On s'en doutait un peu, mais Caitlin Clark n'a pas activé sa dernière année d'éligibilité en NCAA. La joueuse non-professionnelle la plus connue de la planète va se présenter à la Draft 2024 en avril et rejoindre la WNBA. L'Indiana Fever a le 1st pick et va, sauf énorme surprise, sélectionner l'artilleuse de l'Iowa, meilleure marqueuse de l'histoire de la NCAAW depuis quelques jours.
Que l'on se comprenne bien : j'adore Caitlin Clark. Elle m'a fait bondir de mon fauteuil un paquet de fois depuis 2020 et je trouve que c'est une représentante merveilleuse de la nouvelle génération de basketteuses qui espère déclencher plus d'attention et d'engagement pour le basket féminin. En plus d'avoir des mains en or, cette fille est intelligente et charismatique. Sa décision de se présenter, plutôt que d'utiliser sa dernière année "Covid" est la bonne. Elle n'a pas une équipe assez talentueuse pour gagner le titre ou même rééditer l'exploit de 2023 avec la défaite en finale contre Louisiana State. Et plus tôt elle arrivera en WNBA, plus la ligue et elle pourront se montrer profitables l'une pour l'autre.
Simplement, il faut le dire : le plus dur commence maintenant.
Le phénomène Caitlin Clark réussit un triple-double historique en NCAA
La WNBA, c'est un autre monde
A la fac, Caitlin Clark avait carte blanche pour exploser les compteurs, face à des adversaires d'un tout autre niveau que ceux qu'elle va croiser tous les soirs en WNBA. Un autre niveau physique. Un autre niveau technique. Un autre niveau psychologique. La WNBA a une densité folle. Il n'y pas de petits matches, ni d'oppositions réellement faibles. On parle de la meilleure ligue du monde, tout simplement.
Cette gloire qui lui est promise, Caitlin Clark va devoir aller la chercher. Rien ne lui sera servi sur un plateau et elle aura quasiment une cible dans le dos en débarquant dans une ligue où d'autres ont des aspirations au moins aussi grandes et n'entendent pas se laisser devancer. Les disparités en termes d'attention médiatique et une forme de jalousie ont déjà causé quelques troubles en WNBA autour d'une joueuse comme Sabrina Ionescu. Clark devra surveiller son flanc.
Je crois en elle, mais à l'image de ce qu'a connu Victor Wembanyama en NBA, il faudra être patient, aussi bien individuellement que collectivement. Ne pas lui demander de tourner à 30 points de moyenne et de faire du Fever un prétendant au titre immédiatement, dans une WNBA où Las Vegas et New York ont des effectifs d'un talent désarmant, et où le reste de la meute rêve de créer la surprise. Il ne faudra pas non plus lui tomber dessus si, dans un premier temps, la transition n'est pas simple et que ses lacunes défensives sont plus criantes qu'en NCAAW. Si elle est habituée à gérer la pression et les attentes depuis quelques années, ce qu'elle va connaître en termes d'attention médiatique et de sollicitations sera sans commune mesure avec ce qu'elle a vécu jusque-là.
Une joueuse unique arrive dans la ligue
Il est tout à fait possible qu'avec le Fever, où se trouve déjà d'autres jeunes talents comme Aliyah Boston, la Rookie of the Year en titre et ex-n°1 de Draft aussi, Caitlin Clark soit prolifique et efficace tout de suite. Pourquoi pas même être All-Star tout de suite, comme Napheesa Collier ou Rhyne Howard dans un passé récent. Son talent offensif sans égal lui permet d'avoir ces aspirations. Il ne faut juste prendre ça pour acquis ou la clouer au pilori si ce n'est pas le cas.
Une chose est sûre : une joueuse très spéciale va débarquer dans le grand bain et, comme celles qui vont la suivre cette année ou dans les années qui viennent, elle a de grandes chances de redessiner le paysage du basket féminin aux Etats-Unis, peut-être même au-delà. Mais en même temps que l'on va pouvoir profiter de son talent et de son rayonnement, soyons mesurés et patients.
Et apprécions déjà ses dernières semaines à la fac où on sait qu'elle fera encore le show comme personne d'autre jusqu'à la March Madness.