De tous les bad boys qui se sont succédés en NBA, aucun n’inspirait plus de crainte par son jeu physique, ses coudes vicieux et sa détermination, que Charles Oakley, 60 ans aujourd'hui.
Charles Oakley n’a pas bâti sa carrière sur une adresse phénoménale, des qualités athlétiques hors du commun ou un sens du jeu au-dessus du lot. Il est arrivé en NBA avec une adresse rodmanesque, une détente larrybirdienne et un QI basket wilkinsien. Il en est parti avec la même incapacité à sauter par-dessus le media guide d’une expansion team, mais en ayant développé tout au long de son parcours un tir extérieur respectable et une vision du jeu étonnante.
Oakley avait un physique de bûcheron et en a tiré une longue carrière de basketteur. Et s’il a eu le temps de le faire, c’est avant tout grâce à la dureté de son physique et de son jeu.
« Oak », le chêne qui ne plie pas… et ne rompt pas non plus
Forcément, quand on gagne sa place en NBA sur la force de son acharnement plutôt que de son talent, on se fait vite des ennemis. Kevin McHale en était un et ne s’en cachait pas vraiment.
« Un mauvais match pour Oakley, encore une fois », se réjouit ainsi le Celtic dans ''Unfinished Business'', de Jack McCallum, qui suit McHale et ses coéquipiers pendant la saison 1990-91.
« Au moins, il joue tellement mal qu’il ne peut pas se plaindre de ne pas être All-Star. »
La haine de McHale est palpable et son explication est claire.
« Le basket est, par essence, un jeu où l’on court. C’est comme ça qu’on l’apprend. Quand on est gamins, tout ce qu’on fait, c’est courir. Il y a très peu de coaches qui réunissent deux joueurs dans un exercice à l’entraînement et leur disent “Ok, maintenant défoncez-vous la gueule”. »
Oakley est effectivement l’anti-McHale à bien des égards et n’a pas le centième de son arsenal technique. Mais c’est un compétiteur parfaitement conscient de ses limites qui défend fort et joue juste. Quelle équipe ne voudrait pas d’un joueur comme ça ?
Quand les Bulls, qui l’ont récupéré de Cleveland juste après la draft 1985 contre Keith Lee et Ennis Whatley, deux joueurs médiocres, s’en séparent à l’été 1988, c’est totalement à contrecœur et contre l’avis de Michael Jordan. Dans « Playing For Keeps », son classique sur le phénomène Jordan, David Halberstam décrit Oakley ainsi :
« Sa plus grande force était sa volonté de pilonner quiconque se trouvait sur son chemin, à l’entraînement ou en match ».
Mais Chicago manque cruellement de taille et voit en Bill Cartwright le pivot qui pourrait faire la différence. Les Knicks, eux, sont ravis. Ils récupèrent le parfait complément de Patrick Ewing, un ailier (très) fort capable de jouer les gardes du corps de leur pivot star et d’inspirer, sinon du respect, au moins de la crainte chez leurs adversaires, qui ne prennent plus les Knicks très au sérieux depuis les années Bernard King.
Charles Oakley allume (encore) Pat Ewing et lui colle la défaite de 1993 sur le dos
KnickerBoxer
À New York, Oakley se taille vite une réputation peu enviable. Alors que la rudesse de son basket passait plutôt inaperçue chez les Bulls, une équipe limitée placée dans l’ombre du jeu ultra-spectaculaire de Jordan, son amour pour l’intimidation physique apparaît au grand jour dans la quête de respect des Knicks.
Les arrivées combinées de Pat Riley et d’Anthony Mason en 1991 s’accompagnent d’une grosse baisse dans son temps de jeu et dans ses stats, ce qui doit probablement ravir McHale. Mais NYC adhère immédiatement à la philosophie sans pitié de Riley, qui réussit à persuader ses troupes que leur manque de talent peut être largement compensé par une défense impitoyable.
Oakley n’est ni fou, ni imprévisible, ni violent, il est tout simplement incroyablement solide et n’a peur de rien.
Les Knicks, c’est clair, s’inspirent du modèle des Bad Boys de Detroit, qui ont terrorisé la ligue pendant quelques années. Alors que Bill Laimbeer se cachait derrière Rick Mahorn à chaque fois qu’un adversaire voulait lui arracher la tête, les Knicks savent parfaitement vers qui se tourner en cas de problème : Charles Oakley.
Comme Mahorn avant lui et contrairement à Laimbeer, Oakley n’a pas besoin d’en rajouter pour intimider. Sa seule présence refroidit instantanément la plupart des agresseurs potentiels. Il ne fait pas peur, il est craint et il y a là une nuance fondamentale : Oakley n’est ni fou, ni imprévisible, ni violent, il est tout simplement incroyablement solide et n’a peur de rien.
La crainte qu’il inspire n’en est que plus respectable, parce qu’elle est, d’une certaine manière, bien méritée et reste en quelque sorte dans les limites acceptables du jeu.
The Bodyguard
C’est probablement pour cela que Charles est devenu le grand ami de Michael Jordan. Halberstam, toujours dans le même livre, explique ainsi qu’Oakley était le garde du corps désigné et indispensable de MJ pendant ses trois saisons aux Bulls. Il l’est redevenu presque instinctivement après leurs carrières respectives.
Si les deux hommes ont une amitié aussi profonde qu’étonnante, Oak semble comprendre parfaitement les implications que le statut de demi-dieu de Jordan entraîne et se fait un plaisir naturel de jouer le bouclier.
Jordan, en retour, l’a fait venir avec lui à Washington l’espace d’une saison et lui a ensuite trouvé un poste d’assistant coach aux Bobcats. Que de tels liens aient pu survivre à l’amère rivalité qui a opposé les Bulls et les Knicks au milieu des années 90 a de quoi surprendre, surtout quand on connaît la capacité de Jordan à voir tous ses adversaires comme des ennemis à anéantir.
Elle en dit long, surtout, sur l’éthique de travail d’Oakley. On ne gagne pas le respect du numéro 23 sans travailler comme un mort de faim et sans jouer comme s’il n’y avait pas de lendemain.
Le jour où Oakley a défoncé John Salley parce qu’il chambrait MJ à propos de Kobe
Charles partait à la guerre tous les jours comme d’autres joueurs partent seulement pointer et encaisser leur gigantesque chèque. Et s’il fallait casser quelques bras pour avoir la satisfaction du travail accompli, il ne voyait aucune raison de s’en priver.
Quelques vidéos de Charles Oakley en mode intimidateur... voire plus
Charles Oakley vs Charles Barkley
Bonus
Charles Oakley
- 2,06 m - Power forward
- Draft : sélectionné en 9ème position de la draft 1985 par les Cleveland Cavaliers
- Équipes : Chicago Bulls, New York Knicks, Toronto Raptors, Chicago Bulls, Washington Wizards, Houston Rockets
- Palmarès : NBA All-Rookie 1st Team en 1986, All-Star et All-NBA 1st Defensive Team en 1994, All-NBA 2nd Defensive Team en 1998, finaliste NBA en 1994
- Stats en carrière : 9,7 pts à 47,1%, 9,5 rbds et 2,5 pds
Season | Tm | G | MP | FG% | 3P% | FT% | TRB | AST | STL | BLK | PF | PTS |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1985-86 | CHI | 77 | 23.0 | .519 | .000 | .662 | 8.6 | 1.7 | 0.9 | 0.4 | 3.2 | 9.6 |
1986-87 | CHI | 82 | 36.3 | .445 | .367 | .686 | 13.1 | 3.6 | 1.0 | 0.4 | 3.8 | 14.5 |
1987-88 | CHI | 82 | 34.3 | .483 | .250 | .727 | 13.0 | 3.0 | 0.8 | 0.3 | 3.3 | 12.4 |
1988-89 | NYK | 82 | 31.8 | .510 | .250 | .773 | 10.5 | 2.3 | 1.3 | 0.2 | 3.3 | 12.9 |
1989-90 | NYK | 61 | 36.0 | .524 | .000 | .761 | 11.9 | 2.4 | 1.0 | 0.3 | 3.6 | 14.6 |
1990-91 | NYK | 76 | 36.0 | .516 | .000 | .784 | 12.1 | 2.7 | 0.8 | 0.2 | 3.8 | 11.2 |
1991-92 | NYK | 82 | 28.2 | .522 | .000 | .735 | 8.5 | 1.6 | 0.8 | 0.2 | 3.1 | 6.2 |
1992-93 | NYK | 82 | 27.2 | .508 | .000 | .722 | 8.6 | 1.5 | 1.0 | 0.2 | 3.5 | 6.9 |
1993-94 | NYK | 82 | 35.8 | .478 | .000 | .776 | 11.8 | 2.7 | 1.3 | 0.2 | 3.6 | 11.8 |
1994-95 | NYK | 50 | 31.3 | .489 | .250 | .793 | 8.9 | 2.5 | 1.2 | 0.1 | 3.6 | 10.1 |
1995-96 | NYK | 53 | 33.5 | .471 | .269 | .833 | 8.7 | 2.6 | 1.1 | 0.3 | 3.7 | 11.4 |
1996-97 | NYK | 80 | 35.9 | .488 | .263 | .808 | 9.8 | 2.8 | 1.4 | 0.3 | 3.8 | 10.8 |
1997-98 | NYK | 79 | 34.6 | .440 | .000 | .851 | 9.2 | 2.5 | 1.6 | 0.3 | 3.5 | 9.0 |
1998-99 | TOR | 50 | 32.7 | .428 | .200 | .807 | 7.5 | 3.4 | 0.9 | 0.4 | 3.6 | 7.0 |
1999-00 | TOR | 80 | 30.4 | .418 | .341 | .776 | 6.8 | 3.2 | 1.3 | 0.6 | 3.7 | 6.9 |
2000-01 | TOR | 78 | 35.5 | .388 | .224 | .836 | 9.5 | 3.4 | 1.0 | 0.6 | 3.3 | 9.6 |
2001-02 | CHI | 57 | 24.3 | .369 | .167 | .750 | 6.0 | 2.0 | 0.9 | 0.2 | 3.1 | 3.8 |
2002-03 | WAS | 42 | 12.2 | .418 | .824 | 2.5 | 1.0 | 0.3 | 0.1 | 2.1 | 1.8 | |
2003-04 | HOU | 7 | 3.6 | .333 | .833 | 0.7 | 0.3 | 0.0 | 0.0 | 1.1 | 1.3 | |
Career | 1282 | 31.4 | .471 | .253 | .761 | 9.5 | 2.5 | 1.1 | 0.3 | 3.4 | 9.7 | |
10 seasons | NYK | 727 | 33.0 | .493 | .220 | .782 | 10.0 | 2.3 | 1.2 | 0.2 | 3.5 | 10.4 |
4 seasons | CHI | 298 | 30.0 | .464 | .294 | .696 | 10.6 | 2.7 | 0.9 | 0.4 | 3.4 | 10.6 |
3 seasons | TOR | 208 | 32.8 | .406 | .274 | .813 | 8.0 | 3.3 | 1.1 | 0.5 | 3.5 | 7.9 |
1 season | WAS | 42 | 12.2 | .418 | .824 | 2.5 | 1.0 | 0.3 | 0.1 | 2.1 | 1.8 | |
1 season | HOU | 7 | 3.6 | .333 | .833 | 0.7 | 0.3 | 0.0 | 0.0 | 1.1 | 1.3 |