Boston et ses architectes : comment les Celtics ont monté leur armada

Si les Boston Celtics sont champions NBA 2024, c'est aussi grâce à des choix payants, bien que parfois compliqués, pris dans les hautes sphères et sur la durée.

Boston et ses architectes : comment les Celtics ont monté leur armada

Alors que les Boston Celtics fêtent leur 18e titre de champion NBA, il est bon de se souvenir du précédent et de ce qui a conduit à ce nouveau sacre. Outre les joueurs, premiers acteurs de leur destin, deux hommes sortent du lot en termes de décisions sportives qui ont mené la franchise du Massachusetts vers ce nouveau sacre : Danny Ainge et Brad Stevens.

Le premier a validé le blockbuster trade de Paul Pierce et Kevin Garnett, deux des joueurs majeurs du titre de 2008, vers Brooklyn en 2013. Dans l'opération, il a récupéré un trésor de guerre qui lui a permis de drafter Jaylen Brown puis Jayson Tatum, les deux acteurs majeurs du titre de 2024.

Ainge, qui a cru dans le tandem des JayJay, a ensuite confié le banc de touche à Brad Stevens en le sortant du confort de sa fac de Butler en 2013 en lui demandant de prendre la relève de Doc Rivers. C'est aussi lui qu'il a désigné comme son successeur au poste de boss de la franchise en 2021, lorsqu'il a quitté les lieux après presque 20 ans au sein du front office. Un choix pertinent, qui nécessitait quand même l'adhésion de Stevens. Ce dernier a eu le recul nécessaire pour laisser le siège de head coach, alors qu'il était unanimement considéré comme l'un des esprits les plus brillants de la ligue.

Cette intelligence, il l'a mise au profit de la construction de l'équipe, pour aboutir à cette machine de guerre qui a remporté le titre cette année, après avoir dominé la saison régulière de la tête et des épaules.

Revenons un peu sur la manière dont cette équipe s'est formée et ce qu'il a fallu mettre en oeuvre pour faire venir chacune des pièces essentielles du groupe.

🎙️Les Boston Celtics, grands champions !

Du coach aux cadres, que des recrutements malins

Commençons par le coach, Joe Mazzulla. Il faut se souvenir que lorsque l'affaire Ime Udoka a débouché sur la mise à pied de ce dernier, Brad Stevens avait surpris en nommant le plus jeune membre du coaching staff en intérimaire. Encore plus surprenant, son choix de le conforter après l'échec des playoffs 2023 et la défaite contre le Miami Heat. Stevens a continué de croire en Mazzulla et bien lui en a pris, tant le coach des Celtics s'est épanoui cette saison, jusqu'à outcoacher Jason Kidd en Finales.

Pas besoin de revenir en détails sur le tandem Jaylen Brown-Jayson Tatum, puisqu'on l'a évoqué plus tôt. Mais encore fallait-il drafter correctement avec les picks obtenus. Brown a été récupéré avec le 3e pick en 2016, malgré la méfiance de certains scouts et GM à son sujet. Pour Tatum, les Celtics, qui avaient le 1st pick en 2017, ont trade down laissant Philadelphie sélectionner Markelle Fultz, pour choisir leur actuel ailier All-Star avec le 3e pick là aussi.

Pour faire revenir Al Horford en juin 2021 après son escapade à Philadelphie, les Celtics ont envoyé Kemba Walker, le 16e pick 2021 et un 2e tour 2025. Quand on voit ce qu'est devenu la carrière de Walker depuis, c'est plutôt bien vu, même si le 16e pick cette année-là était l'excellent Alperen Sengun, qui n'aurait peut-être pas eu les mêmes opportunités avec Boston.

En février 2022, l'importantissime Derrick White a débarqué en provenance de San Antonio. La contrepartie : Josh Richardson, Romeo Langford, un 1er tour 2022 (qui deviendra Blake Wesley) et le droit d'échanger un 1er tour en 2028. Un coup de génie au vu du niveau atteint par White aujourd'hui, alors que Team USA lui fait les yeux doux pour un spot au sein de la Dream Team 2024 souhaitée par LeBron.

Lors de la dernière intersaison, Jrue Holiday s'est retrouvé à Portland, dans le cadre du trade de Damian Lillard vers Milwaukee. Brad Stevens a sauté sur l'occasion et transféré Robert Williams III, Malcolm Brogdon et deux futurs 1er tours vers le Blazers. Holiday a été lui aussi fondamental en apportant une défense d'élite, de l'expérience et du playmaking.

Un peu plus tôt, Boston avait acquis Kristaps Porzingis dans un deal à trois avec Memphis et Washington, lâchant l'emblématique Marcus Smart, Danilo Gallinari, Mike Muscala et un 2e tour 2023. S'il s'est blessé pendant les playoffs, le Letton a été déterminant pendant la saison régulière et a joué un rôle important.

A la marge, Sam Hauser n'a pas été drafté en 2021 et les Celtics l'ont récupéré après l'avoir couvé au sein de leur équipe affiliée de G-League, les Maine Celtics. Payton Pritchard, l'homme des buzzer beaters du milieu de terrain, a été sélectionné en fin de 1er tour (26e pick). Luke Kornet, qui a eu son utilité pendant la saison régulière, était libre de tout contrat.

Bref, c'est ce que l'on appelle du bon travail et les Celtics, que ce soit sous le règne de Danny Ainge ou depuis que Brad Stevens a pris le relais, ont montré qu'une direction sportive compétente, capable de croire en des joueurs sur la durée et de prendre des paris risqués de temps à autre, était un ingrédient essentiel dans la conquête d'un titre.

La victoire de Boston est une victoire de projet de construction, de compréhension des besoins et de recrutement (tant sur le terrain qu'en dehors) assez impressionnante.
Cet état d'esprit a animé Boston qui a eu d'excellents résultats et dont les défaites ont permis une compréhension et une dévotion de chacun des acteurs de la franchise.
Quand on voit comment des franchises galèrent depuis des années à enchainer les reconstructions, force est de constater qu'avant de miser sur le talent des parquets, il faut miser sur des hommes à même de s'impliquer dans un projet et de le mener
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