéquipiers. Il s’est planté en 2014, en perdant deux ballons lors des 30 dernières secondes d’un Game 5 décisif contre le Oklahoma City Thunder. Ça et le craquage des Clippers la saison suivante, alors qu’ils menaient 3-1 contre les Houston Rockets, ont faussé la perception du public sur Chris Paul. Il traînait une image de joueur incapable de passer le cap alors qu’il était pourtant l’un des hommes les plus clutch de la ligue ! Et il l’a toujours été ! Qui se souvient de son game winner par-dessus Tim Duncan pour boucler la série contre les Spurs lors d’un Game 7 épique en 2015 ? Un panier incroyablement difficile qui s’est effacé des mémoires à cause du « choke » des Angelenos au tour suivant. Mais contre Houston, Paul, qui jouait sur une jambe en raison d’une nouvelle blessure, avait été excellent (24 points, 10 passes). Ce sont les autres qui n’ont pas suivi. Gagner un titre NBA est un parcours du combattant. Cela demande d’être dans la bonne situation. Avant de rejoindre James Harden et les Rockets lors de la saison 2017-2018, il n’avait jamais partagé la balle avec un créateur aussi fort que lui. Et sans une nouvelle blessure, il aurait peut-être déjà célébré un titre de champion. Les Texans menaient 3-2 contre les Golden State Warriors, en très grande partie grâce aux cartons de CP3. Mais son ischio, encore, toujours, l’a privé des deux derniers matches de la série.Chris Paul parmi les plus grands meneurs
Comment l’en juger pleinement responsable ? Comment le placer en-dessous de Jason Kidd, John Stockton, Stephen Curry ou d’autres par le simple fait que lui n’a pas pu jouer à l’Est – les deux finales des Nets dans une Conférence éclatée ça aide – ni même avec Dirk Nowitzki, Kevin Durant ou Karl Malone ? Chris Paul, c’est (beaucoup) plus de points, plus de rebonds, moins de balles perdues et une meilleure adresse que Stockton en playoffs. Avec juste 2 offrandes de moins. Toutes ses statistiques ou presque sont meilleures que celles de Kidd, même à la passe. Au final, ses moyennes pourraient lui permettre de rivaliser avec n’importe qui : 20 pions, 8 caviars. 47% aux tirs, 36% à trois-points. Des tas de paniers décisifs. Une production très similaire à celle d'Isiah Thomas finalement (20-4-8).« Son ticket est composé quoi qu’il arrive », assure Devin Booker au sujet de la place de son coéquipier parmi les grands de l’Histoire. « Tout ce qui arrive maintenant, c’est de l’extra. Il est l’un des meilleurs meneurs de tous les temps. C’est un fait. Tout le monde le sait. »Pas ceux qui ne jurent que par les bagues et les performances collectives pour classer les individus. Parmi les meilleurs, oui, il l’est. Parmi les plus grands aussi. Mais pour vraiment s’y inviter, dans cette discussion dont la nuance n’est pas toujours comprise, il fallait disputer une finale. Et si possible la gagner. Et là, il n’y aura donc presque plus rien à dire. Parce qu’avec sa longévité, Paul est un homme rare dans ce milieu. Il est, avec Magic Johnson, Kidd, Stockton et Curry, l’un des six meneurs les plus mythiques de tous les temps. Sans aucun doute possible. Chris Paul, quelle place dans l’histoire de la NBA ?