Le phénomène Caitlin Clark a pris d'assaut la planète basket, jusqu'aux médias mainstream qui ne s'intéressaient jusque-là guère aux rencontres féminines aux Etats-Unis, encore moins au niveau universitaire. Avec son style de jeu et sa personnalité, la jeune femme a attiré la lumière et on espère que celle-ci va continuer de se diffuser. Malgré sa deuxième défaite de suite en finale du Tournoi NCAAW avec sa fac d'Iowa, samedi contre l'ogre invaincu de South Carolina (87-75), Clark a marqué les esprits et les gens qui ont été séduits par son basket ont tout intérêt à continuer de la suivre. Et maintenant ?
Le plus difficile commence pour elle, mais aussi le plus excitant. Dans quelques jours, Caitlin Clark sera draftée en 1e position de la Draft WNBA, avec une multitude d'attentes autour d'elle et des défis de taille. Rarement une rookie sera arrivée dans la meilleure ligue du monde avec autant de pression. Pour beaucoup, Clark est l'élue. Elle doit faire augmenter les audiences à la télévision, les affluences dans les salles et l'engagement sur les réseaux sociaux. Ah, et pourquoi pas devenir la GOAT aussi, au passage. On le répète, elle a les qualités pour y parvenir, ça ne fait aucun doute. Personne de cet âge n'a shooté de cette manière, avec ce style de jeu divertissant et cette capacité, en plus, à délivrer des passes décisives. En revanche, on le répète, ces attentes et cette pression sont injustes. Ce qu'a dit Diana Taurasi à son sujet avant le Final Four est passé pour de l'amertume de voir débarquer un jeune talent avec autant de médiatisation, là où les pionnières ont dû cravacher. Mais "DT" a totalement raison.
Tu as l'air surhumaine contre des adversaires de 18 ans. Mais tu vas débarquer face à des adultes qui jouent au niveau professionnel depuis longtemps.
"La réalité va arriver. Il y a des niveaux différents dans ce sport et c'est la vie, on est toutes passées par là. On le voit en NBA et on le voit ici aussi. Tu as l'air surhumaine contre des adversaires de 18 ans. Mais tu vas débarquer face à des adultes qui jouent au niveau professionnel depuis longtemps. Je ne dis pas que ce qu'elle fait ne va pas se traduire en WNBA. Quand tu es forte dans ce que tu fais, tu ne vas faire que t'améliorer. Mais il y aura une période de transition où il faudra être indulgente avec toi-même en tant que rookie. Pour certaines personnes, cela prend un peu plus de temps", a-t-elle expliqué sur ESPN.
Quelque part, on ne peut pas en vouloir à Diana Taurasi, Sheryl Swoopes ou aux autres légendes qui ont demandé un peu de nuance et de réserve au sujet de Caitlin Clark. C'est comme lorsque l'on entend dire ici et là que Victor Wembanyama est déjà l'un des meilleurs basketteurs de tous les temps. Il a ce qu'il faut dans les pognes et ses débuts sont individuellement fantastiques. Mais le chemin est encore long avant de pouvoir atteindre le niveau et le palmarès de ceux qui l'ont précédé. Il faut simplement l'accompagner avec bienveillance tout au long du chemin.
Malgré les challenges qui l'attendent du côté d'Indiana, où elle débutera sa carrière professionnelle, il faut aussi envisager la chose de manière positive. Si Caitlin Clark aura une cible dans le dos, elle a les épaules pour détourner les rafales. Elle aura déjà la chance d'arriver dans un roster jeune, mais bien coaché (Christie Sides a fait une très bonne première saison sur le banc du Fever, en développant les jeunes et en apportant une identité de jeu) et surtout plein de talent. En 4 ans avec Iowa, elle n'a jamais joué avec une intérieure du niveau d'Aliyah Boston, n°1 de la Draft précédente et ex-adversaire lorsqu'elle portait le maillot de South Carolina, ou même de NaLyssa Smith, la poste 4 qui entamera sa troisième année à Indianapolis. Autour, tout reste à faire et Caitlin Clark aura les coudées franches pour faire des erreurs et trouver son rythme de croisière. Il n'y a que 12 équipes en WNBA, mais le tanking y est rare et tous les matches sont compétitifs et physiques. Une fois qu'elle se sera habituée aux us et coutumes de la ligue, elle pourra y exprimer pleinement son potentiel. Et Dieu sait qu'il est immense.