« C’est un travail sur cinq ans qui a été mis en place. On aurait très bien pu se casser les pieds bien avant mais pourtant on a réussi. Ce n’est pas évident, mais aujourd’hui on est contentes et on le mérite. Mais on aurait très bien pu passer à côté de ça. Je suis super fière de mon équipe car on a su répondre présent. On a grandi au fil des années, on n’a pas toujours eu des bons moments et pourtant on arrive comme ça à ce petit sommet qu’on s’était fixé dans nos têtes et ça c’est fort. Rien n’est évident dans le sport, dans le basket. J’ai le souvenir d’un championnat du monde où j’en avais gros sur le cœur de parler de ce quart de finale où l’on perd contre l’Espagne. Il nous manquait beaucoup de monde et pourtant on avait construit quelque chose avec ce groupe-là. Et là c’est ça. En cinq ans on a eu un groupe plutôt homogène avec des filles qui n’étaient pas là et qui méritent aussi un bout de cette médaille. Malheureusement elle ne se coupe pas et de toute façon je ne la donnerai pas (sourire). C’est le basket féminin dans son ensemble qui a gagné cette médaille. Je suis un peu triste de la façon dont on a perdu le match contre les USA. C’était peut-être notre plus mauvaise rencontre : c’est ballot c’est en finale. Je tiens quand même à dire que ça n’est pas évident de jouer les USA. Ce sont elles qui nous ont fait déjouer, jusqu’à présent on avait plus ou moins le contrôle de nos matches. Là on a rien contrôlé du tout. Je nous ai trouvées un peu fébriles. C’est dommage parce qu’on ne s’est pas forcément toutes éclatées et j’aurais aimé qu’on finisse sur une note un peu plus joyeuse. Maintenant, gagner ce match-là, je pense vraiment que c’était impossible. Elles nous ont prises très au sérieux et je pense que c’est pour ça aussi que l’écart est très important. C’est aussi un honneur de se dire qu’elles n’ont pas lésiné sur les moyens pour essayer de nous battre. Après on finit sur une défaite mais on a aussi toutes ces victoires que l’on a emmagasinées dans nos têtes. On a envie de garder ces moments-là et ça c’est beau. Le déclic ? Ça s’est fait au jour le jour. C’est vrai qu’en poule on a fait des trucs plutôt pas mal. L’Australie, après le Brésil, le Canada à 9h ça n’a pas été facile. On a enchainé les matches comme ça mais le moment où ça bascule, c’est le quart de finale parce que tout pouvait continuer comme tout pouvait s’arrêter. Après, on s'est autorisé à rêver un petit peu, à voir un petit peu plus loin en sachant qu'on ne rencontrerait pas les USA en demi-finale. On a commencé à rêver à ce moment-là. J’ai fêté mes 30 ans il n’y a pas si longtemps que ça. J’étais en pleine dépression, je n’ai pas trop envie de vieillir. Je n’ai pas vécu de saisons particulièrement euphoriques ces dernières années et arriver à jouer un basket comme ça dans une compétition comme ça avec toute cette émotion, ce décor autour de moi... je suis super heureuse. Pour une fois, je suis fière de moi et ça n’est pas tous les jours que je m’autorise à l’être. Sur ce tournoi, j’ai eu le soutien de mes coéquipières, le soutien de mon entraineur qui m’a rendu bonne, aussi. Je lui dédie aussi cette victoire car à un moment donné, c’est lui qui m’a fait grandir et qui m’a fait confiance même dans les moments les plus difficiles. Je suis heureuse d’avoir fait un tel tournoi."
Céline Dumerc : « On a grandi »
La capitaine des Bleues, héroïque aux JO, savoure cette médaille d'argent historique.
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