« Lui, idéalement, il serait encore titulaire. C’est son état d’esprit parce qu’il n’est jamais sorti du banc. (…) Mais on lui a dit de prendre sa décision en prenant en compte le fait qu’il commencerait sans doute sur le banc », confiait Neil Olshey à The Athletic fin novembre.Le joueur avait ainsi les cartes en main avant de prendre sa décision pendant l’intersaison. Libre, il pouvait courir après un nouveau rôle majeur, par exemple aux New York Knicks. Mais après une longue réflexion, il a finalement fait le choix de rester à Portland. Non sans difficulté.
« Il a fallu avaler cette pilule », avoue l’intéressé. « Nous avons eu des conversations très honnêtes tout au long du processus. Donc je préfère revenir ici et faire ça en sachant que cette organisation et ses membres me respectent. Ils m’ont fait comprendre que je resterai une pièce importante de l’équipe. »C’est là qu’est la différence pour Anthony. En communiquant, en expliquant, les Blazers ont su le mettre en confiance. C’est ainsi que devrait être abordé chaque problème du quotidien. Et ça relève du management. Olshey et Stotts ont fait comprendre au vétéran de 35 ans que ce nouveau rôle pouvait être bénéfique pour l’équipe, d’une part, mais aussi que l’organisation restait consciente du talent du bonhomme, de son pedigree, et de ce qu’il pouvait apporter sur le terrain.
« Les joueurs se concentrent trop sur qui commence les matches alors qu’en réalité, ce qui est important, c’est de les terminer. On aura aussi besoin de Melo dans ces moments là [le money time]. On aura besoin qu’il soit frais », remarque le GM.Il y a beaucoup de talents dans cette équipe de Portland et il est important de les répartir correctement. Histoire d’obtenir une rotation optimale. Avec du danger constant sur le terrain mais aussi, et c’est une nouveauté, de la défense. Il faut trouver et maintenir cet équilibre. Avec son arsenal offensif, le triple champion Olympique a une vraie carte à jouer en sortie de banc. Damian Lillard et/ou CJ McCollum ne seront probablement pas sur le terrain – au moins l’un des deux sera sur le banc – au moment où Anthony prend son service. Il aura donc des tickets shoots. Plus de tickets shoots. Une certaine liberté en attaque, celle dont il raffole. Une première option bis. Mais en sortie de banc. Et contre des adversaires moins expérimentés ou moins talentueux. Parfois les deux.
« Je pense que ça va vraiment apporter à notre attaque en sortie de banc, il va avoir des bons match-ups favorables », remarque Terry Stotts.Carmelo Anthony a l’avantage sur des joueurs des deuxièmes cinq adverses. Il va pouvoir faire tout ce qu’il aime : tirer de loin en première intention en catch-and-shoot, ce qui reste l’un de ses points forts, et surtout demander la balle dos au panier, de préférence à la droite du cercle. Et là, Melo récite ses gammes : face-up, jab-step, feintes de tirs, fadeaways. Sa panoplie complète à mi-distance. Sa panoplie complète en isolation. Encore une fois, tout ce qu’il aime. Ses séquences de un-contre-un peuvent évidemment ralentir le tempo des Blazers en attaque. Pour Melo, le défi, c’est donc de les jouer vite. Tenter sa chance reste la priorité mais il doit faire la différence de manière assez tranchante. Ou sinon, ressortir la gonfle. Mais avoir une individualité de son niveau reste un luxe pour une formation qui s’appuyait essentiellement sur le talent de Damian Lillard pour gagner des matches. Là, Portland peut maintenir la pression sur la défense adverse même quand son meneur se repose. Il y a des soirs où Carmelo Anthony va se régaler. Comme lors du premier match de présaison qu’il a terminé avec 21 points en 23 minutes, à 8 sur 13 aux tirs. Avec un véritable festival offensif dès son entrée sur le parquet. Il a mystifié un par un les défenseurs des Kings en faisant l’étalage de ses qualités en attaque. Ça, c’est le scénario idéal pour les Blazers. Un Melo qui martyrise ses vis-à-vis et se rapproche des 15-20 points chaque soir. https://www.youtube.com/watch?v=kB_av_KBxkI S’il répète souvent les performances de ce type pendant la saison régulière, il sera en mesure de se mêler à la course pour le trophée de meilleur sixième homme de l’année. Voire d’en être le grand favori. Il livrait ses premières impressions sur son nouveau rôle après la rencontre.
« C’est un sentiment différent, une impression différente. Mais une fois que ça passe, ça reste du basket. Une fois que vous l’acceptez, c’est plus facile à gérer. »Plus facile à gérer… et plus facile à accepter dans un soir de réussite. Parce que dans les bons jours, il pourra sans doute passer plus de temps sur le terrain. Stotts étendra ses minutes. Au passage, jouer moins chaque soir devrait aussi permettre au vétéran de 35 ans de prolonger sa carrière. Mais le vrai défi, Carmelo Anthony devra justement le relever lorsqu’il sera maladroit. Lorsqu’il pèsera moins en attaque. Déjà, il sera essentiel pour lui de comprendre qu’il doit se fouler en défense pour compenser. Mais ça, à ce stade de sa carrière, hormis sur quelques possessions, ça paraît peu probable. Il est fort possible qu’il passe tout simplement nettement moins de temps sur le terrain quand il ne rentre pas ses tirs. Avec Hood, Trent Jr ou Giles qui viennent lui piquer des minutes. Comme lors du deuxième match de présaison. Toujours contre les Kings. Cette fois-ci, il n’a converti que 3 de ses 9 tentatives. Pour presque 10 minutes de moins sur le terrain. 14 au total (7 points) tandis que Trent en passait 34 (17 pts) et Giles 26 (19 pts). Une nouvelle réalité pour Anthony. C’est donc cette incertitude autour de son temps de jeu et de son rôle chaque fois qu’il va devoir gérer. Et ça, il n’y a pas encore été confronté. Il l’accepte en théorie. Mais il va véritablement la découvrir soir après soir. Le plus tôt il embrasse son nouveau statut, le plus tôt il se sentira en paix dans a tête. Et donc plus à même de vraiment briller. Parce que cette équipe des Blazers est dans une position intéressante, même à l’Ouest. Et Carmelo Anthony peut s’éclater. Qu’il oublie un peu son passé, profite de l’opportunité et s’évertue donc à porter la franchise le plus loin possible à sa manière. Même sans être la superstar ou un titulaire.