Le dernier symbole de l'ère Jacque Vaughn/Kevin Ollie vient de tomber. Avec le départ pour les Knicks de Mikal Bridges, c'est une page qui se tourne du côté des Nets. Une page vierge et une histoire que Brooklyn va maintenant devoir réécrire. Proprement, sans se précipiter, et sans succomber aux premières stars en disgrâce mises sur le marché. Les banlieusards ont tout pour faire peau neuve et bâtir une nouvelle culture par de là l'East River.
A commencer par les choix de draft, véritable trésor de guerre pour tout responsable des opérations basket embarqué dans un projet de reconstruction qui se respecte. Car à l'instar d'OKC ou du Jazz (via l'échange de Rudy Gobert), les Nets disposent, suite au trade de Bridges, d'un paquet de choix de draft sur les années à venir, dont plusieurs au premier tour. Un atout qui devrait permettre à Sean Marks de façonner les nouvelles fondations de la franchise, en misant sur la draft et le développement de ses jeunes pépites. Une approche nouvelle pour un club qui a plusieurs fois succombé aux sirènes du star système pour faire all-in, espérant un succès immédiat.
L'échec du star system
En 2013 tout d'abord, un an après l'arrivée de la franchise dans le quartier de Prospect Heights. Les dirigeants de l'époque, pressés de retrouver le lustre d'antan (les Nets ont atteint par deux fois les finales NBA lorsqu'ils étaient établis dans le New Jersey, en 2002 et 2003), avaient alors craqué pour le duo Kevin Garnett/Paul Pierce quitte à bazarder de nombreux picks parmi lesquels ceux qui auront permis à Boston de sélectionner Jaylen Brown et Philly de retenir Markelle Fultz avec le premier choix de la Draft 2017. Un plan qui se soldait par une déroute en demi-finale de conférence face au Heat (4-1) et une sortie au premier tour l'année suivante.
Puis en 2019, alors que l'équipe semblait enfin promise à un bel avenir. A la faveur du brillant développement des jeunes pousses, au premier rang desquelles D'Angelo Russell, passé de bust à All-Star sous la férule de Kenny Atkinson, Brooklyn renouait même avec les playoffs pour la première fois en 4 ans. Une alchimie et un groupe que Sean Marks faisait voler en éclat au profit de deux stars dans leur prime, Kevin Durant et Kyrie Irving, et d'une diva devenue paria à Houston, James Harden. Pour le résultat qu'on connait malgré une défaite crève coeur en 7 manches en demi-finale de conférence 2021 face aux futurs champions, les Milwaukee Bucks.
La patience est une vertu
Autant d'expériences qui devraient permettre à Brooklyn de mieux gérer son énième process de reconstruction. Qui plus est avec un nouveau coach aux manettes en la personne de Jordi Fernandez, débarqué des Kings en avril dernier. Et le nouveau venu pourrait bien avoir le profil adéquat pour amorcer le renouveau de la franchise. L'espagnol a en effet pour lui une solide expérience dans le développement des joueurs acquise notamment au sein de l'Impact Basketball Academy (affiliée à la Jr NBA) puis aux Cleveland Cavaliers (Kyrie irving, Tristan Thompson, Dion waiters...) qui pourrait faire la différence au moment de miser sur la draft, donc sur la jeunesse, pour retrouver les sommets.
Mais ce n'est pas tout, Jordi Fernandez présente pas moins de 12 années passées sur les bancs de la grande ligue et, surtout, une première campagne réussie en tant que sélectionneur du Canada lors du Mondial 2023 (Bronze). La preuve de la capacité du natif de Badalone à prendre les rennes d'une équipe pour la mener vers le succès. Un succès éclair avec une sélection nord-américaine au roster 5 étoiles, qui devrait mettre davantage de temps à se dessiner sur les rives de l'East River.
Mais l'heure est désormais à la patience du côté de BK, où la stratégie long terme semble assumée et le "process" entre de bonnes mains. Les graines sont plantées, souhaitons maintenant pour les Nets que la récolte soit aussi fructueuse que celle du Thunder.