Dix victoires séparent les Boston Celtics, premiers de la Conférence Est avec 54 succès, et leurs dauphins les Milwaukee Bucks. Pour la comparaison, c’est l’écart en le premier, le Oklahoma City Thunder, et le… neuvième, les Los Angeles Lakers, à l’Ouest. La franchise du Massachusetts va finir avec le meilleur bilan de toute la NBA mais il est clair qu’elle domine complètement sa moitié du pays.
Derrière, ce n’est pas non plus le désert mais il n’y a pas vraiment une équipe qui se détache réellement. Au point où il est difficile de deviner qui peut réellement concurrencer Boston. Il y a-t-il seulement une formation à même de mettre à mal sa suprématie à l’Est ? Si oui, laquelle ? Coup de projecteur sur les cinq franchises éventuellement capables – ou au moins censées pouvoir le faire – de gêner les Celtics en playoffs.
Milwaukee Bucks
Le choix le plus logique et le premier qui vient en tête malgré une saison délicate marquée par le licenciement d’Adrian Griffin quelques mois seulement après son arrivée sur le banc. Les Bucks ont gagné 30 des 43 matches disputés sous ses ordres mais ça ne l’a pas empêché de prendre la porte, sa voix étant notamment diminuée au sein du vestiaire.
Ils comptaient moins de quatre rencontres « d’écart » avec les Celtics au moment du renvoi de Griffin. Doc Rivers est arrivé entre temps, sortant ainsi de sa retraite plus rapidement que prévu pour signer un nouveau deal sur cinq ans. Milwaukee affiche un bilan de… 12-10 depuis. Forcément, c’est décevant.
Pourtant, sur le papier, la franchise du Wisconsin devait s’affirmer comme l’autre locomotive de sa Conférence après avoir fait venir Damian Lillard – en sacrifiant notamment Jrue Holiday – pendant la dernière intersaison. Elle occupe la deuxième place mais ne donne pas du tout l’impression de boxer dans la même catégorie que Boston, où évolue désormais Holiday.
Les Bucks ont la quatrième meilleur attaque de la ligue avec presque 119 points sur 100 possessions (derrière Boston, Indiana et OKC) mais aussi la seizième défense avec 115 points encaissés. Ils avaient la neuvième défense (et cinquième attaque) quand ils ont été sacrés champions en 2021. Cela dit, les Denver Nuggets flirtaient dans les mêmes eaux l’an passé (cinquième attaque, quinzième défense), avec un net rating à peu près similaire et ça ne les a pas empêché d’aller au bout.
Sauf que Nikola Jokic et ses partenaires se connaissent par cœur et ils jouent pour le même entraîneur depuis 2015. Giannis Antetokounmpo et Lillard, les deux superstars qui ont le potentiel de former un « one, two punch » plus vu depuis Shaquille O’Neal et Kobe Bryant, se cherchent encore des repères ensemble. Il y a eu du mieux par moments, et même du bon mais aussi du nettement mauvais ces derniers mois.
Rivers est revenu à d’anciennes bases défensives, celles de Mike Budenholzer, avec notamment un Brook Lopez qui « drop » sur les picks-and-roll. Milwaukee encaisse moins de points désormais (113 sous sa tenure) mais en marque nettement moins aussi (115). Son différentiel de +1,7 est l’équivalent de celui d’une équipe ambitieuse mais a priori par armée pour jouer le titre.
L’absence prolongée de Khris Middleton – qui n’a joué que 44 matches – a beaucoup pesé et son retour juste avant les playoffs va faire du bien aux Bucks. Au complet, cette équipe reste évidemment très dangereuse. Mais elle manque d’alchimie et de profondeur pour vraiment dominer son sujet. Et à ce stade de la saison, elle manque de temps.
Cleveland Cavaliers
Attention à ne pas trop sous-estimer les Cavaliers. Malgré des blessures en cascades de tous les cadres, la franchise de l’Ohio est partie pour faire au moins aussi bien que l’an dernier, quand elle avait renoué avec les 50 victoires (51) pour la première fois depuis le départ de LeBron James. Les joueurs de JB Bickerstaff se reposent encore une fois sur une excellente défense, la troisième de la ligue, pour traverser la saison régulière même avec de nombreux forfaits.
Être en mesure de faire des stops est évidemment primordial en playoffs. Avec Jarrett Allen et Evan Mobley, Cleveland a de quoi fermer l’accès au cercle. Elle est l’une des trois équipes (avec Chicago et Minnesota) qui encaisse le moins de points dans la peinture chaque soir. Ça peut faire la différence. Surtout qu’avec l’évolution offensive d’Isaac Okoro, stoppeur qui peut enfin contribuer un peu en attaque, et l’arrivée de Max Strus, les Cavaliers sont aussi plus solides sur les ailes.
Donovan Mitchell aurait été un candidat très crédible à la deuxième All-NBA Team s’il avait pu atteindre la barre des 65 matches. Les Cavs sont à 33-16 avec lui et 10-9 sans. Il est le talent offensif majeur qui peut élever une escouade sur une série.
Cleveland s’est planté en playoffs l’an passé mais l’effectif est plus profond cette saison. Il y a au moins dix joueurs susceptibles d’avoir un impact même au plus haut niveau. Les chances de les voir sortir au premier tour paraissent tout de même vraiment plus faibles que l’an dernier. Les finales de Conférence constituent même un objectif à peu près crédible... même si une sortie au deuxième tour reste plus réaliste.
New York Knicks
Les Knicks sont de retour au premier plan à l’Est. Et pour ça, ils n’ont même pas eu besoin de monter un deal pour une superstar. Enfin, si, ils ont leur superstar. Sauf que ce n’est pas le nom le plus ronflant de la ligue. Jalen Brunson a complètement changé la dynamique de la franchise – qui avait déjà joué les playoffs sous Tom Thibodeau avant l’arrivée du meneur All-Star. Il a donné une âme à cette équipe. Il est le leader d’une formation rugueuse et défensive (112 points encaissés sur 100 possessions, septième en NBA). Tout ce qui plaît au public local.
L’autre qui a tout changé, c’est OG Anunoby. Son transfert a fait passer un cap aux New-yorkais, en course pour la sixième place avant d’être brièvement dauphins des Celtics à la suite d’une série spectaculaire qui a suivi l’échange mis en place avec les Toronto Raptors. Les Knicks ont gagné 15 des 17 matches disputés par Anunoby ! Il est le chaînon qui manquait à ce groupe.
Il n’est pas forcément plus talentueux que RJ Barrett, l’un des jeunes joueurs sacrifiés dans l’affaire, mais il est plus confirmé que le troisième choix de la draft 2019 et surtout il colle mieux avec les différentes pièces présentes dans le roster. OG est un défenseur féroce qui peut aussi contribuer en attaque sans avoir la gonfle entre les mains. Ses coupes, son placement et son adresse extérieur en font un excellent complètement de Jalen Brunson et Julius Randle.
Le problème, c’est justement qu’il n’a joué que 17 matches. Une blessure au coude l’a éloigné des parquets plusieurs semaines et il a rechuté peu de temps après son retour. Randle est toujours indisponible et Brunson a lui aussi manqué son lot de rencontres. Les Knicks sont combatifs mais ils n’ont pas joué au complet depuis leurs ajustements de février (arrivées de Bojan Bogdanovic et Alec Burks). Sans oublier le fait que Mitchell Robinson est sur la touche depuis déjà des mois.
Dans ces conditions, dur de savoir ce que vaut vraiment cette équipe et surtout difficile de l’imaginer à pleine puissance au moment où les choses séreuses vont débuter. Elle peut faire bonne impression, bien sûr, mais il est tout de même peu probable de voir les Knicks disputer leurs premières finales depuis 1999.
Philadelphia Sixers
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Les Sixers ont construit leur équipe autour de Joel Embiid. Tout passe par lui. Alors, forcément, dès qu’il n’est pas là, c’est la grande débandade. Philadelphia a gagné 26 des 34 matches disputés par son MVP. Soit 76% de victoires. Les Sixers seraient au coude-à-coude avec les Celtics si le Camerounais avait tenu le choc toute la saison. Ce dernier serait même le favori pour récupérer un nouveau trophée individuel.
La greffe a vite pris avec Nick Nurse, qui a remplacé Doc Rivers sur le banc à l’issue de la saison dernière. Le coach, réputé pour son ingéniosité en attaque, a donné un peu de vie à une attaque beaucoup trop prévisible. Il a mis du rythme, il a poussé ses joueurs à imprimer un tempo un peu plus soutenu tout en abreuvant Embiid de ballons. Plus de mouvements et plus de circulation de balle. Tyrese Maxey en a profité pour passer un cap et devenir un All-Star, ce qui aurait pu (dû) être le cas l’an passé.
Mais voilà, Joel Embiid, géant au corps de verre, s’est encore blessé. Il n’est pas out pour la saison. Du moins pas officiellement. Daryl Morey a même recruté dans l’optique de récupérer sa star en faisant notamment venir Buddy Hield et Kyle Lowry, deux vétérans qui n’ont du sens que dans un effectif taillé pour le titre. Un effectif avec Embiid.
Le suspense plane et les médecins le réévaluent au fur et à mesure de sa rééducation après sa blessure au genou. En attendant, ses coéquipiers essayent de s’arracher pour se qualifier directement pour les playoffs sans passer par le play-in. Mais tout dépendra évidemment du pivot. Et même s’il revenait, serait-il vraiment à 100% ? C’est cruel mais ça fait beaucoup d’interrogations avant de débuter une campagne dans une Conférence où Boston arrive avec énormément de certitudes.
Miami Heat
Finalistes en 2020 et 2023, éliminé sur un ultime tir de Jimmy Butler en 2022, le Heat est fréquemment bien placé. Mais finalement jamais gagnant depuis le démantèlement du trio formé par LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh. La saison régulière actuelle de Miami pourrait presque laisser croire que l’anomalie de l’an dernier, ce n’était pas le mauvais exercice des Floridiens, déjà mal classés, mais bien leur parcours héroïque en playoffs.
Ils peinent encore une fois à faire preuve de régularité entre octobre et avril et n’occupent que la huitième place de la Conférence Est. Pour rappel, ils étaient passés tout près de sortir lors du play-in (battus par Atlanta, menés d’une dizaine de points par Chicago) la saison dernière. Ils peuvent encore espérer accrocher le sixième spot, celui qui est directement qualificatif pour les playoffs, mais la franchise traverse une mauvaise période pile au moment où elle est censée hausser son niveau de jeu.
Miami n’a pas non plus été épargné par les blessures – Tyler Herro manque actuellement à l’appel – mais ce fut aussi le cas pour New York ou Cleveland. Puis Erik Spoelstra es justement réputé pour tirer le meilleur de son effectif. Ce n’est pas parce que le Heat est bon sans certains joueurs majeurs qu’il saura forcément beaucoup plus fort au complet. Spoelstra est un coach formidable qui a la capacité à réduire cette marge quand il y a des blessés.
Les troupes de South Beach ont évidemment des arguments. Le meilleur tacticien de la ligue, peut-être. Une superstar avec Butler, qui hausse traditionnellement son niveau de jeu en playoffs. Notons tout de même qu’il a 34 ans et qu’il enchaîne les pépins, lui avait déjà été gêné par des blessures lors de la campagne de l’an dernier. Bam Adebayo est une star à son poste. Duncan Robinson a beaucoup progressé et ce n’est plus du tout un joueur unidimensionnel. Jaime Jaquez Jr est une super pioche.
Tout le monde connaît son rôle à Miami et tout le monde le respecte. C’est une formation qui est de toute façon programmée pour faire mieux en playoffs, où le style et l’intensité lui correspond plus. Elle est dangereuse et peut faire peur. Mais ça manque franchement de talents pour aller au bout. Une équipe ne passe pas par le play-in deux années de suite par hasard.