Croyez-le ou non, LeBron James suscite la « peur » dans les rangs de la plupart des armées de la Conférence Est. Parce que le King règne sans partage sur le territoire depuis bientôt dix ans. Tous clament haut et fort l’envie de le renverser du trône. Mais il finit toujours par l’emporter, voire par les balayer. Les échecs répétés, ça marque. Ça atteint un homme et son orgueil. Ça le brûle au plus profond de lui-même. Et, finalement, un cocktail d’admiration et de crainte de son éternel bourreau se forme en lui. Il n’est alors plus vraiment en mesure d’affronter son principal ennemi. Les Indiana Pacers de Paul George ou les Toronto Raptors de DeMar DeRozan en savent quelque chose sur le sujet. Mais pas les Boston Celtics.
PG avait fait une fixette sur son duel avec LBJ au point de faire exploser son équipe. Les Dinos sont ses victimes préférées au point où Kyle Lowry et son camarade All-Star expliquaient carrément leurs défaites par l’absence du numéro 23 dans leur équipe. Encore une fois, les C’s ne connaissent pas tout ça. Ils sont… trop jeunes. Oui, trop jeunes. Cette même caractéristique pourtant présentée comme un défaut à l’approche de playoffs négociés sans Kyrie Irving et Gordon Hayward.
Le groupe de Brad Stevens n’a pas beaucoup d’expérience, voire pas du tout. Il est porté par des Jayson Tatum, à peine 20 ans, des Jaylen Brown, 21, ou des Terry Rozier, 24. Mais c’est justement ce qui fait sa force. Pas d’expérience négative ! Pas de défaite traumatisante contre LeBron James. Encore moins de coup de balais. Douze des quinze membres de l’effectif actuel n’étaient pas aux Boston Celtics quand ces derniers ont été sortis en cinq manches en finales de Conférence l’an dernier. Les jeunes joueurs ne sont même pas concentrés plus que ça sur le prodige d’Akron. Ils le respectent. Et ils veulent évidemment le battre. Sans pour autant le mettre sur un piédestal. Ils le jouent comme ils joueraient n’importe quel adversaire ou presque. Et c’est peut-être la clé pour le sortir à ce stade de sa carrière.
James excelle peut-être mais il ne défend plus aussi bien, ou en tout cas plus autant, que par le passé. Il fut une époque où il se chargeait de détruire directement son adversaire en l’empêchant de marquer. Il a muselé Derrick Rose. Ou fait souffrir Tony Parker. Même George a été bien tenu. Mais il n’impressionne plus en défense (et Marcus Morris n’’est visiblement absolument pas inquiet à l’idée de se coltiner le meilleur joueur du monde de l’autre côté du terrain). Ses vis-à-vis n’hésitent pas (plus) à l’agresser de front. Un peu à l’image de Tatum.
Le rookie est sûr de sa force, tout comme ses coéquipiers. Il n’a pas l’expérience mais il est décontracté. Il ne recule pas. Pas devant LeBron, une idole à qui il demandait encore des autographes quand il était gamin. C’est lui qui a fait la différence cette nuit. L’action où il cavale pour récupérer une balle flottante pour ensuite aller finir avec un James qui évite carrément de contester sa montée au cercle est parlante de cette détermination. De ce refus de se laisser impressionner. Il était d’ailleurs le meilleur joueur sur le terrain dans ce Game 5 décisif. Tatum a terminé avec 24 points, 7 rebonds et 4 passes.
« J’adore les grands matches. Je pense que c’est là où je prends le plus de plaisir, quand il y a beaucoup d’enjeux. Plusieurs gars ont haussé leur niveau de jeu ce soir. Nous sommes à une victoire des finales », lâchait le jeune homme après sa superbe prestation.
Pas d’expérience mais la soif d’apprendre, de vivre de grands moments et donc… d’en acquérir. Mais sans la peur se de planter, ni celle de se faire humilier par LeBron James. Tatum n’est pas un débutant comme les autres. Il ne suffit pas d’être courageux. Sinon Stanley Johnson aurait aussi fait vriller le King. Il faut aussi être doué. Et les Boston Celtics ont plein de talents. Le troisième choix de la draft 2017 est sans doute le plus prometteur d’entre eux.
« Il a du sang-froid. Il fait plus que son âge. Les blessures malheureuses des Celtics lui ont permis de progresser plus vite que prévu. C’est déjà un très, très, très bon joueur. Et à ce rythme, il peut vraiment devenir un grand joueur », témoignait James, séduit.
« Le ciel est sa seule limite », note d’ailleurs Brown, son camarade d’entraînement. En attendant de devenir un All-Star, Jayson Tatum rivalise déjà avec un multiple MVP. Et après cette victoire (96-83), les Boston Celtics sont effectivement à une victoire des finales. La série n’est pas gagnée. Elle n’est donc pas perdue pour Cleveland. S’il y a bien un joueur qui peut se sortir de cette situation délicate, c’est James. Mais même si ça venait à être le cas, ce ne serait que partie remise pour les jeunes (futurs) géants verts. Même s’ils venaient à sortir, ce serait en sept manches. Quoi qu’ils arrivent, ils ne seraient vraiment pas passés loin. Sachant qu’à l’inverse de LeBron, l’avenir leur appartient.
Jayson Tatum, symbole de ces Boston Celtics téméraires
https://twitter.com/NBA/status/999495255002177536